le monde d'en haut

Elle courait, elle courait de toutes ses forces pour échapper à ce monstres qui voulait très certainement la manger, dès que le relief le permettait, elle sortait ses ailes pour planer et laisser un peu de répit à ses pauvres pieds qui commençaient sérieusement à chauffer.

Bien que l'histoire lui dise que les deux mondes étaient à l'origine le même, force est de constater que l'air, la chaleur et le paysage n'avaient rien à voir avec ce qu'elle avait connu. Tout ici était étrange, rien ne semblait être ce qu'elle pensait être. Tout, non une chose était pareille, les monstres à grandes dents, ça cétait pareil.

Pourtant elle avait été prudente, utilisant à outrance cette capacité si propre aux rodeurs qui est de se dissimuler dans la nature. Mais ici, impossible de faire cela correctement, elle avait l'habitude de bouger selon des codes d'elyséa, pas d'asmodée. Ici les plantes étaient bleues, le ciel rose, le sol orange ou vert, comment s'adapter.

Shairya maugreait tout en courant, en se disant que passer la faille n'était pas une si bonne idée que cela, il fallait absoluement trouver un moyen de rentre et vite.

Une ombre au loin, allait sans doute être ce moyen, mais pas tout à fait aussi sympathique qu'elle l'aurait souhaité.

Elle volait dans les nuages, elle aimait sentir le vent glacé sur son visage, cette morsure anesthésiée par le froid, une douleur vive en premier qui lui rappelait qu’elle était en vie, puis plus rien, plus d’odeur, plus de douleur, le froid de son cœur rappelé pas ce manque de sensation.

Sa vision périphérique lui indiqua du mouvement à l’ouest, des Asmodiens étaient en chasse, ils n’étaient pas nombreux et manifestement pas coordonnés, il ne s’agissait donc pas d’un mouvement de troupe régulière de l’armée. Une légion non plus, même s’ils ne sont pas particulièrement disciplinés, les membres des légions étaient tout de même un minimum coordonnés.

Lyrianna chercha alors quelle pouvait être la proie de ces compatriotes. Rien dans le ciel, rien à l’ouest ni à l’est. Elle se posa sur une branche pour reprendre son souffle et observer au nord, rien non plus. Elle reprit son envol, et fonça au sud des terres, et là elle vit une silhouette, les cheveux blonds, le teint clair, un arc : une rodeuse Elyseenne !

La dame de glace entama donc une descente en sa direction, la perdant de vue de temps à autre, car la jeune rodeuse étrangère utilisait son art de la dissimulation, et quoiqu’imparfait, il lui permettait toutefois d’échapper, à sa vigilance.

Lyrianna se posa quelques mètres devant Shairya, qui courrait en regardant en arrière pour voir si elle était suivie, et se prépara à réceptionner la rodeuse, les deux mains non armées en avant.

"Imprudente !" lui dit elle en Elyséen.

Le choc était inévitable, Shairya toujours la tête en regard arrière, percuta les mains de Lyrianna.

"Aïeu !" laissa échapper la jeune rodeuse, en même temps que le "Imprudente" lâché par l'Asmodienne d'un ton glacé.

Shairya commençait à vraiment regretter son aventure. Bien sur, ici tout était magnifique, elle avait ramassée des tas de trucs et de machins par terre, pour les ramener en souvenir. Elle avait également joué un grand moment dans la neige, si rare sur atreia, elle avait même fait un bonhomme de neige ! Mais là, devant cette femme à l’air sombre et menaçant, elle ne savait pas quoi faire.

Se battre, oui c’était sans doute la solution. Mais se souvenant de l’aventure avec Falkhen, Haven et Leiji à Elthnen où quand des asmodiens étaient arrivés par une faille, ils les avaient laissé passer, jusqu’à ce qu’une sorcière lui lance son ondine sur la tête, provocant alors le courroux de son ange gardien, qui extermina ces ennemis ni une ni deux.

Elle décida donc de ne pas lancer la première pierre, de ne pas faire couler le premier sang et qui sait, peux être que l’asmodienne devant elle était civilisée comme les Atreides. Et qui sait…peux être serait elle une alliée, comme Calli ou Guivre.

"Vous etes loin de chez vous, enfant de l'astre, vous ne devriez pas rester ici. J'espère au moins pour vous que vous n'etes pas seule." lui dit Lyrianna du même ton.

