La messagère

Enfin, elle y était enfin, devant cette porte. Elle se souvenait de toutes les fois où elle était passée devant la porte de cette auberge, mais sans toutefois pouvoir y entrer car toujours une affaire urgente la rappelait à Sanctum ou ailleurs. Mais pas cette fois, non cette fois elle entrerait, peu importe ce qui se passerait en son absence, elle devait franchir cette porte, elle l'avait promis à Dame Haven. Et puis elle avait une mission.

Elle hésita encore un instant puis, rassemblant son courage, frappa à la porte doucement mais suffisamment pour se faire entendre. Puis, ne connaissant pas trop les usages des Atréides mais se doutant qu'ils ne devaient pas être si différents de ceux des Démons et Merveilles, poussa la porte.

" Bonjour, il y a quelqu'un ? Je m'appelle Erizhal ! Je suis une ambassadrice des Démons et Merveilles. J'ai un message pour les Atréides. "

Sawer regarde la cliente qui entre. Comme il le fait à chaque fois. Quand on tient une auberge, il faut savoir jauger les gens dès leur passage à la porte, histoire d’éviter les problèmes. La jeune femme qui venais d’entrer ne présentait rien d’une personne à problèmes. Bien habillée sans être trop voyante. Un visage fin et plutôt souriant. Sawyer était détendu. Depuis le matin la journée avait été calme. Pas trop de monde, pas de cris, etc. Une journée tranquille comme il les aimait.

La jeune femme s’approcha à peine du comptoir et commença à parler. Elle se présente, c’est étrange dans une auberge, mais c’est une preuve de politesse. Et puis elle parle bien. On sent une certaine éducation.

Ah, je le savais, ce dit l’aubergiste en silence. Une Ambassadrice. C’était donc forcément une femme de haut rang, et tout ce qui vas avec.

Les Démons et Merveilles … Haven et Falkhen lui en avait déjà vaguement parlé. Il s’agissait d’un groupe de personne avec lesquels ils avaient sympathisé semble t’il. Voilà autant de signes de bon augure.

ATREIDES.

Sawyer failli s’étouffer à ce mot. Et ce n’est que grâce à une dextérité étonnante pour un homme de son âge, que la chope qu’il était en train d’essuyer, ne s’était pas retrouvée au sol.

Bon sang, mais cette folle allait tous les faire massacrés !!!

Sawyer se rendit aussi vite qu’il pût auprès de la jeune femme. Aussi vite qu’il pût car, il n’était pas question de se ruer sur elle, et ainsi d’attirer encore plus l’attention des clients qui pourraient se poser des questions. Il fallait la stopper, mais sans faire mine de prendre avec importance ses dires. Aussi, il ne lui fallût que très peu de temps pour être tout proche de la jeune femme. Il se baissa rapidement à son oreille et lui chuchota.

« Prononcez jamais c’mot ici vous entendez ! »

Puis il se redressa aussitôt, mine de rien, et invita d’un geste la jeune femme à aller se mettre au comptoir, qui était vide à cette heure là. Alors il reprit à haute voix pour que cette fois tout le monde entende.

« Une Ambassadrice, mon humble auberge est honorée d’vot présence m’dame ».
« Venez donc prendre un coup à boire au comptoir, c’est moi qu’offre ».

D'un pas pesant, Falkhen descendait les marches de la taverne. Revétu de son armure, il s'escrimait à mettre son épée dans son fourreau. Une nouvelle journée l'attendait dehors. S'il ne recevait pas de requête urgente de Sanctum, il irait probablement s'entrainer dans l'immense désert d'Eltnen...

Il réfléchissait à son programme journalier quand il arriva dans la grande salle. A cette heure matinale, peu de gens fréquentaient la taverne de l'astre. Seuls deux ou trois fermiers étaient là à dévorer un copieux petit déjeuné avant de repartir travailler à leur champs. Quand à Sawyer, il se trouvait à son comptoir, à discuter avec une jeune femme dont l'allure dénotait avec celle des autres clients du tavernier.

-" Tiens, ben voilà Falkhen... Il va pouvoir vous aider " Dit Sawyer à la jeune femme en face de lui.

Falkhen leva les sourcils d'étonemment à l'annonce de son nom, puis sourit enfin quand il reconnut l'ambassadrice en question. Le templier s'inclina en signe de bienvenue.

