Saison Rouge

Haven se décide enfin à rompre son silence et son immobilité.
Elle se lève sans brusquerie, et passant devant Ixia et Brizza, se dirige vers Elryaas.
Arrivée à quelques centimètres de lui, elle lui tend la main. Une main frêle et pale. Visiblement pas une adepte des armes, ce qui semble corroborer ses quelques paroles.

« Soyez le bienvenu Elryaas ».
« Ne nous en veuillez pas de notre prudence voir de notre défiance. Même si nous pensons tous que les réponses sont encore à découvrir, nous somment des individus à part entière. Ce qui n’est pas peu dire pour certains »

Haven se rend compte mais trop tard de ses paroles et deviens rouge comme une tomate.

« Comprenez que l’arrivé de nouvelles têtes est à chaque fois un défi. Nous ne pouvons faire le mauvais choix, face à des inconnus ».

Elle fait une courte pause et ajoute.

« Personne ici n’est blessé ni mort, je suppose donc que votre sincérité n’est pas vraiment remise en question, je vais voir si Kallyope veut m’aider et vous préparer une chambre pour la nuit, ensuite nous verrons ».
"Mon nom à moi c'est Haven"

Elle n’attend plus que la poignée de main avant de s’en aller.

Elryaas n'avait pas cillé. Il était resté parfaitement immobile durant tout le manège de la prêtresse. Oh, il l'avait vu venir. Et de loin. Il ne lui a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre que les deux femmes qui avaient précédé le tavernier dans la réserve allaient clairement le jauger, l'évaluer et entamer un rapport de force pour le provoquer.
Cela ne le dérangeait pas. Il en avait vu d'autres et il était pas venu jusqu'ici pour partir à la première provocation. C'était une attitude tout à fait typique finalement et il y était préparé.

Il n'avait donc pas bougé. Pas esquissé le moindre geste, si ce n'est un léger tressaillement de narines lorsque la prêtresse s'était approchée de son cou. Etait-ce l'onde électrisante de l'aura de Daeva, ou les effluves de son parfum? Toujours est il qu'il avait savouré cette fugace proximité avec une certaine délectation. Elle avait aussi sûrement ressenti son aura à lui, chargée du poids des années et des épreuves passées. L'onde qui lui avait parcouru l'échine lorsqu'elle fût à quelques centimètres de sa peau avait été plus électrisante que jamais.

Il avait failli sourire, même.
Mais il s'était retenu de peur que le geste fut mal interprété. Il avait donc joué au stoïque et décidé de ne pas relever la provocation de la prêtresse.

Quant à la deuxième guerrière, il pouvait ressentir également des frémissements de liens aethérés. Elle n'était peut être pas encore Daeva, mais allait sans aucun doute vers ce chemin. Contrairement à son acolyte, elle se contentait de l'observer avec une moue légèrement dédaigneuse et ne semblait nullement "électrisée" par la rencontre avec un autre Daeva. Elle semblait seulement sur ses gardes, lançant comme elle le pouvait tous les signaux possible de l'assurance en soi. Elle est prudente.

Il savait pertinemment qu'il n'était pas là pour essayer de prendre l'ascendant sur les fortes têtes du groupe. En tout cas, pas ici. Pas maintenant.

Il jouerait le donc le jeu ce soir.

Elryaas inclina légèrement la tête après le laïus de la prêtresse et s'autorisa une esquisse de sourire.

"- Laissez moi vous assurer que, si mes intentions ne sont pas belliqueuses, je ne suis pas venu ici pour autant m'agenouiller devant qui que ce soit. Je crois que nous sommes tous des êtres dont la liberté et l'indépendance, d'esprit comme de coeur, nous sont infiniment précieuses. "

Il soutint sans ciller le regard de la prêtresse. Toujours aussi calme, immobile, il enchaîna en s'adressant aux trois femmes, même si ses yeux donnaient l'impression de s'attarder un peu sur ceux de Brizza.

"- Et puis... Je ne pense pas que ce soit la perspective de disposer d'un homme asservi qui vous pousse à m'accueillir ici. Au contraire, je crois que nous serons plus forts et plus efficaces si nous avançons côte à côte... A armes égales."