Elle savait que d'un simple geste elle pourrait faire en sorte que la jeune rodeuse devant elle rejoigne ses terres, elle connaissait tellement de manière de tuer, mais pourquoi le faire. Oui les asmodiens et les elysiens étaient en guerre, pour une raison obsure, mais ici et maintenant cette jeune fille n'était qu'une jeune fille perdue, elles étaient enemies soit, mais elle n'avait pas reçu l'ordre de tuer à vu tous les élyseens qu'elle rencontrait.

Il n'en était pas de même pour ceux qu'elle voyait approcher à tire d'aile. Eux, l'avaient à priori reperée et commençaient à approcher à vive allure. Lyrianna ne fit rien, elle attendit. La jeune fille la regardait d'un air agard, comme si elle hésitait sur la conduite à tenir. A n'en point douter il s'agissait d'une novice.

Elle soupira, elle venait alors d'appercevoir quelques ailes blanches de l'autre coté de la montagne. Il allait y avoir ici, un combat c'était certain.

Shairya hocha la tête et fit un petit bond de coté, elle prit le temps de scruter le ciel et blêmit en apercevant les ailes noires qui s'approchaient, son cœur fit des bonds dans sa poitrine quand elle vit les ailes blanches de l'autre coté.

Evidemment le plus judicieux serait de partir en direction des quelques ailes blanches plus loin au nord, à moins que cela ne soit le sud...son sens de l'orientation était quelque peu perturbé.





Elle courait à perdre haleine, buttant de temps à autre sur un caillou pointu, les arbres étranges défilaient, les animaux encore plus étranges la regardaient, les joues en feu et le souffle court, elle courrait pour échapper à la horde qui la poursuivait. La femme étrange n’avait pas bougée, c’était une bonne chose, mais les ailes noires approchaient dangereusement. Enfin, elle arrivait à porté de voix et de vue des Elyséens aperçu plus loin, son cœur se mit à battre encore plus vite, c’était les atreides, ils étaient là, Haven dans son armure étincelante, Falkhen et sa stature imposante, Leiji l’arc à la main, Maylanne, Teseus et Ceylianne, Ruby !!.....

….Ruby ?
…non ce n’était pas normal ça…Ruby n’avait rien à faire ici….

…quelque chose cloche….Une vive douleur…..sur le coté…..une brulure……..

…..

Shairya se tenait toujours devant Lyrianna, chancelante, mais son esprit imaginatif n’avait trouvé que se rêve de sauvetage pour la maintenir en vie. Elle venait d’être blessée mortellement par une lame ou une flèche elle ne savait pas, empoisonnée en tout cas, il n’y avait aucun doute.

L'air froid sifflait en passant dans les ailes des elyséens. Falkhen ne se rappelait pas avoir volé plus vite un jour. Il donnait tout ce qu'il avait, malgré le poid de son armure d'orichalque. Sur sa gauche, le regard dur et déterminé, Haven imposait le rythme. Elle était méconnaissable, son visage exprimant à la fois l'inquiétude, la colère et la peur. Plus loin se tenaient Leiji et Kalten, tous deux l'arc à la main, et derrière eux Fehed, Teseus et son esprit de vent, que Shayria avait rebaptisé Ceyliane.

Quand, le matin même, Théodéric, le fils d'un des gardes du village, avait déboulé dans la taverne de l'astre en criant que Shairya avait passé une faille, personne n'avait jugé bon de lui demander comment il pouvait en être au courant. Shairya était une belle fille, et personne, pas même Haven, n'était dupe quand aux sentiments qu'elle faisait naître dans le coeur des adolescents du village. La mère adoptive de la rôdeuse s'était levée d'un bond et, le temps d'un batement de coeur, etait déjà devant le jeune homme, le tenant par le col de son vêtement, à lui demander, plus en lui criant dessus qu'en lui parlant, de la mener à cette faille. Ils n'avaient pas eu le temps de se préparer... Falkhen benit Aion d'être à peine revenu d'une défense de forteresse dans les abysses. Il était fatigué, mais était équipé au moins.

Le cortège d'ailes blanches filait toujours plus vite. Soudain, Leiji, sans dire un mot, pointa de son doigt deux tâches au sol.

Haven reconnue sa fille. Elle se pencha sur sa droite, et piqua vers elle.
"- oh non... Elle est avec cette asmodienne." Ajouta Leiji, soudain inquiète.

Le reste de l'équipe plongea à son tour.

Falkhen n'avait strictement aucune idée de qui était cette fameuse asmodienne dont avait parlé Leiji. Lui était préocupé par autre chose...

Des asmodiens, en grand nombre, se rapprochait de Shairya.

le templier dégaina. Ils n'avaient ni l'avantage du terrain, ni l'avantage du nombre. Ils ne pouvaient plus compter que sur leur détermination à ramener Shairya saine et sauve.