-"Arieluma, Erizhal ! Quelle bonne surprise ! Que nous vaut l'honneur de ta visite ? "

Quelques gens étaient attablés par-ci par-là et un homme se tenait derrière le comptoir. A peine se fut-elle approchée du comptoir et présentée, que l'aubergiste, à ce qu'elle avait pu en devinait, s'approcha d'elle plutôt rapidement et lui murmura quelque chose. Ne pas prononcer le mot "Atréides" mais pourquoi pas ? Et puis, le ton qu'il avait employé était presque menaçant.

C'est sur la défensive qu'elle accepta l'invitation de s'approcher du dit comptoir prête à parer à toute éventualité ou attaque. Mais son intuition lui disait que cet homme ne lui ferait pas de mal. Elle avait vraiment du mal à le cerner et ne savait pas trop quoi faire.

Quand elle entendit le nom de Falkhen, elle se retourna vers ce dernier et elle fut réellement soulagé de voir un visage amical ici.

"Falkhen ! Quel plaisir de vous revoir enfin ! Comment vous portez-vous ? Je viens vous faire part d'une proposition venant des Démons et Merveilles", dit-elle en baissant la voix et en scrutant la réaction de l'aubergiste, de peur qu'il ne s'en prenne encore à elle pour ses propos.

Kalten revenait d'un pas léger à la taverne, les bras chargés de quelques bûches pour remonter le stock de l'auberge. Arrivant en vue de l'édifice, il vit une jeune femme entrer. Plutôt bien habillée, il se dit que cela changeait des clients habituels. Ce qui pouvait paraitre étrange.
Se concentrant quelques instants, il ressentit une légère tension l'entourant. Rien de grave. Cela lui donnait plutôt l'impression d'une nouvelle situation, d'un changement.

Le rôdeur s'empressa de délaisser sa cargaison pour entrer par la porte des cuisines. Faisant confiance à son instinct, il ne prit pas son arc et se contenta de ses dagues, mais s'avisa tout de même d'en être à porter de main. Il préféra rester à l'écart. Si quelque chose devait mal tourner, et il en doutait, il ne manquerait pas de le savoir : son ami templier était dans la salle.

Un rire cristallin se fit entendre du haut des marches d’escalier, le rire d’une jeune fille, sans trace d’une quelconque malice. Cet éclat de rire fut suivit presque instantanément du bruit de quatre petites pattes griffues déboulant l’escalier, immédiatement suivit du fracas d’une Shairya qui, oubliant totalement les instructions de Kalten, déboulait d’un pas lourd et asservit de la moindre once de discrétion, du haut des marches, poursuivant en riant à gorge déployée, un petit écureuil à carapace des plaines de Verteron.

Elle s’arrêta tout net quand elle aperçu la messagère, en conversation avec Falkhen et Saywer, ce dernier étant étrangement près d’elle d’ailleurs.

Tiraillée entre sa curiosité naturelle, et l’envie de continuer à jouer avec Zali son écureuil, elle resta un court instant bêtement bouche bée devant le trio, n’ayant pas fait attention à Kalten qui arrivait par derrière, encore une lacune de son enseignement, devrait il se dire en maugréant comme à son habitude.

"Falkhen ! Quel plaisir de vous revoir enfin ! Comment vous portez-vous ? Je viens vous faire part d'une proposition venant des Démons et Merveilles"

Le templier sourit. Leur alliance avec les Démons et Merveilles était une idée de Haven à l'origine. Falkhen avait été méfiant au début, comme à son habitude. Pourtant, il avait été forcé de constater qu'il avait fait des rencontres fantastiques, dont la gentille et souriante Erizhal en été un parfait exemple.

Il s'apprettait à dire à la jeune rodeuse combien lui aussi avait plaisir que leur chemin se croise de nouveau quand le rire de Shairya se fit entendre depuis l'escalier. Un rire simple, sincère, dénotant avec l'ambiance morose que la guerre avait enraciné sur Atréia... Le plus magnifique des sons.

