Rien qu'un moment de paix

La nuit commençait à tomber, et déjà les rayons de soleil arrêtaient de faire scintiller l'eau, la rendant presque pâle, plate et sans aucun intérêt.

Elle était restée là toute la journée, à observer le jeu des couleurs, des reflets, et à profiter de la bise locale. Un petit coin de paradis dans ce monde tourmenté par les cris et la guerre. Au loin, elle le savait, Elyseens et Asmodiens s'affrontaient encore. Si elle ne pouvait s'empêcher de garder espoir, elle n'en restait pas moins convaincue qu'il faudrait encore très longtemps avant que le sang ne s'arrête de couler.

Elle soupira, se sentant soudainement abattue.
Elle avait longtemps suivi les ordres, défendant ses confrères et repoussant les vagues ennemies. Et puis elle avait changé, évolué. Si elle était de mauvaise foi, elle dirait qu'on l'avait forcé à le faire, qu'elle n'en n'avait pas eu le choix. Pourtant, quand elle regardait en arrière, elle ne pouvait s'empêcher de reconnaitre que malgré ses réticences elle avait accueilli cette nouvelle vie avec espoir et un œil nouveau. Bien cachée sous sa carapace, sa personnalité s'était révélée peu à peu, fissurant de part en part ses idées préconçues de soldat et endormant ses capacités au combat.

Un matin, elle s'était réveillée avec une envie de travailler à l'atelier de couture et d'aller manger une glace. Oui, sa vie avait définitivement changée, et pour le mieux sans doute.
Un tournant avait été pris à un moment donné, elle était devenue plus ouverte, moins combattive. Et elle ne le regrettait aucunement.

Le vent joua un instant dans ses cheveux, amenant avec elle une douce mélodie lointaine mais pleine de mélancolie. Elle s'autorisa à se détendre totalement, peu importe si l'endroit n'était pas sûr, que n'importe quel ennemi pouvait venir et l'anéantir, l'important était cette musique et les émotions qu'elle transportaient. Elle s'allongea, ferma les yeux. L'eau s'agita de quelques remouds et maigres vagues, provoqués par son changement de position. L'air était plus frais maintenant que le soleil ne la réchauffait plus, mais la terre conservait sa chaleur et l'eau autour de ses chevilles lui prodiguait un calme auquel elle ne résistait pas.
Ce soir, elle voulait juste se laisser vivre et ressentir.

Elle avait finalement repris les armes, dans un besoin d'évacuer un trop plein de colère, d'incompréhension et de sentiment de trahison. Elle avait cru sur son soutien, peu importe les évènements, et elle l'avait eu, elle l'avait sans doute toujours, mais plus de la même manière. Elle s'était maudit pour cela, et travailler le bois n'arrivait plus à la détendre. Alors elle avait façonné un nouvel arc, plus beau que le précédent, et elle était partie chasser. Elle avait alors découvert que d'une certaine façon ça lui avait manqué, l'excitation du combat, l'adrénaline qui courait dans ses veines alors qu'elle s'apprêtait à attaquer un ennemi ou à défendre sa vie. Oui, ça lui avait manqué, alors elle avait continué, conciliant sans grand soucis les deux parties de sa vie.

Ça l'avait fatigué, aussi bien physiquement que moralement, et une pause avait été nécessaire. Alors elle était venue à cette source, baignée de lumières chatoyantes et de vie pour se ressourcer pleinement. Personne n'était venu la déranger encore, si ce n'était la faune locale, non hostile. Cependant, si elle était réaliste, elle savait que ça ne durerait pas éternellement...

Ce fut un bruit de combat apparemment proche qui la réveilla, alors qu'elle n'avait même pas eu conscience de s'être endormie. Au dessus d'elle, les étoiles brillaient de mille feux tandis que la haute tour flamboyait de lumière. C'était beau, reposant, et elle se serait volontiers laisser aller de nouveau au sommeil si ces bruits de lames ne l'inquiétaient pas.

Elle soupira, définitivement peu motivée pour se lever mais se fit violence pour au moins s'asseoir. Dans l'eau, l'énorme planète se reflétait, grosse boule brillante sur la surface agitée. Elle retira ses pieds de l'onde glacée notant mentalement qu'elle avait une chance de gagner un bon rhume vu les chaleurs actuelles et se leva dans un équilibre incertain. Pourquoi fallait-il qu'elle aille voir hein ? Ne pouvait-elle pas simplement rester là, roulée en boule et ne penser à rien ? Mais elle savait que non et qu'elle devait au moins s'assurer que personne n'était en danger plus que de raison.

