[BG] Chroniques de Kallyope

« Va là où tu veux mais meurs où tu dois »

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Il se tenait là, dressé devant sa claymore, fermement tenue par de puissants bras, son corps athlétique et imposant se tenait prêt, son visage sculptural ornementé de longs cheveux blancs argentés, restait impassible, mais au fond de lui son cœur battait la chamade et une certaine agitation montait en lui.

Maître Jikel lança un regard inquisiteur au Seigneur du Nord. Lorsque celui-ci hocha de la tête, tous comprirent que l’attaque serait imminente. Il pouvait lire sur le visage de ses compagnons d’arme une frayeur grandissante à la vue des colossales créatures. En revanche, lui, ressentait comme une admiration devant cette puissance et cette terrifiante beauté, dont il avait du mal à détaché le regard. Mais il repris ces esprits quand soudainement le Seigneur Azphel attaqua un Seigneur Dragon.

Le Sang … Les Cris … La Peur … La Mort … L’Ether … La Fin .

La tour…il n’en revenait toujours pas, la tour… détruite ! Dans la panique générale, il avait du fuir vers le sud. Son armure souillée par le sang et la poussière avait viré au pourpre. Exténué, il déambulait, non sans anicroches, au milieu des cadavres et des gravas qui jonchaient le sol.

~ ~ Desmond, le nouvel Elyséen ~ ~

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De très très longues années plus tard, il revêtit son armure de nouveau. Cette fois-ci l’adversaire n’était plus le même : il fallait combattre ces créatures maudites par Aion lui-même, les Asmodiens. Desmond et l’unité qu’il commandait furent envoyés dans les méandres des Abysses, avec pour mission de combattre l’ennemi et surtout d’en capturer un.
Non sans pertes, mais avec une habileté remarquable l’objectif fut atteint.

Le captif fut longuement torturé afin de lui sous-tirer des informations sur ses semblables, mais le bougre résistait et n’avoua jamais rien même s’il savait qu’il ne sortirait jamais vivant de cette affaire. Etant jugé inutile l’asmodien ne servait plus à rien, il fallait le tuer.

~ ~ Xeldysar, le captif Asmodien ~ ~

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Desmond avait été désigné pour éliminer l’asmodien, mais il lui réservait un tout autre sort, pire que la mort.

Au sous-sol de sa belle et luxueuse demeure, était aménagé un cabinet un peu particulier. On y retrouvait une cellule qui avait plus les allures d’une grande cage cuivrée, jouxtée par un madrier entaché de sang, un laboratoire avec un grand établi et de multiples étagères où étaient entreposés bocaux et fioles contenant des ingrédients en tout genre. Mais l’espace le plus important, était la bibliothèque où des milliers de manuscrits étaient soigneusement stockés et classés.

Aux yeux de tous, il était un charmant personnage apprécié, dont sa culture et son intelligence éblouissaient sans pour autant jamais montrer aucune prétention. Un soir, lors d’une réception, son charisme naturel envoûta une jeune femme, aussi douce et gentille que candide. Quelques mois plus tard, ils scellèrent leur union par un somptueux mariage.

~ ~ Lysandre, l’Humaine nicodème ~ ~

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Desmond aussi parafait semblait il, dérivait vers une sombre folie. Le Grand Cataclysme fut le catalyseur : c’était aussi de sa faute et cette culpabilité le rongeait férocement. Etonnement il désirait si fort nier se fait, qu’il réussi à se mentir à lui-même et sa culpabilité se transforma en haine envers les asmodiens qu’il tint pour responsables.

Xeldysar après ne nombreuses années passées entre les mains de Desmond avait bien changé, il ne ressemblait plus tout à fait à un asmodien normal, son corps avait été mutilé et transformé. La folie de l’élyséen l’avait conduit à penser que si les asmodiens avait ainsi muté physiquement c’est parce qu’ils avaient été maudits par Aion pour les erreurs et que par conséquent, Aion jugerait peut être un jour qu’il était tant que Desmond paie pour avoir été aux cotés de Jikel et que donc il deviendrai asmodien lui aussi. C’est d’ailleurs pour cela qu’il avait cessé d’être un gladiateur et qu’il s’était reconverti en sorcier : à force de rudes combats la peau de ses mains était devenue plus dure comme de la corne et donc comme les mains des asmodiens pensa t il. Il fallait donc qu’il comprenne comment ils avaient muté et surtout si c’était réversible, au cas où lui aussi un jour devenait ainsi.