Un écureuil déboula dans la salle, suivit de la jeune fille au sourire éclatant. Tandis que Shairya exprimait sa surprise devant le groupe qui se trouvait au comptoir, Sawyer, les mains sur les hanches, se mit à ronchoner

- "Encore cette bestiole ? Mais par où elle passe ? Je te previens Shairya, ta boule de poils ma mordu les pieds ce matin. Si je l'attrappe, j'en fait une fricassée digne de ce nom"

Falkhen, gardait le sourire. Il savait que le tavernier serait incapable de faire du mal à un insecte. Il se retourna vers Erizhal.

- " Je te présente Shairya. Elle fait partie des notres depuis peu. Sawyer s'occupe de lui apprendre les ficelles de son metier. Tu peux parler sans crainte en sa présence, j'ai une entière confiance en elle. "

- " Je sais qu'il manque encore des membres de ma légion, mais je me ferai fort de leur expliquer la situation. Dis moi tout. En quoi consiste cette proposition des Démons et merveilles ?"

Falkhen remarqua alors Kalten, adossé à la porte de la cuisine. Le templier se demanda pourquoi son ami ne s'était pas imposé et présenté. Ce dernier avait il ressentit une chose qui lui avait échapé ? Est ce que la demande d'Erizhal cachait quelque chose de plus important qu'il n'y paraissait ? Quoi qu'il en soit, il allait vite être fixé.

A l'intervention de Saywer, Shairya fit la moue, ne sachant pas si c'était du lard ou du cochon, mais s'enorgueillit immédiatement quand elle entendit qu'on avait confiance en elle.

Elle s'approcha donc du trio, et fit la grimace car elle avait constatée la présence de Kalten en suivant le regard du templier, et s'en voulait de son manque d'observation.

"ho maitre Kalten, bonjour je ne vous avais pas remarqué" dit elle en rougissant légèrement, le saluant de façon martiale.

Elle salua également la messagère poliement, et resta à écouter sa curiosité avait prit le dessus sur son envie de jouer, il s'agissait là d'une affaire sérieuse, il était question de démons et de merveilles. Il ne fallait pas louper ça.

Erizhal regarda en direction des escaliers en entendant un rire enfantin, innocent même et presque rassurant. Erizhal esquissa même un sourire en voyant le petit animal qui accompagnait la jeune fille que l'ambassadrice n'avait pas encore eu l'occasion de rencontrer.

Quand elle entendit le nom de Kalten, elle suivit le regard de la jeune fille, Shairya comme l'avait dit Falkhen, et vit le dit Kalten adossé à la porte de la cuisine. Elle se demandait pourquoi il ne s'approchait pas plus mais bon il devait avoir ses raisons, peut-être de la timidité ou de la méfiance.

"Voilà, Falkhen, je suis navrée de ne pas encore avoir vu Haven puisque c'est elle qui m'a invitée à venir mais soit. Je sais que tu transmettras mon message. Je voulais vous proposer une nouvelle rencontre, pour discuter ou autre." Puis, elle baissa la voix jusqu'à n'être entendu que de Falkhen : "Dites-moi pourquoi je n'ai pas le droit de prononcer le nom de votre groupe ?" Elle glissa un regard discret vers l'aubergiste et guetta une éventuelle réaction.

"Je suis vraiment contente d'être enfin là, dans votre auberge, vu le nombre de fois où je n'ai pas eu le temps de venir malgré mon envie", dit-elle en souriant et en parcourant l'auberge du regard.

Falkhen haussa les sourcils à la mention de l'interdiction de prononcer le nom des atréides dans l'auberge. Il se retourna vers le tavernier qui avait un regard à la fois dur et suppliant pour Falkhen. Forcement, cela ne pouvait venir que de lui.

- "Il y a longtemps..."

Sawyer coupa Falkhen avec un bruit étrange, entre le râle et l'étouffement.

- "Tu ne veux pas m'épargner ça hein ?" Demanda-il le plus bas possible.

le templier lui sourit.

- " Non. Il est nécessaire que tu comprennes que notre groupe, ainsi que son nom, est tout ce qu'il y a de plus officiel."

le tavernier se passa la main sur le visage doucement, bougonnant. Falkhen ne faisait même pas mine de chuchoter.