Quelques pas plus tard et elle avait vue sur ce qu'il se passait en contrebas. Nul doute possible, deux personnes se battaient, de là à savoir si c'était amical ou non maintenant, il y avait un monde. "cling, cling, cling" qu'elle entendait, mais pas de cris, pas de hurlements, pas de demande d'aide, rien... Elle supposa que c'était amical et descendit de son perchoir.

Toutefois, par acquis de conscience, elle enfila son armure de cuir par dessus sa tunique de Sobi, récupéra ses dagues, son arc et ses flèches et s'élança dans le vide dans le coin le plus sombre possible. La sensation de l'air dans ses ailes la réveilla cette fois-ci totalement, et elle profita de cet instant grisant de vol. Elle avait beau passer beaucoup de temps dans les airs, à récolter ou juste pour le plaisir, elle ne se lassait jamais de ce qu'elle ressentait à chaque fois.

Elle atterrit en douceur, tout contre une falaise et s'approcha prudemment de la zone de combat, mettant en avant ses capacités à se déplacer furtivement pour ne pas se faire repérer.
"cling, cling, cling" ! Le bruit était fort cette fois-ci, un coup d'œil et elle aurait une meilleure vue sur les combattants.

La furtivité des rodeuses ne dure qu'un temps malheureusement et Leiji s'étant approchée prudement avait évidemment prit son temps, et son zele de prudence la dessert aujourd'hui, comme le prouve alors le contact froid du métal sur son coup. La pointe effilée d'une dague venait alors de se poser, une main presque aussi froide la suivant de pret, sur son épaule.

Le souffle tiede d'une respiration calme, faisait jouer les quelques mèches de cheveux qui s'échappaient de son casque et une voix suave en un Elyseen parfait, quoiqu'emprunt d'un accent connu lui chuchota à l'oreille

"un mouvement, et c'est la mort assurée jeune enfant de l'astre. Ce combat est un duel, mort au faible, gloire au vivant"

Elle avait été concentrée et prudente, elle en était sûre, alors comment ? Qui ? Elle s'arrêta vivement, n'osant plus faire le moindre mouvement. Même son souffle semblait bloqué dans sa poitrine et elle eu l'impression que son corps entier devenait de glace.
La dague posée adroitement contre son cou la fit frissonner violemment, mais elle s'efforça de ne pas bouger. Une seule pression et c'en était fini d'elle.

Essayant d'ignorer la sensation de plomb dans tout son corps, elle analysa la situation le mieux qu'elle pouvait. Elle était sûre de ne pas avoir fait de bruit et d'avoir été discrète. Elle était sûre de n'avoir aperçu personne non plus, alors peut-être que cette personne maitrisait également certaines techniques ? Vu sa position actuelle et l'arme qu'elle devinait la menacer, elle penchait pour une arme blanche, de petite taille et vraisemblablement coupant. La voix... inconnue, mais un quelque chose de familier toutefois dans la façon de parler. Quant aux paroles... hé bien ce n'était pas tous les jours qu'elle entendait quelqu'un l'appeler "enfant de l'astre". Peut-être une Asmodienne ? Bien que dans ce cas son Elyseen était vraiment excellent... Ou une Elyseenne après tout, il était rare que les Asmodiens qu'elle croise ne la tue pas sur le champ, et son peuple n'était pas totalement blanc...

Bien, si elle résumait la situation, elle pouvait dire qu'elle était dans de beaux draps...

Elle déglutit nerveusement. Se retourner et confronter la personne derrière elle la démangeait, ne serait-ce que pour avoir une idée de qui était en train de la menacer. Elle s'exhorta pourtant au calme, il était inutile de se précipiter tête baissée vers la mort.
" Qui ? " Le mot glissa entre ses lèvres sans qu'elle ne puisse le retenir. Après tout, c'était dans cette optique qu'elle était descendu de son havre de paix... " Pourquoi... " fut son second mot, à peine plus fort qu'un souffle de vent. Si elle devait mourir maintenant, elle espérait au moins en connaitre la cause.
Mentalement, elle adressa des excuses à ses amis ainsi qu'une courte prière.

"Si j'avais voulu te tuer, tu serais déjà morte, ne crains rien, je ne tue jamais sans raison"

Lyrianna ne lachait pourtant pas l'etreinte qu'elle avait sur Leiji.

"Qui ? mon nom ne te servirai à rien, Pourquoi ? pour la perfection. Ce combat devant toi n'est qu'un exercice."

La tueuse de glace avait emportée son elève à travers une faille afin de la tester, la dernière fois qu'elle avait fait cela, l'elève était morte à peine la faille franchie, celle ci avait l'air plus féroce, aussi avait elle choisit d'arreter la rodeuse qui les avait surprit, afin de voir où le combat engagé pourrait la mener.

Bien sur, elle n'avait pas vu Leiji de suite, qui avait été très prudente, mais la malheureuse s'était posée juste là où elle même avait choisit de se poster pour observer.