Il avait clairement insisté sur les derniers mots.
L'espace d'une fraction de seconde, derrière la façade de politesse franche et sincère qu'affichait son visage, ceux qui savaient lire dans le regard des autres ont pu capter l'éclair de défi. Ce voile de fierté qui s'était montré comme pour prévenir : "Je sais me maîtriser. Je sais me coucher. Mais je n'ai pas peur de toi".

Puis, la petite servante s'était interposée et avait tenu un discours aussi accueillant qu'habile et subtil. Il n'y avait pas de doute, elle était bien plus qu'une "serveuse" ici.

Elle était bien plus que ce qu'elle laissait paraître. Assurément.

Quels liens étranges et puissants pouvaient déjà unir ces trois là? Elryaas sourit franchement à l'adresse de Haven. Il se décala alors légèrement, sans exclure les deux guerrières, il marquait son intérêt et son respect pour Haven en la regardant de face.

"- Je suis infiniment honoré Haven. Dit il en serrant franchement la petite main tendue devant lui. Et je suis tout disposé à continuer sur cette voie de respect mutuel. N'ayez point de scrupules, je comprend votre position. Aussi, sachez que je me met à votre entière disposition s'il vous faut tester ma sincérité et le niveau de mon engagement."

Un battement de cil, un seul.
Et il avait re-croisé le regard de Brizza avant de suivre Sawyer qui l'invitait à quitter la pièce.

-" Bon, bah du coup on peut retourner dans la salle commune boire un coup?", demanda Ixia en se permettant de relacher ses muscles et en emboitant le pas à Sawyer et leur invité.

Un sourire narquois au visage, la tête légèrement inclinée sur la droite, et les bras croisés, elle observait cette danse de faux semblants, où chacun joue sa partition à sa manière. Pas de faux accords à prévoir...
Haven avait fait son office, et l'invité avait un caractère trempé.

Brizza appréciait autant ses éloquents silences que les fluctuations de l'Ether qui l'accompagnaient.
Elle soutint chacun de ses regards, ses yeux verts l'enveloppant de manière aussi troublante qu'inquiétante. Tentait-elle de le séduire ? De l'intimider ?
N'était-ce pas le regard de celle qui souhaite amadouer un animal sauvage pour mieux le dompter ?

A sa manière aussi, elle le prévenait.
Elle lui rappelait ce qu'il était, où il était, et que "Patience" n'était ni son second prénom, ni celui de sa masse.

Mais la Prêtresse lui laissait sa chance.

- "Suivez Haven, elle vous conduira auprès d'autres compagnons qui sauront s'accomoder d'un hôte tel que vous..."
Une invitation qui sonnait comme un ordre.

D'un geste de la main, elle l'invita à sortir de la pièce. Quelle belle escorte il aurait...

Haven se faufile pour se positionner à coté d’Elryaas malgré l’étroitesse du couloir. Étroitesse qui fait que plusieurs fois sa main frôle celle du DAEVA. Elle tourne alors la tête vers lui, un sourire aussi sincère qu’enfantin éclairant son visage.

« La Prêtresse a raison vous savez, nous serons bien mieux à l’étage pour discuter. Et maintenant que les provo… »

Haven stop net sa phrase et deviens toute rouge.

« Je veux dire, maintenant que les présentations sont faites, nous allons pouvoir avoir une vraie conversation. J’ai tellement de questions à vous poser. Et cet endroit sent la sueur de combattant, le métal sanglant, le cuir graissé et la bière tiède, il ne vous sied pas du tout. Nous seront bien mieux à l’étage. Et se sera plus discret. »

Son visage respire la joie, éclairé par l’espoir d’avoir enfin de nouvelles informations sur la guerre et son histoire. Dans son élan, elle fini par prendre la main d’Elryaas, enfin, autant que sa petite main le peux, puis de nouveau elle lui lance un regard en coin. Un regard qui pouvais bien dire *j’ai tant de choses à apprendre, tu ne te sauveras pas avant de m’avoir donné quelques informations nouvelles.*

Il inclina la tête. Il avait compris. Inutile de s'embarrasser de quelques politesses ou galanteries ici : les deux guerrières ne le laisseraient pas passer derrière elles. Dans leur dos. Il comprenait, naturellement. Il se laissa donc guider par la jeune Haven et passa la porte le premier.

