Cimesfroides est un endroit dur et rugueux, à l’image de ceux qui ont l’endurance d’y habiter. Les courageux Norms. Parfois le froid laisse place à une légère douceur qui réchauffe les cœurs et les âmes. Mais c’est bien rare. Même aux beaux jours, la rudesse de la nature n’a d’égal que celle de la vie dans cet endroit. C’est pourquoi les Norms sont ce qu’ils sont, rudes, courageux et résistants aux conditions les plus rudes.
Dans une petite maison de pierre, cachée dans un bosquet au sud des Contrefort des Voyageurs, un cri. Un cri de désespoir, ou de rage. La femme a accouchée en silence, mais c’est l’homme qui râle. L’enfant qui vient de naitre, son enfant, est rachitique. Dans un lieu ou la moindre faiblesse est synonyme de mort, un enfant qui ne démarre pas dans la vie avec un minimum de vigueur … ne survie jamais bien longtemps, et il le sait.
Encore saoulée de sa sourde souffrance, la femme qui se rend compte de ce qui se passe frémi. Des larmes coulent de ses yeux noirs, elle a déjà compris, et se sent fautive. Partagée entre cet amour qu’elle ne donnera pas, et son savoir du devenir d’un tel enfant, elle pleure en silence, serrant les dents pour tenir le coup. Lui c’est calmé. Après les cris de rage et de désespoir, il est abattu et triste. Mère nature n’aura pas été généreuse avec eux. Il ira prier les dieux.
Il la dépose délicatement dans l’herbe. Sa peine est enfin calmée, par force, elle est devenue déception. Ici elle sera bien pour mourir. Lui, repassera dans quelques jours, pour cacher sous terre ce qui restera de sa honte et de son désarroi. Personne ne saura. Jamais. Sauf les dieux. L’enfant ne dit rien, ces grands yeux noirs ouverts sur le monde qui l’entoure, elle ne sait pas encore. Un denier regard, et le voilà reparti vers la maison, vers son futur, vers sa vie dure, mais qu’il aime ainsi. Les temps passeront …