[BG] Luciola, un monde plein de contradictions.

Non loin du village d'Akarios, aux alentours du lac Cliona, vit une jeune femme : Luciola. Élevée par sa grand-mère, elle n'a jamais connu la tendresse de l'étreinte d'une mère, ni même l'assurance que peut donner la main d'un père... tous deux décédés lors d'un effondrement alors qu'ils exploraient les Mines de Kabarah.

Malgré la mort de ses parents, Luciola mène depuis sa naissance une vie paisible rythmée par des lectures sur le monde d'Atréia, sa passion pour le tir à l'arc et les stratégies militaires, mais aussi et surtout par des siestes répétées au pied de son arbre favori dans la forêt de Daminu.

C'est d'ailleurs au pied de cet arbre, endormie, que nous la retrouvons...


Le vent souffle fort en cette fin d'après-midi, les feuilles tourbillonnent, la météo est instable... Le vent redouble de puissance, les animaux s'agitent, les premières gouttes d'eau font leur apparition. Puis un coup de tonnerre assourdissant retenti, réveillant en sursaut la jeune Luciola.

« La poisse ! Si je ne rentre pas tout de suite, je vais encore être trempée et c'est la réprimande assurée... » finit-elle dans un long soupir.

D'un geste vif, Luciola ouvrit son sac et y déposa hâtivement un livre, livre qu'elle emmène partout. Une reliure si chère à ses yeux qu'elle ne la quitte jamais. La pluie est fine et peu puissante, mais le tonnerre gronde de plus en plus en fort et Luciola doit faire vite afin d'éviter toute remontrance. Pressant le pas, la jeune femme évite les pièges de la forêt et fait de son mieux pour rentrer sèche.

Hélas, la pluie s'abat sur elle de plus en plus violemment. Luciola arrive enfin chez elle après une bonne dizaine de minutes de course. L'eau ruisselle sur ses vêtements, ses cheveux dégoulinent et le conflit avec Chiyoba, sa grand-mère, semble inévitable.

« Luciola ! Tu rentres encore complètement trempée ! Combien de fois va-t-il encore falloir que je te répète de ne pas t'éloigner trop loin de la maison quand le temps ne s'y prête pas ?! Et ne me dis pas que tu n'as pas vu venir l'orage ?! »

« Hé bien si Baba, je dormais tranquillement au pied de... »

« Au pied de ton arbre patatipatata, je la connais celle là. Fais donc un peu plus attention, tu pourrais tomber malade ou pire... Que ferais-tu si un arbre s'écrasait sur toi en pleine tempête ?! »

« Je sais Baba, je sais... Je vais me changer, on en reparle après. »

N'aimant pas le conflit, quelque soit sa nature, Luciola préfère couper court à la discussion et rejoindre sa chambre. La porte refermée, elle souleva sa légère veste pour en soustraire son sac. Il est intact, pas une goutte d'eau ne l'a atteint. Elle retira alors délicatement de ce dernier le livre dont elle prend tant soin, pour ensuite le déposer à sa place habituelle : sur son chevet.

Le conflit évité, le livre à sa place... Luciola peut maintenant ôter son habillement gorgé d'eau, se sécher et enfiler des vêtements secs.

Rien n’a changé pour Luciola depuis les remontrances de Chiyoba, il y a de ça trois jours. Même si elle comprend l’agacement de sa grand-mère, elle estime être assez mature pour mesurer le danger qu’elle encourt. C’est pourquoi sa décision de passer la majeure partie de son temps dans la forêt de Daminu à ne rien faire ne pouvait être altérée.

Aujourd’hui, la météo est splendide, le soleil brille de mille feux et le ciel est clair. Si clair que la jeune femme aperçoit clairement la Tour de l’Eternité. Profitant de la fraîcheur et du calme de la forêt, Luciola décide de se plonger dans la lecture de son livre, plus précisément sur le passage concernant cette Tour...

La Tour de l’Eternité, bâtie par notre dieu Aion, nous éclairait. Sa lueur nous soutenait et nous apportait l’espoir. Les écrits le disent, je l’ai lu. Mais cela n’a duré qu’un temps et la Tour est tombée, coupant notre monde en deux et donnant naissance à deux peuples. Deux peuples vivant au départ paisiblement chacun de leur côté, puis s’entretuant… Que cherche Aion ? Est-ce un signe ? L’Eternité serait-elle synonyme de guerre ? Qu’attend-il de nous ? Je ne le comprends pas. Entièrement soumis à notre dieu, il nous a offert espoirs et ambitions, puis nous les a ôtés au profit de pleurs et de désarrois. N’est-ce pas contradictoire ?