Finalement, la rodeuse elyssenne avait bien choisit son lieu d'observation, certainement le meilleur, puisque c'est celui qu'elle avait elle même adopté, se dit elle.

Soupirer dans la situation présente n'était sans doute pas la meilleure chose à faire, aussi elle se retint. Elle avait été chanceuse d'avoir eu une réponse, mais ce n'était pas vraiment ce qu'elle demandait. Soit, elle n'allait pas pousser sa chance plus loin et répéter sa question, elle n'était pas aussi suicidaire. La question à poser était maintenant celle-ci : " Et maintenant ? "

Il était évident que la situation telle quelle pouvait s'éterniser, et rester angoissée ainsi à la merci d'une dague n'était pas vraiment sa position préférée, elle aurait vite des crampes. D'un autre côté, elle ne comptait pas vraiment que la personne l'autorise à s'en aller ainsi. Alors quoi ?
Oui, soupirer était vraiment très tentant.

Du coin de l'œil, elle arrivait à voir ce qu'elle était descendue voir. Ça semblait effectivement être un combat à un contre un, mais dans l'obscurité, difficile de voir qui se battait. Le point qui la chagrinait était le fait qu'apparemment cela était un combat à mort et la rôdeuse pria Aion qu'aucun des deux combattants ne soit un simple humain.
Allait-elle devoir rester jusqu'à la fin ? Serait-ce son tour après ? A cette pensée, une boule se forma dans sa gorge et elle se sentit de nouveau frissonner. Elle avait été entrainée à tirer des flèches elle, et encore, son entrainement semblait bien loin à présent, alors si elle devait se battre en duel, elle ne ferait pas long feu. D'un autre côté, entre mourir au combat ou mourir la gorge tranchée, le choix n'était pas bien dur... Elle espérait cependant ne pas avoir à choisir.

"cling, cling, cling", le bruit lui résonnait dans la tête. Elle avait l'impression de n'entendre plus que cela... ça, et le souffle contre son oreille. Nouveau frisson incontrôlé. Il fallait qu'elle parte, prévienne quelqu'un... ou qu'elle arrive à tourner la situation à son avantage. Ca semblait pourtant quasi impossible à l'heure actuelle. Elle n'avait d'ailleurs aucunement pensé à bouger : pas de mouvement vers ses propres dagues, pas plus que vers son petit sac contenant quelques parchemins vers différentes citadelles. Mais même si elle pouvait partir, le ferait-elle ? Laisserait-elle vraiment quelqu'un mourir ici sans même avoir essayé de lui venir en aide ?

Lyrianna que l'obscurité ne gênait pas, observait sa proie tout en regardant du coin de l'œil le combat de son élève, qui semblait se débrouiller convenablement.

Une odeur de terre, de cette riche terre spécifique à Elyséa, cette femme devait sans doute passer beaucoup de temps à récupérer les essences des plantes et des diverses richesses de ce monde, si Lyrianna n'avait pas vu ses ailes blanches elle n'aurait jamais pu imaginer que cette artisan était une deava, élu d'Aion. Ses cheveux sentent bons, son armure est de bonne facture et son arc est remarquable, cette rodeuse aurait pu être un adversaire convenable si ses accessoires n'étaient pas si neufs, elle ne devait pas s'en servir souvent. Pourtant sa taille était convenable, sa musculature fine et Lyrianna avait remarqué sa dextérité et sa grâce en vol, le choix également du point d’atterrissage n’était pas à prendre à la légère, tout comme la qualité de son déplacement silencieux, ne pas relâcher son attention, ne pas se laisser berner par les signes extérieurs de faiblesse.

« et maintenant ? » répéta t elle d’un ton presque ironique « maintenant jeune enfant de l’astre, tu peux respirer déjà, je t’assure que cela te fera du bien » Lyrianna laissa échapper un court et cristallin petit rire moqueur.

« Maintenant, nous attendons » reprit elle d’un ton sec, sans appel « un des deux doit gagner ce duel, et quand cela sera fait, je partirais. »

Que ce matin pouvait être reposant, aucun bruit et les Elyséens semblaient éviter de sortir de leur forteresse, un peu comme si ils étaient enfermés chez eux. Un sourire se dessinait sur les lèvres de la spiritualiste à cette pensée.

Elle avait cherché toute la matinée un quelconque lac pour pouvoir se rincer, détendre ses muscles, sentir bon l'hasia. Son esprit s'égarait dans des pensées telles que les occupations de Silverdro, la nourriture Elyséenne, le gouvernement Elyséen, les Atreïdes ...

Lorsque la jeune Asmodienne, pas si jeune que ça, aperçut enfin un lac près d'une réserve d'umblia, elle se mit à courir, s'arrêta au bord, enleva ses vêtements et piqua un tête dans l'eau aussi claire et transparente que l'air. Elle en profita pour arroser la blessure sur son omoplate gauche. Malgré que le chaleur d'Eltnen brulait la peau, la température de l'eau était acceptable.