Il ne craignait pas grand chose. Il s'était légèrement détendu d'ailleurs, convaincu qu'il n'aurait pas à se défendre contre les trois femmes. Même s'il n'aimait pas vraiment exposer son dos ainsi, il savait que les capes lourdes et longues qu'il portait masqueraient suffisamment les aspérités de son armure et son équipement. Même à cette distance, elles ne pourraient évaluer combien de fourreaux, combien de lames il dissimulait.

Tandis qu'il s'avançait dans le couloir, il pouvait sentir les frôlements de Haven. A chaque fois, instinctivement, il s'était crispé. Ce contact... Mais il se laissait volontiers porter par la fraîcheur de la jeune femme et, lorsqu'elle lui saisit la main, il réprima du mieux qu'il pût un réflexe de préservation et se laissa attraper le bord de la main. Celle de Haven n'allait d'ailleurs guère plus loin que la moitié du gant d'Elryaas tant les mains de l'Asmodéen étaient massives. Il sourit comme il put et s'apprêta à répondre.

Mais durant une fraction de seconde, il se figea.

Ce fut fugace, presque imperceptible, du moins l'espérait il, mais sous la surprise il s'était légèrement raidi et avait marqué le pas.

C'était un simple regard, une évaluation réflexe des lieux et de la situation lorsqu'ils allaient pénétrer dans la salle commune. Mais quand ses yeux s'étaient attardés sur la porte du fond, à l'entrée de la taverne, ce fut une douche d'adrénaline avant qu'il ne se maîtrise et reprenne sa marche.

Il espérait que personne n'aurait remarqué son hésitation, mais il savait que Haven, qui lui parlait, pouvait voir son visage, qu'elle avait pu remarquer sa réaction. Sa main s'était tendue,ses traits s'étaient crispés, ses yeux rivés sur la porte d'entrée s'étaient arrondis et sa bouche avait formé en silence une syllabe clairement identifiable. "Non!"

A l'autre bout de la salle, au milieu du brouhaha ambiant et dans l'indifférence générale, la porte s'était entrouverte sur une silhouette malingre, voûtée et encapuchonnée elle aussi. Dans l'embrasure, une petite main raccornie poussait maintenait le batant de la porte tandis que la capuche semblait fouiller la foule.
Il était trop petit, trop maigre et bizarrement fichu, mais il n'y avait pas de doutes : un Shugo venait de faire une apparition discrète à la porte de la taverne de l'Astre.

- "Hum hum !
Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, je ne trouve pas le couloir spécialement agréable et festif. Merci d'avancer, avant qu'Ixia ne se mette à pousser..."

La Prêtresse en profita pour faire un clin d'oeil à son imposante voisine.

Tout se passe bien ou … disons au mieux.
Tout ce beau monde est en train de regagner la salle commune.
Certains pour retourner y boire, d’autre pour y semer la terreur, d’autres encore pour y travailler tout simplement.
Haven elle, se dirige vers l’escalier de l’étage, tirant presque Elryaas, tellement pressée de lui poser 1000 questions sur le passé.

D’un coup, il semble qu’Elryaas se fige en arrivant à l’entrée de la salle commune. Cela ne dure que quelque secondes, mais Haven qui lui tiens la main, et qui l’observe avide de tout savoir, s’en rend compte.

Toute à son affaire, elle ne comprend pas ce qui se passe, mais est simplement sure qu’il se passe quelque chose. Alors avec son naturel habituel, elle se tourne de nouveau vers Elryaas, quelque étonnement ou inquiétude se lis sur son visage.

« Tout vas bien ? »

La silhouette du Shugo se recroquevilla à l'instant où elle croisa le regard d'Elryaas. Ses yeux arrondis exprimaient tout à la fois la crainte, la supplique et une once de défi qui poussa le Shugo à entrer dans la taverne, malgré les avertissements silencieux de l'asmodéen. Il referma doucement la porte et attendit, plaqué contre elle, les yeux craintifs fouillaient nerveusement la salle et prenaient soin d'éviter ceux d'Elryaas.