Ce passage, Luciola l’a lu des dizaines de fois, sans pour autant réussir à trouver une réponse. Du moins pas encore, elle espère bien y arriver un jour.

Quelqu’un approche, cette allure folâtre lui est familière. La silhouette se dessine, de longs cheveux, c’est une femme, une jeune femme : Jaylha, l’amie d’enfance de Luciola.

Cela fait maintenant deux jours que Luciola n’en finit plus de penser aux paroles de Jaylha… Se rendant à l’évidence que la réflexion seule ne l’amènera pas aux réponses qu’elle recherche, elle se persuada de suivre son amie. Dès lors, devant se préparer à l’action, Luciola décide de s’organiser soigneusement. Parce que si la jeune femme préfère éviter les oppositions et les ennuis, elle est bien consciente que tout peut arriver et qu’il faut, parfois, être méticuleux.

Outre la vérification de l’état de ses vêtements et petits bagages, Luciola met directement quelques herbes médicinales dans son sac. Connaissant quelques remèdes naturels grâce à sa grand-mère, elle pourrait s’en servir en cas de maladie ou blessure légère. Rien de bien important certes, compte tenu de l’inefficacité de ses remèdes face la vitesse foudroyante de la mort, mais c’est toujours mieux que rien. Aussi, Luciola doit s’armer. Une paire de dagues et un arc accompagné de ses flèches feront l’affaire. Les dagues, elle les a grâce à Jaylha et son père forgeron. L’arc, elle l’a confectionné elle-même à l’aide des écrits qu’elle lie depuis toute petite sur l’art de la guerre et les stratégies militaires. Quant aux flèches, elle les doit, encore une fois, au père de Jaylha mais a contribué à leur confection.

Luciola vérifie ses affaires, tout est prêt. Il ne lui reste plus qu’à sortir discrètement les armes de sa chambre et expliquer à sa grand-mère les raisons de sa petite excursion.

« Chiyo ?! »

« Oui Luciola ?! Je suis dehors ! »

« Attends j’arrive ! »

Luciola descendit les escaliers à toute vitesse, prit la porte et cacha rapidement ses armes derrière les grands pots de fleurs se trouvant devant la maison.

« Alors ma petite, qu’est-ce qu’il y a ? »

« Oh, rien de spécial. Je voulais juste t’informer que demain matin, je partirai avec Jaylha quelques jours. »

« Et qu’allez-vous faire ? »

Luciola, ne souhaitant pas donner les vrais raisons de son départ, se lança dans un pauvre mensonge.

« On a quelque chose à vérifier dans la forêt de Daminu, des coins que l’on n’a pas encore explorés à fond et qu'on voudrait reconnaître. On compte donc partir quelques jours, une semaine tout au plus. »

Paraissant sûr d'elle, le mensonge n'était pas perceptible et Chiyoba tombait dans le panneau...

« Très bien. Je veux juste que vous fassiez attention à ce que vous faites. Enfin, fais attention à ne pas te laisser embarquer dans des folies… parce qu’avec la petite Jaylha, Aion seul sait ce qu’il pourrait vous arriver ! »

« Oui oui Baba, je sais, je sais… »

Après une bonne nuit de sommeil, Luciola est fin prête pour accompagner son amie d’enfance. Le départ étant prévu en fin de matinée, elle dispose d’un peu de temps pour rafraîchir ses capacités d’archère : chose qu’elle fera, non loin de son arbre, en attendant Jaylha.

Avant de partir, la jeune femme ne manque pas d’emporter son livre préféré et un autre sur l’art de la guerre, sans oublier de faire une bise à Chiyoba.

Luciola patiente maintenant depuis plus de trois heures et Jaylha ne devrait plus tarder à faire son apparition. En attendant, elle décoche quelques flèches et profite des dernières minutes dont elle dispose pour se relaxer au pied de son arbre. Ça y’est, une silhouette enjouée émerge de l’épais feuillage de la forêt… aucun doute sur la personne : c’est Jaylha.