Un son, puis un succession retendit dans le silence auquel Calli s'était habitué. Ce son, aussi connu soit il, la fit tressaillir. Elle sortir du lac, prit uniquement de quoi cacher son intimité, puis sonda les environs. Une ... deux ... trois personnes. Elle choisit de savoir où se déroulait le combat, elle arrêterai le massacre, ses pouvoir étant probablement bien supérieur à n'importe quels tours de passe passe utilisés par les deux races. Elle se mit en position, se concentra, nue au milieu du désert. Elle riait en son fort intérieur, se disant que n'importe qui pourrait profiter de sa plastique de rêve pendant l'invocation de son esprit, mais tant pis. Lorsque l'esprit se forma, elle se dépêcha d'attraper ses vêtements et les enfila prestement. Pendant qu'elle sonderait encore les environs, la boule d'eau irait voir sur le terrain.

" nia nia nia " pensa t-elle avec philosophie, ne pouvant empêcher un petit sourire ironique de fleurir sur des lèvres. Elle n'était pas tendue au point de ne plus respirer, elle était juste sur ses gardes pour empêcher de se faire trancher la gorge, nuance ! Enfin, le résultat était visiblement le même apparemment et ça semblait fortement amuser la personne derrière elle. " Au moins, pendant qu'elle pense à se moquer de moi, elle ne tue personne. " Nouvelle pensée ironique, juste derrière sa concentration et son sang froid... autant dire que si elle avait su conserver une partie de son entrainement lors de ses diverses récoltes, ce n'en n'était pas de même pour tout. Finir par minimiser la menace et se ficher des conséquences n'était clairement pas ce qu'on lui avait appris. Enfin, au point où elle en était, elle n'allait nullement décevoir son ravisseur.

Lentement, très lentement, elle leva les mains, paume bien ouverte pour tenter de dire qu'elle n'allait rien faire d'inconsidéré. Arrivée à hauteur de son cou, elle garda bien en évidence une de ses mains, tandis que l'autre allait se poser tel un papillon, très légèrement sur la main de l'ennemie, la main tenant la dague. Elle n'effectua aucune pression, se contentant de ce frôlement qu'elle souhaitait le plus aérien possible et prit la parole, d'une voix toujours relativement tendue. Elle n'allait pas faire confiance aussi rapidement, bien que la dernière fois cela leur avait apporté des alliés...
" Quitte à respirer, je préfère dans ce cas ne pas me sentir constamment prête à me faire égorger et pouvoir également profiter du spectacle correctement. "

Si elle arrivait à mieux voir les combattants, peut-être qu'elle saurait dire s'ils étaient daevas ou non et pourrait intervenir si nécessaire ? Pas qu'elle ne puisse faire grand chose, elle était convaincue que la personne derrière elle devait être plus douée qu'elle, mais peut-être pourrait-elle ne pas se sentir aussi coupable après ?

Son otage se mit à bouger, lentement, prudemment, posant sa main délicatement sur la sienne. Elle n’était pas plus détendue qu’il y a une minute, bien au contraire cela se sentait, mais avait du courage et cela Lyrianna le reconnaissait. L’invitée prit même la parole, voilà qui l’étonna, elle sourit en silence.

« Quitte à respirer, je préfère dans ce cas ne pas me sentir constamment prête à me faire égorger et pouvoir également profiter du spectacle correctement »

Lyrianna ôta alors sa dague d’un geste vif et déploya à moitie ses puissantes ailes noires et nervurées, prête à décoller, prête à en découdre si d’aventure il s’agissait là d’une traitrise de la part de son ennemie.

« Soit, si vous insistez ma chère, je n’y vois finalement pas d’inconvénient. Sachez que vous me surprenez et me décevez également. Mais tout cela n’a guère d’importance n’est ce pas, vous ne me connaissez pas après tout. »

Devant leiji se trouvait donc une splendide asmodienne, au regard flamboyant, dans une armure de cuir sombre, deux extraordinaires dagues accrochées le long de ses cuisses interminables, une sacoche également en cuir savamment travaillé et bien sur un stylet vraisemblablement en argent, dans la main gauche, celui là même qui avait été le compagnon de son coup durant ces quelques dernières minutes. Lyrianna tendit le bras droit avec une grâce surprenante, indiquant l’horizon, là où le combat avait lieu.

« je vous en prie admirez donc le spectacle. »

Lyrianna tressaillit un court instant, découvrant la scène nouvelle qui se déroulait au loin. Les mouvements de Leiji lui avait fait perdre de vue quelques instant le combat de son élève, qui était à terre. Elle ne pouvait dire à cet instant si le coup lui avait été fatal ou pas.