- "Il y a longtemps donc, alors que Sawyer n'était encore qu'un enfant et que cette taverne appartenait alors à son père, un Daeva est passé ici. Il était vieux, et certain disait de lui que subir l'assention à cet age avancé l'avait rendu fou. Quand certains parlaient d'élyséens ou d'asmodiens, il coupait leur conversation en criant qu'il n'y avait pas lieu de parler ni des uns, ni des autres. Il s'appelait Will, et il était né sur Atreia. On devait donc le nommer Will l'Atréide."

Le silence se faisait dans la salle. Tous le monde était pendu aux lèvres de Falkhen, hormis Sawyer, visiblement dépité par la situation.

- "Il était pour la paix sur Atréia, et surtout pour l'entente entre les asmodiens et les élyséens. Bien entendu, son idéal était loin d'être partagé par tout le monde et, un matin, on l'a retrouvé assassiné dans une des chambres de cette taverne."

Sawyer soupira longuement. Puis il se remit à bougonner tout en lustrant son comptoir énergiquement.

- "Je suis trop vieux pour ces betises... Si je ne peux pas me reposer dans les champs d'ethernité aprés ma mort, je ferai un procés à tout les seigneurs Séraphims, les Seigneurs Shédims et Aion lui même..."

Falkhen poursuivit pour Erizhal, et Shairya qui semblait toute aussi interessée.

- "Quand Sawyer nous a raconté cette histoire, un soir de tempête où il avait eu la main lourde sur le vin d'umblia, nous avons pensé, kalten, Haven et moi, que ce fameux Will n'était pas si dingue qu'il n'y paraissait. Son idéal de paix était le nôtre. Une terre où tous les atréiens vivraient ensemble... Nous nous sommes nommé les Atréides. et depuis, Sawyer s'en veut de nous avoir conté cette histoire. Il pense que nous finirons un jour où l'autre comme le vieux Will."

Falkhen eclata de rire, les deux mains sur les hanches.

- "Si j'en trouve un qui tente de me faire subir le même sort que ce vieux Daeva, je l'emmène dans les abysses et le lache dans le vide. Et s'il survit à la chute, je me serai arrangé pour qu'il soit tombé du côté Asmodien, afin qu'il leur explique pourquoi il n'est pas d'accord avec moi..."

Adossé à la porte de la cuisine, Kalten souriait en silence. Sawyer, lui, levait les yeux au ciel.

Toujours avec le sourire, Kalten se retira quelques secondes et revint dans la salle, cette fois armé de son arc. Il s'approcha du duo et se tourna vers le public.

_ Bien entendu, je serais heureux de discuter des éventuels dénégations de certains. Je serai votre homme, où et quand vous voulez.

La posture détendu et le sourire carnassier du rôdeur permirent à la salle de retrouver son brouhaha habituel.

Kalten se tourna donc vers Erizhal.

_ Bienvenue ma Dame. Je m'excuse d'être resté en retrait. Une vieille habitude de mieux appréhender les agissements.

"Hum, je comprends mieux maintenant la réaction de votre aubergiste, Sawyer c'est bien ça ? dit-elle en tournant la tête vers l'intéressé. Je pensais avoir commis une faute grave ou alors que votre aubergiste était fou et je regrettais un peu d'avoir franchi cette porte. Mais je comprends mieux maintenant. Je vois que Sawyer ne me voulait pas du mal mais qu'il essayait de vous protéger. Et je comprends aussi d'où vient ce nom. Je salue votre courage d'oser affirmer vos opinions jusqu'au bout. Si un jour, il s'avérait que quelqu'un vous veuille du mal pour cela, alors mes armes seront votre ainsi que celles de mes amis, sans nul doute !"

Tout en disant cela, elle parcourut la salle des yeux une nouvelle fois, avec cette fois-ci une lueur de détermination et de défi dans le regard.

"Quant à vous Maitre Kalten, vous êtes tout excusé, je comprends une telle attitude. Il vaut mieux toujours rester sur ses gardes, c'est la meilleure défense. L'observation nous permet de parer à toutes éventualités ou presque."

Et elle adressa au rôdeur un large sourire

Bien entendu elle ne comprenait rien à ce qui se passait ici, encore moins les implications de tout ce qui avait été dit, mais elle trouvait cela très interressant et n'en ratait pas une miette.

Restée bouche bée un moment, admirative des postures différentes qu'elle avait pu observer, elle se ressaisit et se tourna vers Erizhal en lui adressant la parole sur un ton joyeux, son sourire juvénil sur les lèvres.