Elle n’eut nul besoin de parler, son regard seul suffisait à exprimer toute la gratitude qu’elle avait pour Luciola. Arrivée à hauteur de Luciola, Jaylha ne fit aucun signe, aucun geste, seule une marche sûre et rassurée filant droit devant... Sans lâcher le moindre mot, Luciola se leva péniblement, fatiguée rien que par l’idée des ennuis qu’elles allaient rencontrer et se mi à suivre les pas de son amie.

Au bout d’une quinzaine de minutes de marche, Jaylha ouvre la conversation.

« N’empêche Luciola, je suis arrivée à l’heure ! »

« Oui. » répondit Luciola avec un léger sourire. Sourire qu’elle donne en comprenant où veut en venir Jaylha. Luciola n’aime pas attendre ni faire attendre les autres et il est souvent arrivé que Jaylha ne soit pas là aux moments voulus. Bien qu’elle soit de nature calme et posée, Luciola s’emporte hâtivement quand la ponctualité n’est pas de mise et Jaylha en a déjà fait les frais…

« Alors, voilà le programme d’aujourd’hui : traverser la forêt ! Quand on sera arrivées au bout, on fera une p’tite pause et direction les Mines de Kabarah. »

« Les Mines de Kabarah ?! T’es sérieuse là ? »

« Ouais ouais, c’est plutôt dangereux là-bas et j’ai entendu parler d’une organisation Krall y travaillant. Doit y avoir moyen de les affronter et de réussir quelque chose de comparable à un exploit. »

« Jaylha, mes parents sont morts là-bas… tu ne préférerais pas aller ailleurs ? Je ne voudrais pas qu’il nous arrive malheur et c’est un endroit qui m’effraie un peu… »

« Ailleurs ?! Où veux-tu aller ailleurs ?! Le seul endroit susceptible de créer des prouesses, c'est ces Mines. Et puis tes parents sont morts dans un éboulement, si on ne s’aventure pas au fin fond des Mines, ça ira ! »

« Tss’ t’es vraiment chiante… Ça sent les problèmes à plein nez. »

« C’est toi qui fais chier ! T’as peur du passé, pas de ce qui peut nous arriver. Tes parents sont morts dans un éboulement, un é-b-o-u-l-e-m-e-n-t ! Rien ne nous lie au même destin ! »

« D’accord, d’accord. Par contre, une fois arrivées à la sortie de la forêt, on préparera notre campement et on restera tranquille une ou deux journées. Le temps de s’entraîner un peu et de s’assurer que nos capacités au combat sont encore au point. »

« Comme tu voudras. Tant que tu ne me lâche pas... »

Les deux jeunes femmes continuèrent de marcher quelques heures jusqu’à arriver à destination puis établirent leur campement. Demain, elles se lèveront à l’aube pour s’exercer et préparer leur future bataille.

Le jour se lève sur Elyséa, tout comme le vent qui dans une douceur incomparable réveille Luciola. Émergeant à peine, elle subit déjà l’hyperactivité de Jaylha, en train de s’étirer et faire des exercices d’assouplissement à quelques mètres d’elle.

« Hey Luciola ! Tu te réveilles enfin… Ça fait maintenant trente minutes que je m’échauffe. Aller aller, dépêche toi ! »

« Raaah Jay… Laisse-moi le temps de manger un peu et ensuite on commencera l’entrainement. »

« Ush-ush-ush… Ça marche ! Ush-ush-ush… »

Après une bonne demi-heure, Luciola est prête pour revoir ses gammes avec Jaylha. Ayant déjà revue ses facultés d’archère la veille, la session d’entrainement d’aujourd’hui se fera au corps à corps. Ce qui est parfait compte tenu du style de combat de Jaylha.

Luciola dagues en mains, interpelle son amie : « Bon Jay, on va faire un tour d’horizon complet des différents mouvements. Esquive, attaque surprise, attaque lourde, parade, tout y passera. Par contre on y va mollo, c’est juste une mise au point. Il ne faudrait pas qu’on se blesse… »

Soulevant sa longue et lourde hallebarde, Jaylha, enthousiasmée, hurla : « OKAY ! C’est partiii ! »

Elle se rua littéralement sur Luciola. Pas le temps de réfléchir, Jaylha est une guerrière, elle fonce et donne tout ce qu’elle a. Huit mètres, cinq mètres, trois mètres, deux mètres… elle peut lâcher son coup ! D’une force inouïe, Jaylha frappe… le sol. La terre tremble, les feuilles s’envolent, mais Luciola a esquivée et d’une agilité incroyable, se retrouve maintenant dans le dos de son amie. Luciola balance un coup de pied dans le but de crocheter Jaylha, mais cette dernière esquive à son tour en prenant appuis sur le sol avec sa hallebarde.