Elryaas jura dans un murmure. Il n'avait plus guère de choix maintenant que le Shugo avait passé la porte et avait visiblement préféré se passer de son ordre. Il devait réagir avant qui quiconque le voie et qu'il se passe quelque chose. Le moment n'était pas encore venu. En quelques pas, il repris empire sur lui et chercha la meilleure manière de régler le problème sans alerter personne. Sans susciter trop d'étonnement ou de questions.
Avec toute la délicatesse qu'il pu, il s'immobilisa, serra la main de Haven avec ses deux mains tout en se plaçant face à elle et s'inclina.

"- Pardonnez moi Haven. Si vous le permettez, je voudrais vous laisser une seule minute. Je viens de me rendre compte qu'une ... qu'une affaire urgente nécessite mon intervention."

Par les dieux! Il avait hésité une seconde, mais espérait que cela passerait inaperçu. Derrière lui, il senti l'arrivée des deux guerrières qui s'étaient arrêtées à leur tour. Il fixa intensément Haven puis se retourna.

"- Je sollicite votre patience une dernière fois mesdames, je dois m'excuser un moment mais je reviens tout de suite."

Il s'inclina et se félicita d'avoir pu maintenir son masque de calme et d'assurance avant de se retourner et de traverser la salle à grands pas.

Le Shugo l'avait repéré et s'était un peu plus recroquevillé, si c'était encore possible.

L'Asmodéen fendit la foule des fêtards en prenant soin d'essayer de masquer le plus possible l'angle de vue entre trois femmes et la porte. Plus que quelques pas et il serait arrivé à la porte. En un éclair, sans un bruit, son bras gauche attrapa la silhouette terrifiée du Shugo sur le coté, sa main droite ouvrit la porte à la volée et, quasiment dans le même geste, il fit passer la silhouette du Shugo par l'ouverture et disparu dehors.

Il pria pour que personne n'ait eu l'idée de le suivre.

Elryaas a écrit:

Il pria pour que personne n'ait eu l'idée de le suivre.

La confiance était un bien précieux en ce bas monde, et Brizza en était extrêmement avare. Alors, il était vraiment naïf de croire qu'elle ne prêterait aucune attention au nouvel arrivant avec le parcours qui était le sien.
Il était habile et déterminé, Brizza l'était au moins autant, mais à sa différence, elle connaissait très bien la taverne et sa petite taille l'aidait à se faufiler aisément.
C'était en effet peu banal de voir Brizza se mouvoir avec tant de souplesse et de célérité, elle qui affectionnait tant une approche directe, frontale, et indélicate.

Elle vit l'Asmodéen saisir un petit être encapuchonné, et le sortir sans grand ménagement de la taverne.
Le raisonnement était simple : ce qui perturbe un être tel que lui ne peut être qu'intéressant pour elle. Ceci était l'explication qu'elle donnerait le cas échéant.

En dehors de cela, Asmodéen ou non, la curiosité de Brizza l'aurait quand même poussée à se mêler de ces affaires ne la regardant aucunement.
Mais là, elle joignait l'utile à l'agréable...

Sans délicatesse ou discrétion, elle ouvrit la porte à sa suite, et avant qu'ils n'aillent plus loin, ordonna avec calme mais fermeté :
- "Soit tu le lâches immédiatement, soit c'est moi qui m'en occupe. Et je peux t'assurer que la première solution sera nettement moins douloureuse..."

Ses mains commençaient à s'envelopper d'un halo doré, signe bien connu des redoutables éclairs de lumière divine...

Ixia se dirigea en baillant vers sa chambre : elle manquait de sommeil et si Haven et Brizza jugeaient qu'il ne fallait pas se montrer belliqueux envers l'Asmodien .... elle allait laisser couler

Haven n’a pas bougé de là où L’Asmodien l’a littéralement plantée.
N’ayant pas vue ce qui se passe, elle ne comprend pas vraiment, mais elle se refuse à intervenir.
Ce n’est pas sans une certaine inquiétude qu’elle voit Brizza lui emboité le pas.