"Damoiselle, voudriez vous boire ou manger quelque chose ?..." ralentissant sur la fin de sa phrase elle tourna le regard vers un Saywer dépité, qui hocha la tête en haussant les épaules.

Tournant les talons en direction de sa cuisine, jetant négligement son torchon sur l'épaule, il repartait à sa tache en bougonnant.

"...c'est la maison qui offre" finit elle par dire en souriant encore plus, parlant légèrement plus fort.

Elle regarda Kalten et Falkhen en faisant un clin d'oeil et en se frottant le dos du crane, tirant légèrement la langue

"j'adore dire ça !!"

Elle eclata de son rire joyeux, n'ayant pas encore bien comprit ce que cette phrase voulait vraiment dire.

Le porte s’ouvre et se referme aussitôt. Laissant passer une femme chargée de provisions. La Clerc venait à peine d’entrer dans la salle qu’elle ressenti un malaise. Elle n’aurait pas sût dire quoi mais … il se passait quelque chose.

En se dirigeant vers le comptoir, elle aperçu Erizhal, son amie Ambassadrice des Démons et Merveilles. Aussitôt elle lui adressa un large sourire sincère, tout en s’approchant du petit groupe.

« Bonjour Erizhal, vous allez bien ? C’est un grand plaisir de recevoir votre visite ».

Tout en parlant, elle pose les victuailles sur le comptoir. Et sans attendre la réponse, intriguée par ce dont elle venait de se rendre compte, elle ne pût retenir la question qui sorti si naturellement.

« Il c’est passé quelque chose ici ? Tout le monde semble si calme … » Ajouta t'elle en regardant les clients dans la salle.

_ Rien de grave Haven, répondit le rôdeur avec un sourire narquois. Notre ami templier vient juste d'annoncer à la face du monde que nous voulions nous réconcilier avec les Asmodéens. Je viens juste de répondre que j'étais prêt à tuer n'importe qui voulant le contredire et Erizhal vient juste de nous soutenir publiquement.

Kalten riait presque.

_ Une bonne journée en somme.

Levant son petit poing en l'air, Shairya grisée par l'energie ambiante s'écria

"oui moi aussi je suis pour la réconciliation avec les zazmodiens !!"

Elle avait enfin comprit de quoi il était question, elle avait déjà entendu une histoire similaire et s'en voulait de ne pas avoir fait le rapprochement.

Tout était clair maintenant, les Atreides étaient cousins des Elyseens, qui étaient fachés avec les Zazmodiens pour une raison maintenant oubliée, mais qui laissait des traces dans les coeurs d'aujourd'hui.

"Il est temps que cela cesse n'est ce pas, les coeurs ont suffisemment saignés ! Laissons donc place à l'amour"

Elle sourit, fière d'elle.

Elle resta bouche bée. Interdite et immobile durant de longues secondes. Voilà bien une nouvelle plutôt surprenante, et la pauvre Clerc qui s’attendait surement à tout sauf à ça, en resta bête, ne sachant que dire. Ainsi donc, le secret n’en était plus un. Nul doute que dans les 2 semaines, tout Poeta serait au courant de la nouvelle. Voir même plus.

Haven n’arrivait pas à se décider pour savoir si elle trouvait cela bien, ou pas. En tout cas Kalten, Falkhen et Shairya semblaient rayonnants de joie à cette nouvelle. Il était possible après tout que le secret n’ait que trop duré. Qui pouvait savoir, et surtout pas elle, pauvre paysanne.

« Et bien … c’est un peu … brutal, comme nouvelle … »
« J’imagine que tout le monde n’a pas aimé » cherchant Sawyer du regard.

Difficile d’accuser le coup sans en avoir l’air. Haven s’interdisait sur le moment de tourner les yeux vers la salle, trop effrayée de ce qu’elle pourrait y voir. Sentant même les regards pesant sur sa nuque. Elle tenta de se détendre.

« Comme le dis Shairya, laissons donc la place à l’amour »

Si elle comprenait parfaitement la joie et l’enthousiasme de la jeune femme, insouciante, elle ne l’était pas du tout, et elle savait bien que désormais, elle devrait se méfier plus qu’avant des habitants de la région. Elle sourit malgré tout, décidée à suivre le vent, et ses compagnons.