Maintenant dans les airs et bien qu’elle ait esquivée le coup de Luciola, Jaylha se retrouve en position de faiblesse. Si Luciola enchaîne, jamais elle ne pourra la parer ou la contrer. D’un bon stupéfiant, Luciola attaque Jaylha. L’assaut est trop rapide, la guerrière ne peut rien faire et pourtant… dans un laps de temps fugace, elle prend appuis sur son arme et d’une seule main se projette encore plus haut. Propulsée à plusieurs mètres de Luciola, Jaylha, désarmée, a déjà perdu le combat.

« Merde ! Fais chier !!! Tu m’as eu… »

« Oui et non » dit Luciola de manière satisfaite. « Tu es désarmée certes, mais tu n’es plus à ma portée. Ce qui veut dire qu’en situation de combat réel, tu ne serais pas en danger de mort immédiat et tu pourrais même fuir. Du moins au corps à corps… parce qu’en tant qu’archère, je pourrai t’atteindre très facilement. »

En un éclair, Luciola bandit son arc et décocha une flèche. Elle est extrêmement rapide et Jaylha ne peut rien faire, si ce n’est changer de couleur à la vue et à l’audition de ce sifflement terrible qu’émet la flèche en se rapprochant à une vitesse folle. Passant à un bon mètre de sa tête, la flèche se planta dans un arbre derrière elle.

« Mais t’es complètement folle ?! T’as failli me tuer !!! »

« Ah bon ? La flèche est pourtant passée à un bon mètre de ta tête. » dit Luciola en rigolant. Son but dans cette action, étant uniquement de faire peur à Jaylha.

« Parce qu’en plus ça te fais rire ! Tu vas voir si je te choppe ! »

Les deux amies se chamaillèrent quelques minutes, au bon souvenir de leur enfance puis reprirent leur entrainement avec sérieux et application. Elles mirent toute la journée pour mettre en place, revoir et revoir encore les mouvements qu’elles connaissent. La nuit tombée, Luciola et Jaylha s’écroulèrent, la journée de demain s’annonçant tranquille et porteuse de repos.

Au réveil, à l’aube, Luciola et Jaylha apprécient l’éclosion de la forêt. Ce matin, les deux jeunes femmes partageront un bon petit-déjeuner puis vaqueront à diverses occupations… principalement de la lecture pour Luciola et une bonne partie de pêche pour Jaylha. L’endroit idéal se trouvant non loin de là où elles ont établies leur campement. Une rivière coule, des arbres à son bord : le lieu parfait.

Adossée à son arbre et en pleine lecture de son livre sur les stratégies militaires, Luciola pointe le doigt sur un léger problème.

« Ah tiens… on a oubliée quelque chose Jay. »

« Ah bon ? De quoi tu parles ? »

« Hé bien… c’est bien beau de vouloir faire des exploits et tout et tout, mais encore faudrait-il qu’on parte reconnaître le terrain avant. Ne serait-ce qu’un p’tit peu, non ? »

« Pwaaa ! On ne va pas s’emmerder avec des conneries pareilles ! Pi t’façon, si on part en reconnaissance et bein pu de surprises. Et qui dit pu de surprises dit pas d’exploits ! »

« Tss’, t’es vraiment d’une logique infaillible… »

« Tain’… T’es chiantes Luciola ! Arrêtes un peu avec tes sous-entendus à la con. Si tu me cherches, tu sais que tu vas me trouver, alors… »

« C’est bon c’est bon, j’arrête. Mais on ira quand même en reconnaissance demain. C’est chiant, ça t’emmerde, okay. Mais c’est comme ça… t’as demandé mon aide, je te l’apporte. Alors tu as peut-être raison, ton possible exploit sera surement moins prestigieux, mais c’est plus sûr comme ça. Je ne bougerai pas d’ici sans avoir fais de reconnaissance. »

« Comme tu voudras. »

Jaylha n’appréciait pas les paroles de Luciola. Un ultimatum comme celui-là la rendait furieuse. De quel droit se permettait-elle de lui donner des directives. Jaylha le ressentait comme tel, son amie ne semblait pas lui recommander de faire ceci ou cela, mais la commandait tout bonnement ! Et ça, elle en avait une sainte horreur…

La journée, malgré ce petit accrochage se déroula tranquillement. Luciola a pu lire les passages les plus importants de son bouquin et Jaylha a plutôt bien réussie sa partie de pêche en sortant une demi-douzaine de poissons de l’eau. Le repas du soir était donc tout trouver !

