Doutes et découvertes d'un Erudit

Désordres

La majorité des personnes vivant sur Taris voyait en elle une planète inhospitalière qu’il fallait tout de même coloniser. Les dangers étaient nombreux. Outre les Rackgoules, peut être le problème majeur, il fallait aussi dompter une végétation florissante et potentiellement toxique depuis l’attaque des Sith. Les usines, partiellement ou totalement détruites, continuaient de déverser leurs produits dans les sous-sols de la planète. La nature s’était une fois de plus adaptée à cette nouvelle situation mais il n’en était pas forcément de même pour les colons essayant de rendre habitable ce qui avait été un potentiel paradis terrestre. Les pirates et la présence de l’Empire n’arrangeait pas les choses. Et pourtant, certains voyaient en Taris des possibilités. Pour ceux qui savaient où chercher, la planète regorgeait de ressources précieuses. Et puis, la végétation elle-même promettait de nombreuses avancées tant médicales que militaires.

Mais ce n’était pas pour ces raisons qu’ils étaient venus. Le SIS leur avait demandé, par l’intermédiaire du Conseil, de récupérer des données datant de la destruction. Ces données permettraient de mieux comprendre ce qu’il s’était passé et de mieux appréhender une possible attaque future. Comme ils connaissaient déjà la planète, c’était à eux que l’on faisait appel. Alors, ils étaient de nouveau descendus dans les couloirs sombres et dangereux de Taris. Ils avaient de nouveau combattu les Rackgoules et les Possédés. Ils avaient de nouveau du faire attention aux éboulis, le sol et les édifices étant instables depuis la destruction. Ils avaient trouvé le bloc de données comme prévu. Tout se passait très bien. Trop bien.
Lonnall terminait un soin rapide avant de reprendre sa course, devancé par Naieth et Kodai. Sur le chemin du retour, ils avaient croisé des Impériaux. Deux Dark étaient avec eux. Les trois Jedi avaient réussi à réduire leur nombre, mais leurs ennemis étaient trop nombreux. Maintenant, il fallait fuir et regagner les speeders qui les attendaient à l’entrée des tunnels. Ils perdaient un temps précieux à combattre les Rackgoules. Leurs poursuivants les rattrapaient. Devant eux, quatre Rackgoules leur barraient le passage. Kodai s’approcha furtivement de l’une d’entre elles et lui enfonça son sabre laser dans l’abdomen. Aussitôt, Lonnall le protégea à l’aide d’une armure de Force avant que les trois autres Rackgoules ne l’attaquent. Naieth en profita pour s’élancer sur elles, son armure de Force en place, et les attira. Lonnall put en abattre une à distance et se contenta ensuite de protéger et guérir ses compagnons. Les Rackgoules mortes, les Jedi s’élancèrent à nouveau sans prendre le temps de retrouver leur souffle. Lonnall vit du coin de l’œil une petite boule les devancer et eut juste le temps de lancer une barrière d’énergie protectrice avant l’explosion. La déflagration, dans cet espace réduit, aura dû les blesser sérieusement mais le champ protecteur absorba l’intégralité de l’énergie du choc. Le souffle les projeta cependant sur les parois du tunnel. Le souffle court, Lonnall se releva indemne et vérifia qu’il en était de même pour ses compagnons. Il ne vit pas Kodai, sans doute avait-il eu le temps de se cacher furtivement. Le tunnel était maintenant obstrué. Il allait falloir affronter les Impériaux. Naieth sortit son sabre, Lonnall à ses côtés, souriant.
_ J’ai raté quelque chose de drôle, Lonnall ?
_ Il faut voir le bon côté de la chose, Naieth. On peut souffler quelques secondes maintenant.
_ Profites-en bien car ça risque malheureusement de ne pas durer.
Les Impériaux s’approchaient, armes braqués sur nous. L’un des Dark resta en arrière.
_ Attention, l’un d’entre eux est en furtif.
Lonnall se permit de rire.
_ Naieth, tu crois que Kodai va réussir à ne pas se faire voir ?
Elle haussa les épaules.
_ Il a bien réussi à surprendre les Rack. La chance peut être.
A ce moment, un soldat se retourna et tira. Le laser ricocha et Kodai apparut après avoir dévié le tir. Naieth et Lonnall se regardèrent rapidement.
_ La chance, dirent-ils ensemble. Et Naieth s’élança.