La bataille qui s'annonçait allait être trés rude.

Elle retira sa dague du corps de la jeune fille et d'un geste sec la secoua, pour y enlever le sang, de son bras non armé rattrapa Shairya qui tombait.

"Pardonnez moi jeune fille, mais vous renaitrez quelque part j'en suis certaine. Vous comprendrez que je ne puisse paraitre devant cette légion qui arrive à grandes ailes, sans vous avoir au moins tuée n'est ce pas. Nous sommes de fait ennemies ne l'oublions pas, pour l'instant en tout cas." Elle regarda en l'air, sentant sous sa main gauche le cœur de la rodeuse cesser lentement de battre « au moins ma mort n’est pas douloureuse, le poison que j’utilise est là pour cela. Eux sans doute vous auraient battue à mort » elle soupira « mais vous ne m’entendez plus n’est ce pas »

Elle posa délicatement le corps sans vie, recroquevillé sur elle-même dans ses ailes immaculées la pauvre Shairya.

« Vous deviez être bien jeune » lui dit Lyrianna en contemplant ses ailes « bien trop jeune pour venir sur les terres d’Asmodée. »

Lyrianna ne rangea pas sa dague, bien au contraire en sorti une autre et se prépara au combat qui devait suivre. Au loin elle avait cru entendre une voix hurler un non de désespoir ou de haine, elle n’avait sur reconnaitre le ton dans le brouhaha que faisait la légion asmodienne en arrivant tel un tsunami à la hauteur des Elysiens qui eux aussi volaient à vive allure. Elle déploya ses ailes et se fondit dans les ombres du paysage…..

C’est dans une gerbe de plumes blanches que les deux ailes sculpturales de la Clerc se replient dans son dos, pour aussitôt disparaitre. Disparaitre, alors que le sol était encore assez loin de ses pieds. Mais impossible de se retenir, le vol est trop lent, la chute, plus ou moins contrôlée, est bien plus rapide. Une forte empreinte se forge dans le sol sabloneux au contact violent des bottes de maille. Un souffle bref mais violent est même arraché à la femme pressée au moment du contact. Pourtant elle ne s’en est même pas aperçue, habituée qu’elle est à gérer des chutes pendant ses récoltes d’Ether.

A peine en contact avec le sol qu’elle évalue la situation de sa fille. Faisant fi de la présence probable de celle qui venait de commettre son forfait. Les autres s’en chargeront bien. En Clerc expérimentée désormais, il ne lui faut pas plus d’une seconde pour se rendre compte qu’il est trop tard. Galvanisée par le groupe, mais dans le même temps aveuglé par cette ferveur vengeresse, elle incante avec force et sans attendre un sort de résurrection. Elle sait le danger qu’elle court en faisant cela. Se sortilège demande une concentration extrême, et de plus, prend un temps considérable à incanter. Le moment idéal pour tout ennemi pour intervenir, mais sur le coup, elle s’en moque, elle veut juste sauver sa fille.

Le choc est violent, autant tout d’abord avec le Templier qu’ensuite avec le sol. Haven se retourne les yeux hagards. Son regard ahuri et rempli de folle incompréhension fusille le templier. Mais celui-ci ne baisse pas les armes, bien au contraire, et lui renvoi un regard froid et calme qui glace le sang de la Clerc une fraction de seconde. Alors il prend un ton calme, contrastant avec la situation, et pris rapidement la parole.

Falkhen : Haven réveille-toi, regarde ! Elle trouvera sa route !

Dis-t-il tout en désignant du doigt la meute d’asmodiens qui se ruaient sur eux. Se fût comme un électrochoc. Haven se redresse en un instant, des larmes coulent sur ces joues alors qu’elle pose son regard sur ce petit corps recroquevillé sur le sol. Elle reprend rapidement ses esprits. Tous les Atreides sont là, autour du corps sans vie, prêts à en découdre. Puis elle avise la meute toute proche et prend la parole à son tour.

« Nous n’avons aucune chance, ne devrions-nous pas tenter de nous protéger ? »

Tout en disant cela, et en attendant une réponse, elle la cherche du regard. Elle sait qu’elle est là quelque part, elle le sent. C’est comme un message dont elle ne comprend pas le sens. Pendant les quelques secondes de répit offert par sa question, elle scrute le ciel et les ombres. Puis, toute à sa tristesse et son désarroi, de l’eau encore dans les yeux, elle siffle plus qu’elle ne prononce quelques mots, dans un Asmodien très approximatif, sûre que l’autre va entendre.