Lyrianna tressaillit de nouveau et leva légèrement la tête. Une, puis deux, puis trois gouttes d’eau venaient d’atteindre son visage et dans ce désert, elle le savait, il ne pleuvait jamais, il devait s’agir d’autre chose.

Un élémentaire d’eau ! Son maitre ne devait pas être loin et à un juger sa taille, l’invocateur ne devait pas être un apprenti.

« Adieu enfant de l’astre » dit elle en décollant rapidement « je ne suis pas venue tuer aujourd’hui » elle s’envola en direction des deux duellistes et ce qu’elle vit la fit de nouveau tressaillir, mais pas pour la même raison. Son élève avait feint la blessure pour laisser le deava Elyséen s’approcher suffisamment pour lui sectionner l’artère fémorale, de deux coup de dagues précis, qui lui furent fatals et il s’effondra au sol.

« Nous rentrons ! » dit t elle calmement à son élève une fois arrivée à sa hauteur en quelques coups d’ailes, celle-ci était épuisée par le combat, choquée par la mort qu’elle venait d’infliger et blessée par le guerrier qu’elle venait d’affronter, mais en vie c’était une bonne chose se dit elle « votre coup manquait de grâce, mais l’on ne peut nier son efficacité » ajouta t elle en la regardant déployer ses jeunes ailes noires.

A peine les quatre ailes noires avaient elles frôlées les ombres de la nuit, qu’un halo lumineux commença à irradier de la victime. Une lumière pleine de vie, pleine d’espoir, comme un message. L’incantation avait été silencieuse, mais fervente, comme toujours. Le pauvre guerrier étendu là, n’aurait bientôt qu’un éventuel petit trou de mémoire.

Pour elle qui se trouvait là, lancer si tôt se sortilège représente un danger certain. Elle-même en pleine lumière à l’apogée de l’incantation, se trouvait de fait exposée, et elle le savait. Mais comme à chaque fois qu’elle le pouvait, elle faisait passer son message. Son message de vie.

Le guerrier est debout quelques secondes plus tard. Mais elle a beau scruter la noirceur du ciel, elle ne sait pas si ils sont encore là. Qu’importe, son œuvre est faite et … si AION le veux bien, le message était passé.

« Vous serez très bientôt sur pied l’ami, attention au vertige passager ».

Sa voix était douce et presque tendre. On ne pouvait y déceler ni haine ni rancœur ni colère, juste de la ferveur en son guide et dans son acte.

Elle reste ainsi, sans bouger. Un œil sur le guerrier qui émerge à peine, l’autre rivé sur ce ciel noir comme la colère. C’est tout juste si elle remarque une goutte d’eau qui tombe sur son épaule.

"regarde, une pretresse " lui dit elle d'un air de dédains " ils ne respectent pas les regles, ils trichent, mais c'est ainsi, nous n'y pouvons rien"

Lyrianna soupira en voyant le halo se former et rendre la vie à l'homme qui avait perdu son duel, mais un léger sourire se forma sur ses lèvres, loin de l'embellir comme cela aurait du l'etre sur un visage aussi joli, il la rendait encore plus inquietante au regard de son apprentie qui blemit et déglutit difficilement le peu de salive qu'elle pouvait avoir.

"mais les pretres payent cher cet etat de fait vois tu, ils sont généralement les cibles premières."

Elle se tourna en vol, sachant qu'elle les mettaient sans doute en danger face à la rodeuse, la pretresse et l'invocateur présumé, mais une leçon devait avoir lieu

"Apprends jeune fille, que si le pretre meurt alors ta cible mourra plus facilement, c'est un fait, c'est une réalité, ne l'oublies jamais."

La jeune élève hocha la tête en signe de comprehension, mais son regard trahissait son inquietude quant à la situation précaire dans laquelle elles étaient.

Un énorme jet d'eau s'écrasa sur les deux Asmodiennes, les obligeant à chuter et s'écraser lourdement sur le sol. L'immense et luxueux esprit d'eau les observait d'un œil malveillant. Il changeait de forme sans cesse, montrant des piques, ou un crane.

Calli arrivait, elle courrait, finissant de mettre ses gants, ses colliers, bagues et autre pacotilles. Sa chevelure trempée laissait derrière elle de petites larmes d'eau finir leur vie sur le sable chaud. Les deux paumes de la jeune femme s'illuminèrent soudain de deux boules violettes et sombres entourant ses mains, le regard virant au rouge vif et laissant aucune place à un blanc d'œil. Elle ne courrait plus, elle marchait lentement, menaçante au possible, une bulle vient se former autour de son corps. Sa protection était en place.