Au couché, Jaylha se laisse aller dans ses pensées : tu veux une reconnaissance ? Tu vas en avoir une... de reconnaissance !

Le jour se lève et Luciola se réveille, encore une fois, dans une douceur que seule la forêt est capable de lui apporter. Avec un réveil si tendre, elle ne peut s’empêcher d’apprécier le balai de feuilles que le vent orchestre devant elle. Mais une feuille différente des autres attire son attention. Celle-ci n’est pas de la même couleur que les autres, blanche, c’est un petit morceau de papier.

Luciola se lève alors pour aller la chercher, du papier au milieu de feuilles d’arbres… plutôt inhabituel. De plus prêt, elle constate qu’il y est écrit quelque chose : « Une reconnaissance ? Je vais t’en donner une ! ».

Se retournant vers le campement, il ne fallut que peu de temps pour qu’elle comprenne ce qu’il se passait. Jaylha était partie, emportant avec elle armes et provisions. Elle ambitionnait de reconnaître le terrain seule, sûre de ses capacités, mais surtout agacée par le comportement directif qu’eu Luciola la veille. Pas le temps pour cette dernière de tout ranger. Jaylha est peut-être en danger et elle doit se dépêcher. Se jetant sur son arc et ses dagues, Luciola prit à la volée son petit sac en bandoulière dans lequel se trouve herbes médicinales et bandages, puis ne manqua pas d’y introduire ses deux bouquins.

Dès lors, Luciola se lance dans une course poursuite. Elle doit absolument rattraper Jaylha. Après avoir quitté la forêt et s’être précipitée pendant de longues minutes, Luciola retrouve peu à peu son calme. Une fois arrivée dans la région des Mines de Kabarah, la jeune femme atteste d’un spectacle effroyable. Les rumeurs étaient fondées, les Mines sont contrôlées par les Kralls. Certains sont de grande taille, ils surveillent les plus petits, qui eux s’occupent à extraire les ressources. Ils sont très nombreux et il va être difficile d’évoluer dans un environnement comme celui des Mines… Seul quelques rochers peuvent permettre de se déplacer discrètement au milieu de ce terrain désertique.

Justement cachée derrière un rocher, Luciola se demande où Jaylha a pu se diriger. Scrutant les environs, elle est à la recherche du moindre signe de vie de son amie. Ne voyant rien, Luciola se déplace de rocher en rocher, tout en faisant attention de ne pas être repérée. Au bout d’une bonne heure d’enquête : rien. Cependant, la jeune humaine n’entend pas abdiquer et c’est à cet instant que Jaylha apparue… prisonnière des Kralls !

Luciola est stupéfaite et abasourdie. La situation est plus grave que ce qu’elle aurait pu imaginer. Jaylha s’est fait capturer et est actuellement en train de se faire amener dans une grotte par un surveillant et deux ouvriers Krall. Elle allait probablement se faire torturer. Les Kralls, serviteurs des Balaurs, n’auront aucune pitié pour elle.

*Bordel, comment j’vais faire pour aller la délivrer ?! Il me faudrait une diversion... Leur campement n’est pas loin de cette grotte. Peut-être que… mais oui, c’est ça !*

Luciola venait de trouver la solution, ou plutôt la seule solution dont elle disposait pour tenter de sauver Jaylha. Elle allait créer une diversion en brulant le campement Krall. En installant la panique, elle pourra sans doute entrer dans la grotte et sauver Jaylha. Luciola cherche alors un point stratégique, elle doit lancer son attaque non loin de la grotte, la diversion ne durera pas éternellement. Par chance, un énorme rocher se trouve à quelques mètres de la grotte. Malheureusement, cette position allonge la distance avec le campement. Il faut cependant prendre une décision et la prise de risque est nécessaire au sauvetage de Jaylha.