« Ne touche plus jamais à ma fille »

Puis les sorts de protection se mirent à pleuvoir.

Ils arrivaient, tous de leur coté, elle ne saurait dire ce qu'elle trouvait le plus beau ici, ces ailes blanches immaculées qui avancent tel le vent dans un ordre plus que discutable, ou ce carré d'aile noires avançant en silence, sans sentiments apparents contrastant terriblement avec les Elysiens.

Au fur et à mesure de leur approche, elle reconnait Leiji, elle reconnait la Clerc, décidemment leurs chemins se croisent, un hasard. Non Lyrianna ne croit pas au hasard et les évènements lui donneront raison, la petite qu’elle vient de tuer est la fille de la clerc. Quelle ironie, la dernière fois qu’elles se sont rencontrées elle avait refusée le combat et là elle venait de tuer sa fille, à quelques secondes prêt, l’enfant aurait sans doute été épargnée.

Le choc allait être brutal c’était certain à moins que les Atreides ne réussissent encore un de leur tour de passe-passe diplomatique et n’arrivent à retourner l’allégeance des guerriers d’asmodae qui étaient désormais à portée de flèche.

Lyrianna avait prit ses renseignements, elle n’était pas arrivée à rassembler d’information sur cette Calli, farouche sorcière Asmodienne, membre d’une légion renommée mais également membre de la haute noblesse et ainsi protégée par son statut. Elle n’avait pas voulu pousser plus loin ses recherches, gardant en mémoire ce nom. Après tout une asmodienne qui défend des Elysiens face à une autre asmodienne, ce n’était pas courant. Pourtant, après avoir prit ses renseignements sur les atreides, suite à une rencontre avec un shugo étrange dans le désert, elle ne s’étonnait plus de l’attitude de cette Calli Atel Peyn.

Dans certains milieux, les Atreides étaient un peu connus, nombres de rumeurs courraient à leur sujet, notamment le fait qu’ils étaient pacifiques. Lyrianna trouvait cela plus qu’étrange une légion pacifique dans un monde en guerre, mais après tout, les Elysiens sont parfois très étranges. Mais cette information était précieuse et Lyrianna saurait en utiliser les moindres parcelles. Elle croyait également que les Atreide n’étaient que des femmes, force est de constater qu’elle s’était trompé à un juger par cette masse d’orichalque et de muscles qui venait de se poser non loin de la clerc.

Lyrianna resta un instant à les observer, à les écouter, elle savait qu’elle ne pourrait pas rester longtemps, la dissimulation n’avait qu’un temps, il fallait alors qu’elle se prépare au combat. Pourtant, sauf si les ailes noires qui arrivaient étaient des membres de la légion Genesis, amis de Calli, les Elysiens devant elle, n’avaient aucune chance de s’en sortir, même elle ne savait pas si les Genesis et leur chef Silverdro étaient tous des amis du monde d’en bas, elle se garderait bien de porter une telle accusation en publique, leur prestige était trop grand.Le manque d’expérience du combat en affrontement directe des Atreides était incontestable, ne serait ce que par l’absence évidente d’un chef de guerre. Elle choisit donc un endroit stratégique pour réapparaitre, sans toutefois trop d’inquiétude.

« Dame Atreide » dit-elle en réapparaissant alors que les ailes noires étaient désormais au dessus de leurs têtes « je ne puis faire cette promesse, nous sommes en guerre je vous le rappelle, et nous sommes ici sur les terres d’Asmodae, il serait considéré comme de la haute trahison que de laisser notre sol foulé par des pieds elyséens. »

Lyrianna se tenait en position de combat, ses deux dagues en main, les pieds fermement ancrés au sol, son langage corporel ne faisait aucun doute, elle était prête.

Falkhen avait bien réagi en empêchant la Clerc de relever sa fille. Tout juste relevée, elle aurait été un poids, et qui plus est, risquait de sombrer aussitôt de nouveau, vu la vague noire et menaçante qui déferlait sur ceux. S’ils voulaient avoir une chance, ils ne pouvaient garder la jeune rodeuse dans leurs pattes. Ils étaient tous prêts à combattre farouchement pour leur vie et l’honneur de Shairya.

C’est à cet instant que l’asmodienne réapparue. Calme, déterminée, et répondant de façon simple et parfaitement claire aux propos de Haven. Sa posture indiquait clairement que sa détermination était bien braquée sur eux cette fois. La clerc ne la quitte alors pas des yeux, presque … surprise, de la voir réapparaitre devant eux. En un éclair tout est parfaitement clair dans son esprit. Résister à la troupe qui leur fonce dessus comme un Léphariste foncerait sur une caisse pleine d’or était sans doute chose possible. Mais maintenant la donne a changée.