La chaleur émanant des mains de Calli avait vite fait de faire devenir l'air autour d'elle extrêmement lourd, et le peu de végétation ayant vécu sur son chemin prenait feu et terminait en tas de cendre. Sa voix porta très loin lorsqu'elle cria :
"Que faîtes vous ici Asmodiennes ? Vous ne survivrez pas, vous n'avez pas idée de ce qu'il y a ici."

Son regard pénétrant se posa sur l'assassine qui semblait être la plus puissante.
"Pose un doigt sur la clerc, ce guerrier ou moi, et tu peux dire adieu à ta vie."

Bien sur, ces paroles souhaitaient provoquer la confusion et la peur chez l'assassine. Cela suffirait il ? Elle déploya encore plus de ses pouvoirs spirituels, et toutes vies qui s'approchaient d'elle se voyaient obligées de fuir. Elle continuait d'avancer d'un pas résolu.

Cependant, elle savait bien qu'elle ne pourrait tuer qui que se soit. Elle ne pourrait que impressionner et forcer la fuite de ses adversaires. Ou bien, ils finiraient assommés et ramenés de force à Asmodée.

La réaction n'était pas vraiment celle qu'elle attendait, mais bel et bien celle qu'elle espérait. Le soupir de soulagement qu'elle souhaitait laisser s'échapper resta coincé dans sa gorge tandis qu'elle observait l'Asmodienne et son phrasé aussi parfait.
Elle poussa même l'audace en la saluant d'une légère inclinaison de tête lorsqu'elle déploya ses ailes, rejoignant la combattante qui sembla sortir victorieuse de ce duel. Son estomac sembla alors peser plus lourd alors qu'elle réalisait qu'elle n'avait strictement rien fait pour lui venir en aide...

La suite de la scène sembla se dérouler au ralenti devant ses yeux : Haven arrivant et soignant le guerrier, cet énorme élémentaire d'eau semblant presque fumer dans la chaleur du désert, cette autre Asmodienne dont la silhouette ne lui était pas totalement méconnue, bien qu'il y ai un risque d'erreur d'identification... Et puis les deux ennemies qui tombèrent, sévèrement douchées, mais pas forcément très loin de leur position...

Elle réagit alors au quart de tour, courant vers Haven, juste au cas où, ignorant les légers tremblements de sa main sous l'adrénaline, ou même son cœur qui battait beaucoup plus vite et plus fort que d'ordinaire.
Son œil s'accrocha à Calli et son corps trembla devant l'aura qu'elle dégageait, d'une menace différente de celle d'une dague contre sa gorge mais tout aussi palpable. Elle souhaita ne jamais avoir quitté son petit coin de paradis, ne sachant pas où tout avait dégénéré à ce point.

" Non !! " Elle s'interposa. Choix stupide sans aucun doute que de s'imposer entre ces redoutables guerrières, mais elle lui avait laissé la vie sauve et elle comptait bien lui retourner la pareille. Ça, ou éviter de mourir, peu importait finalement tant que le sang arrêtait de couler. " Partez, s'il vous plait. "

Si son cœur ne battait pas aussi fort, elle aurait adressé une autre prière mentale pour sortir de ce nouveau mauvais pas, et sans doute adressé un sourire chaleureux à leur alliée. Pitié, pensa t-elle alors très fort. Elle voulait juste que son moment de paix ne soit pas à jamais souillé par le sang des êtres lui étant chers.

Elle scrutait toujours cette noirceur d’un œil, persuadée qu’elle n’allait pas tarder à payer sa provocation. Elle s’y était préparée, apeurée, mais décidée à faire de son mieux. Son sang ne fît qu’un tour puis se glaça quand elle aperçut enfin deux formes noires. Le moment était venu donc. Elle serait prête.

Pourtant … l’arrivée sur le sol des deux ombres ne semblait pas … normale. Enfin apparu l’élémentaire. Il surplombait les deux ombres, qui semblaient être des femmes. La clerc en était encore bouche bée quand elle entendis les cris derrière elle. Cette voix … elle la connaissait !! D’un bond elle se retourne pour voir une furie rouge et noire de colère foncer vers elle en vociférant des menaces aux deux ombres.

« CALLI !!?? »

Elle ne pût retenir un cri de surprise. Bien sûr elle était à Eltnen mais …. De là à penser rencontrer son amie … Quel hasard, qui finalement la rassurait un peu. Elle se sentait moins seule et du coup, moins en danger. A peine eut elle le temps de réaliser ce qui se passait qu’un autre cri lui parvient, mais de l’autre côté celui-ci.

Carrément perplexe et incrédule, elle tourne la tête dans la direction de cette nouvelle voix. Et voilà que Leiji s’interpose entre elle, Calli, et les deux asmodiennes.