« Alors ma chère Erizhal ? Que nous vaux l’honneur de votre visite ? »

Fini t’elle avec un immense sourire.

Erizhal avait remarqué la réaction de surprise d'Haven et quelque chose d'autre qu'elle ne sut décrire, peut-être juste le fait que ça faisait beaucoup d'informations d'un coup.

La réaction de la jeune fille Shairya la faisait sourire même si elle se doutait que cette charmante demoiselle n'avait pas compris tout ce que cette déclaration pouvait avoir comme conséquences.


"Haven, je suis vraiment ravie de vous revoir, dit-elle avec un grand sourire. Voilà, je me suis dit qu'une petite rencontre avec les Démons et Merveilles vous tenterait, soit pour parler - qui sait autour d'un petit pique-nique - si mes amis cuisiniers sont d'accord, soit pour aller combattre les brutes qui nous harcèlent, ces maudits balaurs. Alors qu'en dites-vous ?"

« J’en dis que l’idée du repas autour du feu me semble excellente ».
« Je suis sûre que Sawyer voudra bien nous préparer quelques mets dont il a le secret et que nous ferons cuire au feu de betua ».

La Clerc avait repris quelques couleurs. Les inquiétudes seraient pour plus tard, et à l’idée de cette virée en Poéta, un sourire aussi sincère que resplendissant illumina son visage.

« Vous êtes notre petit Astre aujourd’hui Erizhal ».
« Alors qu’en pensez vous tous ? »

Son regard faisait le tour de l’assemblée, elle semblait presque … excitée. Sans doute avait-elle tellement besoin de se changer les idées que … son air et son agitation sur le moment n’avaient rien à envier à ce qu’aurait pu faire Shairya.

Shairya tout excitée sans savoir vraiment pourquoi était partie dans son monde imaginaire, laissant son esprit vagabonder dans un monde aux couleurs vives, dans un monde où les cloches étaient clochettes, où les pas étaient petits bonds, où le vent n’était que brise. Elle imaginait un pique-nique, en mélangeant ce qu’elle attendait d’un tel moment, ce qu’elle avait déjà vue à Poéta et ce qu’elle en savait de part la strict définition du mot, n’ayant jamais à proprement parlé fait un « pique-nique entre amis ».

Elle voyait ainsi, ses amis, tous habillés dans des robes et tuniques de ruko, de sobi ou de linon, jupettes colorées, pantalons confortables, petits souliers. Assis, debout ou couchés, les femmes et les hommes formaient un champ de fleurs dans cette clairière ensoleillée, où venait gambader des petits animaux peu farouches, de cette belle foret aux doux reflets verts.

Ici et là de grands mammifères volaient, là un grand ours, ici un gros lapin et plus loin deux fines abbex faisaient la course, volant par-dessus les barrières ; les nuages, d’un blanc immaculé, prenaient la forme que l’imagination de l’observateur voulait bien leur donner.

Adossé à un arbre gigantesque, Kalten étudiait la scène, en retrait mais le visage souriant, une part de tarte aux myrtilles à la main. Plus loin Falkhen riant aux éclats servait du cocktail d’umblia aux convives qui n’arrêtaient pas d’affluer, la chaleur donnait terriblement soif. Haven quant à elle, portait comme à son habitude un trop lourd panier tressé en bois de koa, remplit de méon juteux et de wiki pétillants, elle fut très vite rejointe par un Sawyer débordé par tant de personnes à nourrir mais qui ne pouvait laisser son amie dans un tel embarras. Il la gronda gentiment avant de l’aider à porter les fruits au centre d’une couverture géante, à gros carreaux rouges et blancs. La belle Caellys quant à elle, resplendissante dans une robe mauve et or, finissait à peine de décorer les arbres qui bordaient la clairière de guirlandes de fleurs aux essences délicates et aux couleurs pétillantes.

Shairya y voyait aussi ses proches amies ethernelles, vivantes et souriantes, Zaliriel entamant un pas de danse sur une musique entrainante avec Shamarelle, Shaolyne ouvrait ses yeux tout rond devant un plat magnifique de Pujery au sel rôtis et bien sur les jumelles Ishaira et Ishanaelle se plaignant de l’inconfort de l’herbe ou de l’odeur des Zeyla bouillit qui les incommodaient, invoquant un nuage pour s’y reposer.