A elle seule, cette assassine était très probablement aussi dangereuse que le reste de la troupe, à laquelle elle semblait indifférente d’ailleurs, détail important. Aussi, il devenait illusoire de s’en sortir en combattant. D’autant qu’ils avaient encore juste le temps !!

D’un coup la clerc se met à courir en direction de lyrianna, droit sur elle, comme si elle venait l’affronter. Mais après 5 ou 6 pas, distance minimum mais suffisante, elle incante un enracinement à une vitesse incroyable. Espérant simplement que celui-ci tiendrait assez longtemps. Se faisant, elle s’était mise à crier.

« Retour pour tout le monde, et tout de suite ! »

Le ton était inhabituel pour Haven, presque un ordre donné à ses amis. Elle semblait … paniquée, tout au moins très inquiète, et sans prendre de gants pour leur parler, avait intimé à ses amis de repartir par la voie la plus rapide qui soit. Le combat s’avérait inégal et inutile. Elle fût rassurée d’entendre les premières incantations derrière elle, et elle lança la sienne aussitôt. Durant ces courtes secondes, elle fixa Lyrianna dans les yeux. Un regard inquiet mais sans haine.

« Ecoutez-vous prononcer ces mots, on dirait un général de Sanctum »

Dans une seconde à peine, le calme reviendrait. Haven se voyait déjà à Sanctum près de sa fille. Il fallait qu’elle lui parle.

Des plantes commençaient à pousser autour de ses jambes, l'empechant de bouger plus avant, décidemment elle detestait les clercs.

« Ecoutez-vous prononcer ces mots, on dirait un général de Sanctum » lui dit la clerc dans un élan de rage et sans doute de desespoir. Lyrianna reconnaissait se ton pour l'avoir si souvent entendu. Un ton employé par tant de personnes différentes, celles qui ont perdu l'espoir parcequ'elles se voient en train de mourir, celles qui sont enragées, aveuglées par d'autres sentiments mélés, d'autres que la colère poussent à agir de façon incohérentes......

Lyrianna sourit à Haven qui lui lançait un regard empli d'inquietude, mais une inquietude sereine, un regard assez étrange finalement qui la toucha plus qu'elle ne l'aurait souhaité.

L'assassine, qui n'avait pour l'instant que les pieds et les jambes de prits dans les ronces, amorça un mouvement de lancer, mais à la grande surprise de Haven, la dague ne partit pas en sa direction, elle partit droit dans le ciel, très haut, Haven malgré elle, suivit le projectil du regard, un instant , une seconde deux tout au plus, ce qui suffit à Lyrianna pour décrocher une fiole attaché à sa ceinture, la débouchonner d'un geste à priori habituel du pouce et d'engloutir gouluemenent le liquide, à priori d'un gout douteux si l'on avait pu voir la grimace sur le visage fermée de l'asmodienne.

"vos généraux ont raison Dame Atreides, jusqu'à preuve du contraire nous sommes ennemis" lui dit elle en rattrapant sa dague qui retombait droit dans sa main.

Les craintes d'Haven se matérialisèrent quant elle vit ses ronces se rabougrir et sécher lentement, aux pieds de Lyrianna.

Mais qui était donc cette asmodienne que tout le monde semblait connaitre.

La seule chose qu'il savait était qu'il venait de la voir planter froidement une dague dans le corps de Shairya. Et le templier se disait qu'aprés tout, il n'avait pas besoin d'en savoir plus sur son compte. Cependant, s'occuper d'elle maintenant relevait du suicide pur et simple. Déjà, elle semblait sûre d'elle et de sa force, et surtout, une horde d'asmodien venait sur eux.

Quand il entendit l'ordre de Haven, et qu'il la vit lancer un sort d'entrave, Falkhen fut soulagé. Il avait eu peur qu'elle devienne folle de rage devant le spectacle de sa fille adoptive agonisante. En fin de compte, elle avait pris la bonne décision et appliqué la bonne stratégie.

Autour d'eux, les Atréides commençaient à disparaître dans des halos de lumière. Haven avait alors lancé sa tirade à l'asmodienne. Celle ci pris alors une dague, la lança, et se libéra grâce à une potion, des racines magiques. Les deux femmes semblaient se faire face. Elles étaient concentrés... Si bien que Falkhen doutaient qu'elles avaient remarqué qu'il n'était pas partit avec les autres.