Enfin, malgré le brouhaha de la taverne, elle tend l’oreille et entend à demi mot les paroles de Brizza.
Elle soupire légèrement, se disant qu’elle devra faire des efforts pour la comprendre sans doute.

Quelques instants plus tard, se trouvant ridicule plantée là. Elle décide de reprendre le service à la grande joie de Sawyer, en attendant que ses deux là rentrent de nouveau. Elle avisera ensuite, presque sûre que rien ne se brisera au dehors, par vanité ou violence gratuite. Quelle que chose en elle lui criait de faire confiance, et Haven écoutait toujours son cœur.

« Une bière ? Bien, je vous apporte ca de suite ! »

Brizza a écrit:

- "Soit tu le lâches immédiatement, soit c'est moi qui m'en occupe. Et je peux t'assurer que la première solution sera nettement moins douloureuse..."

Elryaas se figea.

La nuit était chaude et calme, mis à part les éclats de la fête à l'intérieur de la taverne, le reste de la zone était tranquille, désert. L’asmodéen tenait toujours le Shugo par le bras et s’était penché pour lui dire quelque chose. A l’arrivée de Brizza, il se redressa lentement, relâcha le Shugo et se retourna vers la prêtresse ; les paumes tournées vers elles et bien visibles, en signe d’apaisement. Le Shugo, lui, s’était réfugié en toute hâte derrière la grande cape d’Elryaas et l’on pouvait l’entendre marmonner nerveusement.

« - Ainsi la prêtresse au sang chaud est plus encline à attaquer qu’à défendre mmmh ? »

Elryaas était immobile et fixait Brizza dans les yeux, un sourcil taquin légèrement rehaussé. Visiblement peu impressionné, il ne semblait pas non plus enclin à répliquer et entrer dans le jeu de la prêtresse. Pour la première fois de la soirée, il sourit avec un brin de malice et enchaîna :

« - Je ne sais pas vraiment à quoi vous vous attendiez ma chère, mais à l’évidence votre grande… prudence me paraît superflue dans le cas présent… Croyez bien que je ne voulais en aucun cas éveiller un quelconque sentiment de méfiance parmis vous, mais… comme je le disait, une affaire exigeait d’être traitée rapidement. »

Les mains toujours levées et visibles devant Brizza, Elryaas tourna la tête vers son coté gauche, le sourire toujours accroché aux lèvres. A hauteur de sa cuisse, la petite tête encapuchonnée apparaissait à moitié et regardait les mains au halo doré de la prêtresse avec une crainte mêlée d’une certaine… fascination.

« - J’aurais préféré avoir à le faire plus tard, mais puisque nous en sommes là… Je vous présente Goran. »

Elryaas a écrit:

« - J’aurais préféré avoir à le faire plus tard, mais puisque nous en sommes là… Je vous présente Goran. »

Le halo disparut en un instant.

- "Il ne faut jamais remettre à demain ce que l'on peut faire aujourd'hui...", lui répondit-elle avec le même air malicieux.
" Et voyons donc quel est votre 'ami' Goran auquel vous semblez porter tant d'affection.
Pour ta gouverne, j'ai toujours considéré que la meilleure défense était l'attaque. Sans doute une question de point de vue..."

Elle signifia de la main gauche à Goran de sortir de derrière Elryaas.

Brizza a écrit:

Elle signifia de la main gauche à Goran de sortir de derrière Elryaas.

Le Shugo écarquilla les yeux et disparu à nouveau derrière l'asmodéen. Elryaas avait baissé ses mains et sourit à nouveau à Brizza.

"- En fait, ce n'est pas tout à fait un ami. Disons plutôt un... compagnon. Hem, comme vous pouvez le constater, il est un peu... particulier. Mon histoire et la sienne ont été liées par un bien étrange caprice du destin que je vous narrerais peut être un jour... Toujours est-il que depuis, il m'accompagne partout où je vais. Malgré son caractère... spécial, ne vous méprenez pas, il est bien plus pour moi qu'un simple valet qui porterait mes affaires. A vrai dire, je ne saurais même pas lequel de nous deux prend le plus soin de l'autre..."