« LEIJI ?????? »

A n’en pas douter elle avait raté toute l’affaire et ne comprenait rien du tout. Une seule chose finalement compte à cet instant. Et c’est Leiji qui la fait réagir. Plus personne ne dois tomber !!

Sans réfléchir, les sorts de protection pleuvent sur Leiji et Calli, sur l’élémentaire d’eau, et enfin sur la Clerc. Tendu, elle ne savait pas si cela serait suffisant pour calmer le jeu mais … elle priait AION à cet instant pour que ces Asmodiennes soient réalistes, et pas fanatiques. Elle n’avait aucune idée de comment pourrait tourner se combat, et à vrai dire, pas la moindre envie de le savoir. Les deux Asmodiennes sont debout, prêtes à passer à l’action, menaçantes à souhait. Suffisamment pour que la Clerc sente un immense frisson lui glacer le dos.

Trois contre deux. La lutte était inégale, à priori. En tout cas, pour attaquer dans ces conditions, il fallait que la chose soit plus qu’importante. Très inquiète, même si la présence de ses amies la rassure, Haven fini par prendre la parole, peu assurée, mais en même temps, décidée.

« Elle a raison, partez. Vous ne pourrez pas vaincre ce soir »

Les yeux rivés sur la réaction des deux ombres, impressionnantes, Haven était tendu comme la corde de l’Arc de Leiji. Pas rassurée, mais prête à vendre chèrement sa peau.

Une fois à terre Lyrianna se redressa immédiatement pour analyser la situation, son élève quant a elle était trop sonnée pour réagir.

L'invocateur était en fait une invocatrice et à en juger par ce qu'elle voyait, il s'agissait d'une compatriote, une asmodienne, également à en juger par la force maintenant révelée de l'élémentaire d'eau, elle devait être puissante bien que relativement instable si on analyse les mouvements de son jouet. D'autre part, son attitude révèle une colère intérieure qui devrait pouvoir être utilisée contre elle, c'était noté.

La prêtresse, vive et réactive venait toutefois de faire une erreur, elle se tenait prête soit, mais si ses calculs étaient bon elle venait de protéger tout ce petit monde après avoir soigné et fait revenir à la vie ce guerrier mort et si combat il devait y avoir, Lyrianna savait qu'elle ne tiendrait pas un rythme soutenu à soigner ses compagnons.

Ses compagnons, ses amies plutôt, car toutes ces femmes se connaissaient manifestement, lyrianna avait déjà noté que Calli était le nom de l'asmodienne, sa semblable. Cela la fit sourire de noter que sa semblable était son ennemie. Leiji était le nom de la rodeuse.

La rodeuse justement venait de réagir étrangement, s'interposant entre Calli et elles. Lyrianna hocha la tête devant cette preuve manifeste de sens de l'honneur, mais sourit légèrement en remarquant que contrairement à son amie Calli qui était prête à foudroyer quiconque bougerait une oreille, ou son amie la clerc qui avait sans doute déjà mémoriser un soin, elle, la rodeuse n'avait pas encore prit son arc en main. Ce sourire lui donnait encore et toujours cet air étrange, carnassier et mélancolique à la fois.

Du mouvement dans son regard périphérique, son apprentie se réveillait, enfin se dit elle. La jeune fille mit aussitôt ses deux dagues dans les mains et commença à avancer vers la clerc en criant.

"Gwrq ! Otshuhv zrl qpphelduhphou ! ph t'dl vdv rh asxwholsv jh z'dwrls wseroohs jh rd zxhs, Onlrod." lui ordonna t elle calmement mais vigoureusement en asmodien (Stop ! Arrêtes toi immédiatement ! je n'ai pas le souvenirs de t'avoir ordonner de la tuer, Aliona.)

Aliona, se stoppa net, plus surprise d'entendre son prénom dans la bouche de Lyrianna et d'avoir été tutoyée, que par l'ordre lui même. En reculant, et sans tourner le dos à ses adversaires, elle rejoignit sa maitresse, qui la toisa du regard.

"Je n'ai aucunement l'intention de toucher à un cheveu de qui que se soit" dit elle en se retournant vers Calli "et si je puis me permettre Damoiselle Calli, je souhaiterais, si vous me le permettez, que vous ne me tutoyez pas, nous n'avons pas été présentées que je sache et notre intimité n'est pas aussi grande, dussions nous etre de la même origine " elle ponctua ses sept derniers mot d'un ton plus cinglant, presque ironique.

Elle soupira légèrement en voyant son apprentie aussi nerveuse, quelle novice vraiment, montrer ainsi sa crainte et ses peurs, voilà une erreur qu'il fallait absolument corriger. Toutefois elle ne pu s'empêcher de noter qu'elle était toujours prête à en découdre, les yeux fixés à tour de role sur chacune des femmes devant elle.