Jamais le templier n'aurait quitté Asmodae si l'un des atréides était resté derrière. Si l'un deux devait prendre des coups... C'était lui. Il avait passé sa vie à apprendre à les endurer.
Le combat allait avoir lieu, c'était évident. Mais l'asmodienne faisait une grave erreur si elle croyait pouvoir s'en tirer facilement. Dumoins, Falkhen priait pour avoir raison.

"Shairya ? "

Une voix connue, féminine, celle de Leiji qui appelait son nom.

Si Leiji était là, cela voulait dire deux choses, soit elle était venue à son secours et était morte, soit elle était venue à son secours et la vilaine asmodienne était morte....

Du haut de son perchoir elle se pencha, pour regarder Leiji, pour appréhender son état, histoire de savoir à quoi s'attendre, et son coeur se serra quand elle apperçu son amie rodeuse adossé au mur, vaguement chancelante, comme quand votre etre tout entier est aspiré par ce couloir d'ether et vous ramène à cette horrible statue.

"Leiji" lui répondit elle, la gorge encore nouée par les sanglots "je...suis ....là.... " alors que Leiji cherchait autour d'elle, Shairya ajouta "je suis...là haut...dans l'arbre"

Car en effet, Shairya avait élu domicile dans un des arbres bleus du square de sanctum, ne se sentant bien que perchée parmis les feuilles et les ecureuils.

Dans la lumière du sort de retour, la clerc eu juste le temps de suivre le poignard dans son vol gracieux, puis de constater que sa méfiance était justifiée, quand ses yeux se posèrent de nouveau sur les racines qui disparaissaient déjà. Bien sur elle entendit aussi les dernière parole de l’assassine. Elle faisait donc partie de ceux, qui selon Haven, voulaient la guerre pour garder un pouvoir quelconque sur ses congénères. De la race de ceux, toujours selon elle, qui font que vaincre les Balaurs et ramener la paix sera long et douloureux. Mais qu’importe. Déjà son regard se voile et tout disparait. Elle se félicitait d’avoir été si prudente, 5 secondes de plus et s’en était fini.

Sanctum, La place principale, non loin du Lycéeum. Il était loin le temps de la désorientation à l’arrivée d’une téléportation. Les Daevas prenaient vite le pli. Et rapidement, ce qui pouvait sembler désagréable et déstabilisant, devenait la routine. Aussi il ne lui fallût que 2 ou 3 secondes pour prendre conscience de son environnement. Enfin en lieu sûr. Elle devait impérativement parler à sa fille. Soit elle était toujours là, soit elle était allé se réfugier dans sa chambre de l’auberge, ou au pire sur le toit. Quand elle reconnu la voix entre milles.

"Je suis...là haut...dans l'arbre"

Son regard s’oriente alors vers cette petite voix qu’elle reconnaitrait n’importe où. Leiji. Leiji était là aussi. Elle ne pût réprimer léger soupir de soulagement. Puis aussitôt son regard est attiré par des feuilles qui bougent. Aucun doute possible sur la raison. Alors elle se dirige tranquillement, presque à pas lents, vers son amie et l’arbre qui héberge temporairement sa fille. Dans son esprit rien n’est clair. De la colère, de la tristesse, des questions, de la déception. Que devait elle dire, ou pas. Que devait elle faire ou pas. C’est torturée, incertaine et silencieuse qu’elle approche … les yeux rivés sur la petite bouille qui se dessine maintenant au travers du feuillage bleu.

Une petite voix intérieure … elle avait la sensation d’oublier quelque chose, mais quoi …

Des petites étoiles dansantes... C'est tout ce qu'il restait de l'endroit où se tenait Haven une seconde plus tôt. Elle avait lancé son sort de retour avec un timing parfait, si bien que même si l'asmodienne avait pu se libérer du sort d'entrave, elle n'avait pu rien faire contre la clerc. Mais la véritable cible de cette assassine était elle bien Haven ? Falkhen commençait à en douter. Elle ne semblait pas le moins du monde surprise de la disparition de l'Atréide. Au contraire, la dague à la mian, elle semblait tout à fait prête à se battre contre le templier.

D'un mouvement rapide de la tête, celui-ci vérifia que tous ses amis etaient partis dans un endroit sûr. Quand il fut rassuré, il se pencha sur son propre cas. Un sort de retour ? Il fallait bien dix secondes pour l'incanter correctement. Aucune chance que l'asmodienne le laisse faire. Se battre ? Les assassins étaient des combattants qu'il ne fallait surtout pas sousestimer. Mais le templier n'en était pas à son premier combat contre eux... Il ne pouvait dire qui gagnerait, mais, confiant en ses propres spécialités, il estimait que le combat serait serré. Le plus genant restait cet enorme groupe d'ennemis volant vers lui à une vitesse folle.