Parallèlement, Desmond menait une vie des plus normales et Lysandre mis au monde leur premier enfant, une belle élyséenne.

~ ~ Kallyope, l’Enfant innocent ~ ~

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Kallyope était une charmante enfant dont la ressemblance avec son père était étonnement frappante. Sa mère prenait grand soin de sa fille chérie qui se retrouvait choyée et gâtée au possible.

Un beau jour Desmond vint voir Kallyope, l’air grave, c’était bien la première fois qu’elle le voyait ainsi, il était différent, son visage n’était plus aussi impassible. La jeune fille connaissait l’existence de l’asmodien dont on lui avait peint un bien sombre portrait. Il lui avait été décrit comme un véritable monstre aussi bien au sens propre que figuré, encore plus dangereux et féroce qu’un balaur. Elle ne l’avait jamais qu’entraperçu et ne souhaitait pas vraiment le connaître car à vrai dire, elle en avait peur.
Morte … sa mère était morte, le monstre l’avait tué, une rage indescriptible envahit Kallyope. Son père, pour soulager sa peine lui proposa de le punir. Ils descendirent tous deux au sous sol et après avoir jeté un sortilège de paralysie a Xeldysar il envoya sa fille près de lui afin de lui administrer une potion un peu spéciale. Le monstre s’en retrouva les cordes vocales brûlées, pour un aède c’était bien la pire des choses qui pouvait arriver : plus jamais il ne pourrait chanter, il pourrait tout juste parler mais avec beaucoup de difficultés et de souffrance.

Depuis ce jour là, Desmond transmis à sa fille tout son savoir et celle – ci
trouva sa vocation : spiritualiste. Elle passait beaucoup de temps à étudier, elle aussi voulait comprendre pourquoi les asmodiens étaient ainsi. Un jour, alors qu’elle cherchait un manuscrit relatant l’histoire du Grand Cataclysme, elle tomba sur le journal de bord de son père, intriguée, car il ne semblait pas être le premier écrit, elle fouilla et tomba sur six autres volumes qui semblaient précéder le premier trouvé. Elle s’empara du premier et le lut et elle fit de même avec les six autres. C’est alors qu’elle découvrit la vérité, tout ce que son père avait fait : l’attaque des dragons, sa mère qui avait été tué en fait par accident par l’asmodien, les horribles choses qu’il avait pu faire subir à celui-ci, la folie qui grandissait en lui, mais surtout ce qu’il s’apprêtait a faire.

Les larmes aux yeux pour la première fois de son existence, elle pris une grave décision : il
fallait fuir, elle ne pouvait plus rester aux côtés de se fou, elle ne pouvait être un témoin passif, il fallait fuir. Elle descendit au sous sol afin de prendre quelques potions mais en remontant elle se retrouva nez à nez avec son père qui avait compris ces intentions. Une terrible lueur imprégnait ses yeux et il ne dit quelques mots : afin de mieux comprendre les asmodiens il devait examiner un élyséen de la même manière qu’avec Xeldysar, juste pour mieux comprendre, pour comparer … Et comme il ne pouvait décemment pas accepter que sa fille s’échappe, au risque qu’elle rapporte tout, c’est elle qui serait son sujet d’expérimentation.

Un hurlement ce fit entendre, très surpris par celui-ci Desmond se retourna vers l’asmodien. Profitant de ces quelques secondes d’inattention, elle empoigna l’épée que son paternel portait à la ceinture et la lui planta droit dans le cœur. Dans une marre de sang, son père s’effondra et l’éther s’échappa lentement de son corps. Xeldysar pour la première fois s’adressa à Kallyope et lui signala que si elle voulait vraiment s’en débarrasser il fallait s’y prendre autrement.

C’est ainsi que l’élyséenne et l’asmodien se retrouvèrent côte à côte, dans les abysses, regardant Desmond se faire capturer par une escouade d’asmodiens heureux mais surpris de trouver un élyséen seul et affaiblit.

Devant cette scène, Kallyope n'eut qu'une parole :
« Va là où tu veux mais meurs où tu dois »

~ ~ Kallyope & Xeldysar, les compagnons ennemis ~ ~

Kallyope pris place au bord du lit, éreintée par toutes ces péripéties, elle était soulagée de trouver un peu de répit. Tous ces événements étaient arrivés si rapidement, cette étrange apparition, ces nouvelles connaissances et surtout le terme d’ « Atréide ».