Furtivement, Luciola se déplace jusque ce dit rocher. Derrière celui-ci, elle prépare son assaut. Ses tirs devront être précis et elle visera les endroits stratégiques du campement : l’armurerie et le garde-manger. Enflammant deux paires de flèches, Luciola allait tenter un tir qu’elle n’avait jamais testé, ou plutôt deux tirs. Bandant son arc de toutes ses forces, elle décoche deux flèches en direction de l’armurerie, par chance le feu prend. Dans la foulée, Luciola récidive avec deux autres flèches et embrase le garde-manger. Les Kralls s’affolent, la jeune femme est en train de réussir le sauvetage de son amie.

Deux Kralls sortent, mais le surveillant ne suit pas le mouvement de panique. Tout en dégainant ses dagues, Luciola s’enfonce dans la grotte à toute vitesse. L’endroit est sombre et elle avance à l’aveugle. Heureusement, la grotte est petite et Luciola se retrouve rapidement nez à nez avec le surveillant Krall. Jaylha est derrière lui, ligotée, jonchant le sol… Le peu de minutes que pris Luciola pour préparer son attaque semble avoir été trop long : Jaylha ne donne aucun signe de vie et baigne dans son sang.

« Jaylha ?!! Réponds-moi ! JAYLHA ?!! »

« JAYLHAAA !!! » Les larmes coulent sur ses joues et c’est en criant le nom de son amie que Luciola fonce sur son adversaire. Lourd et lent, l’énorme Krall tente une attaque, une frappe si forte que la grotte commence à s’écrouler. Mais Luciola est plus vive et esquive, se retrouvant dans le dos de son ennemi. Puis, d’une agilité déconcertante, saute sur le dos du Krall et lui tranche la tête à l’aide de ses deux dagues.

Le combat terminé, Luciola se penche sur son amie… Les larmes n’en finissent plus de couler, elle coupe les liens opprimant Jaylha. Cette dernière est en train de mourir et Luciola est condamnée à voir la mort l'emporter. Pourtant dans un dernier souffle, Jaylha parla.

« C’est comme le début de ton livre… Je vais mourir ici… comme… eux… »

Luciola… Nous allons mourir, ton père et moi, dans cette grotte. La roche au-dessus de nous nous étouffe, mais par chance, mon bras peut encore bouger et je peux t’écrire ces derniers mots. Dans ce livre, tu trouveras toutes les questions que nous nous sommes posés, toutes les interrogations et incompréhensions que nous avons envers notre monde, les contradictions qu’ils présentent… Luciola, ma belle Luciola, nous te laissons ce livre, ton père et moi, avec pour héritage de comprendre, d’essayer de comprendre notre monde et de trouver des réponses. La mort nous prend Luciola, je le sens, ton père aussi… nous t’aimons Luciola, nous t’aimons.

Tout en regardant mourir Jaylha, ce passage résonnait dans la tête de Luciola… La grotte s’effondre, les murs s’effritent, les pierres tombent. La jeune femme doit quitter les lieux, sinon, elle aussi mourra.

« Jaylha, je réaliserai ton rêve, je te le promets. ». Fermant les yeux de son amie, Luciola courue vers la sortie de la grotte. Même si l’éboulement de cette dernière avait attiré les regards de plusieurs Kralls, éteindre le feu était plus important et ils devaient faire l’impasse sur la poursuite de l’humaine.

Errant plusieurs heures dans la forêt de Daminu, mais en restant proche des plaines d’Akarios, Luciola ne savait plus quoi faire. Son amie était morte… devait-elle l’annoncer à sa grand-mère, au père de Jaylha ? Devait-elle rentrer chez elle ou partir pour trouver des réponses ? Bien qu’indécise, Luciola devait choisir et elle prie la décision de ne pas rentrer. Elle avait fait une promesse à Jaylha et ce n’est pas en rentrant chez elle qu’elle pourrait la tenir.

Sûr de son choix, Luciola devait trouver un lit pour la nuit. Le vieil ermite vivant dans la forêt, avec qui elle avait eu quelques discussions, lui avait parlé d’une taverne : la taverne de l’Astre. Luciola, laissant toujours couler sa peine sur ses joues, se mit alors en marche, vers cette taverne...