Il n'avait pas le choix. Il allait mourir...

C'était devenu d'une banalité à faire peur. La mort... Celle qui lui avait enlevé sa soeur, ses parents, ses amis, quand il était jeune... Elle refusait de l'emporter pour les rejoindre. Elle le faisait souffrir, autant physiquement que sentimentalement... Puis le laissait revenir pour recommencer, une nouvelle fois.

"Serait ce la bonne ?" se demanda t'il avec un soupçon d'espoir ? Il en doutait, évidemment.

Falkhen leva les yeux aux ciels, puis se mis en garde, bouclier devant lui et épée sur le côté, prêt à frapper.

- "Quitte à mourir une nouvelle fois, autant le faire avec panache..."

Falkhen baissa la tête, tout en ne quittant pas des yeux l'assassine. Il lui fit alors un sourire carnassier. Il avait tout d'un fauve.

- " Madame, je suis votre homme !"

Suivant l'ordre de la clerc, tous avaient fuit. Lyrianna ne se faisait pas d'illusion, sa seule présence ne suffisait pas à mettre en déroute une poignée d'elyséens, elle savait que la horde qui arrivait maintenant à leur niveau y était pour beaucoup. Tous, non un homme était resté, un homme massif, grand, portant une armure travaillée, l'œuvre d'un maitre artisan à n'en point douter et maniant une arme d'hast des plus impressionnante.

Lyrianna sourit en l'entendant parler, sa voix n'avait rien de celle d'un vieux guerrier blasé, ni celle d'un jeune homme tout fou, qui donne sa vie pour impressionner les femmes. Non, dans sa voix il y avait une certaine maturité et dans le ton qu'il avait employé pour sa première phrase elle cru bien reconnaitre un soupçon de mélancolie. Décidemment les deava allaient tous dépérir de neurasthénie, se demanda t elle, en pensant à bien d'autres cas similaires. La seconde phrase qu'il prononça la fit vraiment sourire, elle ressemblait tellement à une invitation comme celles des jeunes nobles à l'époque bien heureuse où tout était réunis sous le ciel et le regard bienveillant de la tour d'éternité. L'époque où elle était courtisé, où l'insouciance baignait la vie du peuple et de ses dirigeants.

Elle mima alors une révérence, gardant bien sur à l'œil Falkhen en qui elle n'avait pas vraiment confiance.

" Dansons alors Sire Atreides! " dit elle un sourire charmant sur ses lèvres rouges et le regard pétillant "je me nommerai pour l'occasion Danse Lame si vous le voulez bien" ajouta t elle un sourire maintenant mutin et les yeux désormais rougeoyants.

Elle s'accroupit alors légèrement, afin de prendre un élan substantiel pour réaliser un saut qui devrait l'amener au dessus du guerrier, mais ce dernier ne pu savoir vraiment sa position puisqu'elle disparue dans les airs.

La frimousse de la petite rodeuse sort de derrières quelques feuillages bleus de l'arbre pret de l'entrée du square. Ses yeux sont gonflés par les larmes qu'elle a versées, mais son regard pétille de joie à la vue de sa mère qui avance lentement vers elle.

Une joie éphémère, celle du premier instant, celle qui fait battre votre cœur plus vite durant quelques secondes, celle qui vous donne une légère rougeur tellement le nombre de sentiments mêlés vous font chavirer l'âme. Ces premiers instant où seuls comptent les sentiments, mais le cœur se fait surpasser par la raison et cette euphorie s'efface face aux rigueurs de la vie, aux contraintes inhérentes aux relations humaines. Un embriguilio de sentiments entremêlés les uns aux autres qui font que la simple joie de revoir sa mère, un être aimé par dessus tous, s'efface devant la honte, la peine ou la douleur.

Shairya le voit bien dans le regard tendre que lui porte Haven à ce moment là, elle sait bien que sa mère l'aime encore malgré sa bêtise, malgré son insouciance, pourtant elle voit bien également qu'elle porte en elle des sentiments moins positifs.

Alors, d'un petit saut digne d'une Zali, Shairya descent de son perchoir et accourt vers Haven, laissant dans l'arbre son arc, son carquois et ses dagues, et même une partie de l'armure qu'elle avait enlevé pour voir sa blessure, et se précipite dans ses bras :

" ho maman je suis désolée...je suis tellement désolée "

Shairya ne cherchait pas le pardon, ne cherchait rien du tout en disant cela, elle était désolée et elle le disait simplement. Si elle devait être punie pour son insouciance et sa désinvolture alors elle l'aurait mérité, mais là pour l'instant elle ne voulait que ressentir la chaleur aimante de sa mère.