Mais une phrase formulée par la messagère des Démons et Merveilles vint casser se rêve éveillé, le mot Balaurs ayant été prononcé, Shairya redescendit sur terre à une vitesse dramatique, accusant le choc émotionnel en blêmissant légèrement.

" Je pense que le pique-nique est une excellente idée. Je vais aller en parler de ce pas aux Démons et Merveilles si tout le monde ici est d'accord. Il faudra que nous trouvions un jour où tout le monde peut venir et aussi un endroit magnifique pour s'installer. Alors vous êtes d'accord ? " demanda-t-elle avec un sourire ravi.

Elle regarda autour d'elle pour vous recevoir le consentement ou le refus des Atréides. Et en se retourna vers Shairya, elle s'aperçut que celle-ci avait perdu la joie qui l'inondait l'instant d'avant.

"Shairya, vous allez bien ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?"

Remarquant aussi l'état émotionnel de la jeune fille, Kalten se plaça juste derrière celle-ci pour la retenir si elle devait s'évanouir.

_ Shairya est passée par des épreuves assez douloureuses et elle ne s'en est pas encore remise. Certains sujets, et certains mots, l'affectent encore beaucoup. Je pense qu'un pique nique lui fera le plus grand bien, lâcha le rôdeur.

Shairya plongea son regard emeraude dans celui de Kalten, plein de reconnaissance, elle lui sourit, reprenant un peu de couleurs, malgrés tout.

En prenant une bouffée d'air, elle s'en voulait d'avoir montré son désarroi elle répondit à la messagère, en fronçant son petit nez retroussé.

"vous ne pouviez pas savoir Madame, mais ...." elle hésita un instant, se retournant une fois encore vers son protecteur du moment, pour puiser un peu de son courage et reprit "mais..les balaurs sont l'origine de l'extermination de mon peuple et de ma fuite"

Ne voulant pas ternir cet esprit de fête et de rencontre elle ajouta en faisant un clin d'oeil à Haven

"mais finalement grace à eux j'ai rencontré tous mes amis, qui sont ma famille maintenant"

L'explication du changement d'état de la jeune Shairya avait bouleversé la jeune rôdeuse qui se sentit aussitôt coupable d'avoir prononcé de telles paroles. Pour elle, aller frapper sur les envahisseurs balaurs était non pas naturel loin de là mais vital et il fallait se battre tous les jours pour les repousser. Jamais elle n'aurait pensé faire ressurgir des souvenirs douloureux dans le cœur de la jeune fille mais il est vrai que tout le monde et - elle en était sûre - tous les Atréides ici présents avaient perdu un être cher - si ce n'est plus - dans cette maudite guerre qui faisait rage depuis si longtemps.


"Toutes mes excuses, Shairya, je ne voulais pas vous rappeler de mauvais souvenirs. Veuillez pardonner mon attitude et mes propos maladroits. Je suis vraiment navrée pour votre peuple et mon cœur pleure avec vous", dit-elle tristement


"Mais par contre, ne m'appelez pas Madame, je ne suis pas si différente de vous, Erizhal suffira" Et elle accompagna sa dernière phrase d'un grand sourire

« Madame » …. « Madame » ….
Le mot résonnait étrangement dans sa tête. Eryzhal n’était pourtant pas beaucoup plus âgée que Shairya, mais elle n’était pas décalée par rapport aux événements. Et il était vrai que son air serein et posée, lui donnait un air de sagesse indubitable. Sans compter son statut d’Emissaire bien sur, qui lui conférait un atout supplémentaire pour relativiser sont très jeune âge.
(Dailleurs avec un avatar ca serait pas mal ;p).

Non, ce qui venait de se révéler à la Clerc était tellement anodin et futile qu’elle se fendit d’un énorme sourire sincère à l’attention de l’émissaire.

« En effet, je crois que tout le monde est d’accord pour le pique-nique, se sera une excellente idée, et je crois même que Caellys c’est proposée pour s’atteler à cette tache … »

Puis elle tourna son regard vers celui ému, de Shairya, et ajouta.

« Madame, … un simple Madame ? Je suis étonnée Shairya » En lui faisant un énorme sourire taquin et bourré d’affection.