Elryaas attrapa le bord de sa cape et essaya de se tourner et se déplacer pour révélé le Shugo et l'obliger à se montrer.

"Allons Goran, montre toi, ne sois pas impoli avec la dame."

Un peu comme un enfant, le Shugo essayait d'esquiver les manoeuvres d'Elryaas et tenter de resté caché derrière lui. Finalement, il ne pu faire autrement que se retrouver devant Brizza et il se recroquevilla devant elle. La tête basse, les épaules rentrées, les mains jointes devant lui qui ne cessaient de se triturer les doigts, il jetait par moments des coups d'oeil mi effrayés, mi intrigué à la Daeva.

"- Allez! Salue la dame! Dépêche toi!"

Le Shugo se dandinait, regardait ses pieds et marmonnait dans sa barbe.

Une sorcière. C'est une sorcière! Tu as vu ses mains qui faisaient du feu... Tu les as vu! Oui, mais c'est une jolie sorcière? Non! C'est une sorciére qui fait du feu avec ses mains! Les sorcières c'est le mal. Le mal!

"- Hiiiiiiiiiii! Sorcière! s'exclama soudain le Shugo. Il semblait en transe, les yeux exorbités et pointait un doigt rageur vers Brizza. Tu es une sorcière qui fait du feu dans ses mains! Sorcière! Tu finiras en enfer! Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!"

Le Shugo s'enfuya en courant à travers la rue, les bras au ciel et hurlait à tue-tête:

"C'est une sorcière! Hiiiiii Une sorcière qui fait du feu! Une sorcière! Une sorcière! "

Les mains sur les hanches, un sourcil levé et un sourire un peu embarrassé sur les lèvres, Elryaas se tourna vers Brizza après avoir suivi un moment la course du Shugo.

"Hem... Voilà, c'est ce que je voulais dire par "spécial"... Mais ne lui en veuillez pas, sa perception de la réalité lui est toute personnelle et je suis sûr que la prochaine fois qu'il vous verra, il aura déjà oublié. Il est assez imprévisible en fait. Enfin, vous comprenez mieux pourquoi je préférais le tenir à l'écart de notre première entrevue..."

Un rien décontenancée par la surprenante réaction du Shugo, elle le regarda s'éloigner en hurlant.

Pas banal il est vrai...

Mais la situation était tellement cocasse qu'elle en éclata de rire. C'était son 'bon' rire, cristallin et chaleureux, celui qui ne résonnait pas si souvent.

- "Par les Abysses ! Vous formez une paire assurément hors normes. Je suis étonnée que vous soyez parvenus sains et saufs jusqu'ici, tant vous dénotez.
Mais rentrons donc, il finira bien par se calmer et revenir. Après toi, je t'en prie..."

Elle s'écarta légèrement sur le côté, l'invitant à franchir à nouveau la porte de la taverne. Elle le suivrait, bien évidemment.

Elryaas, les mains toujours sur les hanches, avait suivi un instant les déambulations de Goran et se retourna vers Brizza. Il lui adressa un sourire plus franc et hocha la tête.

"- Je suis bien aise que le preniez comme ça. Vous verrez, il est tout à fait inoffensif et aura sûrement oublié cette scène tout à l'heure. Je crois que cette fois, le voyage de ce coté ci du monde à été un peu long et éprouvant pour lui, il n'est pas très rassuré et à tendance à oublier un peu la politesse dans ces cas là..."

Elryaas se frotta les mains et déboutonna le haut de sa cape. Il adressa un regard plus amical à la prêtresse et commença à avancer dans la chaleur de la taverne.

"- Allons, je vous remercie infiniment pour votre invitation, le voyage n'a pas été long que pour Goran et je ne refuserais pas un verre par une soirée pareille."

Il allait entrer dans la taverne lorsqu'il se retourna et jeta un coup d'œil à la rue.

"- Et ne vous en faites pas pour lui, lorsqu'il se sera calmé et reviendra: il se souviendra de mes consignes de ne pas entrer, devant la porte close. Je viendrais le chercher un peu plus tard..."

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