"et pour répondre à votre question, ce que je fais là sont mes affaires. Je n'ai, quant à moi pas eut l'outrecuidance il me semble de vous demander ce que vous faisiez ici, et à en juger la manière ative dont vous vous êtes vêtue, je doute que cela fusse un combat" elle sourit de nouveau.

Elle se tourna vers Haven, enfin et lui dit d'un ton neutre et sans âme

"Dame prêtresse, servante des dieux, j'ai peur de vous décevoir mais dans un combat personne ne vainc jamais, vous plus que quiconque devriez le savoir. Je vais partir en effet, car comme je l'ai dit à votre amie Leiji je ne suis point venue tuer aujourd'hui, simplement enseigner, et grace à vous je crois que mon cours est terminé, pour l'instant"

Une flamme passa dans son regard et son sourire énigmatique se révéla de nouveau sur ses lèvres rouges sombres.

"mais je suis votre débitrice ce soir, je vais alors me présenter, car je connais deux de vos noms, on m'appelle la Dame de Glace mais je préfère le prénom que me donna ma mère à ma naissance ; Lyrianna."

Elle se tourna vers Calli

"merci pour la leçon invocatrice"

Elle fit une révérence, sans pour autant perdre de vue qui que se soit et redéploya ses grandes ailes noires.

"Adieu mesdames" elle se tourna vers son apprentie " nous partons"

La jeune fille voulu ouvrir ses ailes mais l'eau prise dans ses plumes lui rendit la tache bien difficile, Lyrianna soupira imperceptiblement, en l’attendant.

La clerc reste prête à tout. Tendue, mais rassurée, autant par la présence de ses deux amies, que par la préparation de son sac qu’elle avait décidée de soigner depuis peu. Elle s’en félicitait, car si le combat devait avoir lieu, son contenu ne serait pas de trop. L’asmodienne pourtant ne semble pas en clin à prendre trop de risques pour cette fois. Finalement, elle fini par dire simplement et froidement que tuer n’est pas son but actuel.

Elle ne lui fait aucune confiance … pourtant … Autant le ton employé pouvais glacer le sang, autant il est porteur d’une froide rigueur et un profond respect envers ses objectifs. Ses paroles sont sans doute aussi vraies, que froides et tranchantes, telle une lame de glace. C’est effrayant et rassurant à la fois. Quoi qu’il en soit, il n’est pas question de baisser la garde, pas encore.

Voilà que l’étrangère, la Dame de Glace, s’adresse à elle maintenant. Le regard de la clerc s’il ne change en rien, ne faibli pas non plus. Sans doute que sa foi est aussi grande que celle de cette assassine. En tout cas elle jurerait le ressentir. Et qu’importe le reste. Cathar lui avait appris qu’il n’était pas suffisent de se donner une apparence et des règles de vie. Il fallait aussi accepter celle des autres. Haven se vie un instant là, devant, à la place de cette femme, et frémie encore une fois. Plus facile à dire qu’à faire. Elle l’écoute, avec attention. Par respect d’abord, envers un ennemi capable surement du pire, mais aussi pour apprendre.

Pourtant dans le bref discours, une petite phrase l’interpelle, même si elle ne relève pas. A quoi bon se battre si ce n’est pour vaincre. Quelle motivation peut-on avoir à tenter de tuer des gens si l’on sait ne pas y parvenir … Elle savait bien qu’elle ne pouvait sauver tout le monde, et cela lui rendait la vie difficile, mais sans l’espoir même infime de voir enfin les peuples ressoudés, elle ne pourrait pas vivre. Vaincre, se mot peut avoir tellement de sens. Peut être avait elle mal comprit. En tout cas, se soir, la paix à vaincue, et elle s’en félicite. Même si elle ne quitte pas des yeux les deux ailes noires qui s’envolent et se fondent dans l’ombre. Puis elle prit la parole calmement.

« Et si nous changions d’endroit, par prudence ? »

Les deux asmodiennes prirent donc leur envol, pour, quelques instants plus tard disparaitre dans une gerbe de lumière les ramenant à leur lieu de départ, en Asmodée.

"Allez vous laver et rejoignez moi au petit salon" dit elle à son apprentie. Terminés les tutoyement, terminé le prénom, Lyrianna ne les avait utilisés que pour donner un ordre, que pour être comprise et obéit rapidement, dans le feu de l'action.

De retour au manoir, il fallait mettre à profit ce qu'elles avaient vue, profiter des évènements pour les appliqués en leçon.

Lyrianna, alors qu'Aliona faisait sa toilette, procéda à quelques recherches, ecrivit quelques courriers, afin de faire jouer ses connaissances pour en apprendre plus sur les personnes qu'elle venait de rencontrer.

» non rien en fait
» une taverne, une étrangère...rien d'anormal..jusque là.