Elle n’eut malheureusement pas le temps d’arriver sur son adversaire car deux décharges d’énergie noire l’assaillirent. Elle ne put en dévier qu’une, la seconde la percutant de plein fouet et l’envoyant percuter violemment contre le mur. Heureusement, l’armure de Force la protégea. Elle ne fut qu’assommer. Kodai tenta de se rapprocher de Naieth mais les soldats impériaux l’en empêchaient. Lonnall se retrouva donc seul face aux Dark. Ceux-ci s’approchaient tranquillement de lui, sabre laser en main. Le Jedi se mit en position de défense et attendit. Pas de peur dans son regard, juste l’attente. Soudain, sa vision sembla légèrement se troubler, les sons devenaient plus distants. Lonnall remua la tête comme pour chasser un insecte. Les deux Dark s’arrêtèrent à quelques mètres.
_ Lonnall, rejoins-nous.
Les Dark lui parlaient.
_ Ton envie de connaissance te pousse inexorablement vers le vrai Pouvoir, Lonnall. Rejoins–nous.
Lonnall se mit en garde.
_ Jamais je ne rejoindrai le côté obscur.
Les Dark se mirent à rire.
_ Ce n’est qu’une question de temps, Lonnall. Regarde qui nous sommes et rejoins-nous.
Les Dark enlevèrent alors leurs masques et Lonnall ne put s’empêcher de lâcher son sabre, choqué. Devant lui se tenaient Naieth et Kodai. Ses amis étaient des Dark. Le rire se fraya un chemin dans sa tête, dans son esprit. Lonnall tenta de se boucher les oreilles et hurla…

…Lonnall se réveilla en hurlant, en sueur. Il ouvrit les yeux et chercha à savoir où il était. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte qu’il était dans sa chambre. Il se calma et respira lentement, profondément. Il se leva et décida de sortir de sa chambre. Le ronronnement à peine audible du vaisseau le détendit. Tout était calme. Il était seul et, dans son cas actuel, cela lui convenait. Les membres de son équipage étaient tous sortis, occupés à diverses tâches. Après s’être rafraichi, Lonnall retourna dans sa chambre. Le désordre y régnait. Des livres étaient posés un peu partout. Des holocrons se trouvaient même sous son lit. Il les ramassa et les posa sur sa table de travail. Il soupira.

Lonnall s’était endormi sur un holocron présentant les enseignements de certains grands seigneurs Siths. En tant qu’Erudit, il s’intéressait à mieux comprendre la Force, de quelques côtés qu’elle se trouve. Il voulait pouvoir appréhender ce que ressentait un Sith afin de mieux le connaitre. Lonnall était persuadé qu’il pourrait convaincre certains Siths de revenir vers la Lumière. Mais pour cela, il devait s’aventurer sur leur territoire. Et ce soir, il avait eu un avant goût des risques qu’il pouvait rencontrer. Cette fois, ce cauchemar avait été différent des autres. Durant un instant fugace, il avait ressenti la peur. La peur d’avoir perdu ceux qu’il estimait être ses amis. Naieth, Kodai. Pourquoi eux ? Lonnall se sentait fatigué. Cela faisait maintenant plusieurs jours qu’il ne dormait presque pas. Même le code Jedi avait du mal à l’apaiser. Il commençait à éprouver des doutes sur son contexte de Jedi.

Alors qu’il en était là de ses pensées, un reflet attira son regard. Sur sa table de travail, un holocron avait bougé. « Mal positionné » pensa Lonnall. Il voulut le ranger parmi les holocrons non visionnés mais une impulsion le forçat à regarder le titre :
« La Genèse des Jedi »
Il ne se souvenait pas avoir demandé quoi que ce soit sur ce thème au bibliothécaire du Temple Jedi. Lonnall déposa l’holocron dans sa boite et retourna s’allonger. Mais quelque chose le poussait à se lever. Il n’arrivait pas à savoir pourquoi.
_ Tant pis pour le sommeil, ça attendra encore un peu.
Lonnall quitta donc son lit et prit l’holocron. Tandis qu’il le regardait, il le sentit vibrer dans sa main. Il sentit ses muscles se détendre, son esprit retrouver sa sérénité. Telle une rivière trop longtemps retenue, la fatigue le submergea sans qu’il ne s’y attende. Il s’effondra sur son lit, endormi avant même que sa tête ne touche le drap. Cette fois, aucun cri ne résonna dans la cabine. Et l’holocron continua de vibrer dans la main du Jedi.