C’était la première fois depuis bien longtemps qu’elle se retrouvait seule pour dormir. Xeldysar et elle avaient toujours pris l’habitude de dormir pas très loin l’un de l’autre. Ainsi, chacun pouvait veiller sur l’autre mais aussi et surtout surveiller l’autre.

Ses plaies avaient disparues mais pas les tâches de sang et de poussière et surtout pas les trous qui avaient transformés sa robe en de vulgaires hayons. Lentement elle délaça le haut de sa robe, arrivée à mi-chemin alors que sa poitrine s’en retrouvait grandement dévoilée, elle sentit sous ses doigts le contact lisse et chaud d’un morceau de papier. De son autre main elle le retira délicatement, d’entre ses plantureuses formes.

Toujours avec délicatesse et précision elle déplia le papier. De fines lettres, d’un beau vert émeraude, emplissaient la feuille… C’était il y a bien longtemps que Kallyope avait écrit ces quelques mots, alors que sa mère était encore en vie, qu’elle venait la bercer avant de s’endormir… la bercer de cette douce chanson…

Elle se souvint de sa mère, Lysandre, de son beau visage, de ses grands yeux verts qui la regardaient tendrement à l’heure du coucher. De sa voix angélique elle entonnait une douce mélopée…celle-ci contait l’histoire d’Atreia, quand il n’y avait qu’un peuple uni vivant en paix. Seul une personne qui avait vécue les atrocités du Grand Cataclysme et de ce qui s’en ai suivit, pouvait décrire avec tant de passion et de ferveur la beauté de ce monde passé…oublié. Kallyope s’était déjà demandé où sa mère avait bien pu apprendre cette histoire mais à vrai dire elle s’en moquait, tout ce qui lui importait c’était d’avoir ce plaisir quotidien dont elle ne se lassait jamais.

Un beau jour alors qu’elle se promenait seule dans les jardins entourant le manoir, Kallyope découvrit une petite trappe en bois, bien cachée sous un rosier. Curieuse comme tout elle ne pu s’empêcher d’ouvrir la trappe et de s’y engouffrer. Suivant le petit tunnel sous-terrain, elle se retrouva dans une toute petite pièce où s’imposait une lourde porte en bois. De toutes ses forces elle tenta de l’ouvrir en vain, rien à faire elle était verrouillée. Elle s’apprêtait à partir quand tout à coup elle perçu une voix lointaine s’élever dans les airs. Elle cola alors son oreille à la porte afin de mieux entendre. A sa grande surprise elle reconnu sa comptine maternelle mais là c’était une voix suave et surtout masculine qui l’entonnait.
Il y avait tant d’émotions dans cette voix comme si toute cette histoire était vécue par son interprète. Bien que Lysandre fût une talentueuse cantatrice, cette version-ci était bien plus belle. Kallyope se sentit pris d’une étrange sensation : son cœur se serra, un frisson la parcourut, ses yeux brillèrent.

Jamais elle n’avait ressenti une telle émotion et à cet instant elle eu l’inexplicable besoin de la partager. Mais avec qui … elle avait bien compris que le prisonnier asmodien était le seul coupable de son émoi et par conséquent elle devait garder cela pour elle. Mais une idée lui vint, ce qui la fit se précipiter dans sa chambre… elle s’installa studieusement devant son joli secrétaire, pris sa plus belle plume, débouchons une fiole d’encre verte et écrivit ces quelques mots :

Allegro d’un ancien monde en paix
Tacet d’un sentiment passé
Rhapsodie affective d’origine ennemie
Euphonie d’une poignante mélodie
Isorytmie de mon cœur
Aphonie terrible qui condamne à d’autres mœurs

Ces quelques mots n’étaient pas spécialement fait pour être jolis ni même bien agencés, ils étaient juste la transcription naïve d’un ressenti.

Ce simple papier voulait dire beaucoup pour Kallyope… Avec lui elle pouvait se rappeler que son cœur n’était pas qu’un simple myocarde… Depuis ce jour où elle avait décidé que son père avait très certainement raison, lui qui disait toujours que penser avec son cœur s’était par conséquent fourvoyer sa raison.

Ressortant de ses souvenirs, Kalyope posa le papier sur le lit et se leva. Elle laissa alors glisser les vestiges de sa robe le long de son corps et se glissa dans ses draps. Ainsi elle s’endormi, sa main droite serrant fermement le requiem de son cœur …

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