Les larmes lui montent aux yeux. Tout ce qu’elle avait ressenti, tout ce qu’elle c’était promise de régler après coup, tout ce qu’elle devait dire !! Tout est parti en fumée, au moment même où Shairya s’avance vers elle, bras tendus, âme en peine, larmes aux yeux. Rien dans l’univers ne saurait résister à cet appel au secours. Ni la colère ni la haine, ni même la raison.

Cette fois ses larmes coulent à flots. Mais plus question de crier, plus question de réprimander. En l’espace d’un instant la jeune rodeuse a fait basculer le monde de la Clerc. Le temps d’ouvrir les bras et les voilà toutes les deux, pleurant, se serrant si fort l’une contre l’autre. Comme un besoin vital les poussent à vouloir presque fusionner. Comme si chacune ne voulait plus respirer que l’air de l’autre, comme si leurs deux cœurs ne pouvaient plus battre qu'à l’unisson.

Il n’existe aucun mots pour décrire se qui se passe là, sous les yeux des passants, et de Leiji, inquiète pour une autre personne à cet instant. Le spectacle semble irréel voir outrageant pour cette société bien pensante. Les passants les regardent toutes les deux avec de sombres lueurs de reproches dans les yeux. Jalousie. Envie. Ceux qui ne l’ont jamais vécu ne peuvent pas savoir, comprendre. Mais les deux femmes, enlacées sont déjà ailleurs …

La chaleur des corps qui se mêlent. La tiédeur des larmes qui se noient les unes dans les autres. Il est probable que AION lui-même, à cet instant précis, n’aurait pût les séparer. Même les plus outrés des passants ne s’y aventureront pas. Pourtant au bout de quelques minutes qui leur parurent des heures, Haven se sent enfin la force de jouer son rôle d’adulte et de mère. C’est elle qui devait faire le pas, elle qui devait donner le ton.

Alors elle décolle légèrement sa tête de la chevelure blonde, qu’elle commence à caresser tendrement. Reprend ses esprits. Ses larmes cessent de couler. Puis enfin … après un long effort, un léger sourire rassurant se dessine sur son visage. Oh que oui elle devrait sermonner l’imprudente. Evidemment qu’elle devrait sans doute la gronder, voir la punir. Bien entendu qu’elle devrait agir en mère, autoritaire, pour le bien de cette femme enfant. Mais allez donc expliquer cela à son cœur. Lui a décidé que non, et c’est lui qui commande …

Alors une fois remise de toutes ses émotions, une fois un peu plus … calme. Caressant toujours la tête de cet être qu’elle chérissait bien plus que n’importe quoi dans ce monde. Une fois qu’elle a repris le dessus. Elle est capable de parler avec dans sa voix, tout cet amour et cette compassion qui la soulève de terre.

« Tout vas bien ma puce, ici tu ne risque plus rien ».

Tout était dit.

Elle resta un moment, à se faire cageoler, elle en avait besoin.

Elle se repassa les derniers évènements, son passage dans la breche, les paroles de Leiji qui le lui déconseillait, les paysages étrangement beaux de l'autre coté, sa rencontre avec divers montres, sa fuite, sa rencontre avec la Dame brune et méchante, l'arrivée ou son reve de l'arrivée des atreides à son secours, la douleur de la blessure puis de la mort. Après ce passage effrayant dans l'ether des disparus.

"Falkhen !!" dit elle en s'ecartant des bras de sa mère et en regardant dans tous les sens "où est Falkhen ????"

Ses yeux étaient brillants de larmes d'inquietude, ses joues roses d'exitation mais le teint pale de peur.

Alors que Falkhen levait la tête pour tenter de suivre le mouvement de son ennemie dans les airs, il sentit une vive brûlure dans le bas du dos. L'assassine avait réussi un coup magistral. Non seulement elle était passée dans son angle mot à une vitesse ahurissante, mais elle avait trouvé une brèche dans son armure de plaques pour y enfoncer son dard empoisonné.

Alors qu'il sentit le goût du sang dans sa bouche, Falkhen se surprit à penser à ses amis.

Quand Falkhen avait appris à connaitre Haven, il n'était qu'un simple humain. Il avait alors été fasciné par l'immense talent de celle qui deviendrait plus que son amie. Inconsciemment, elle arrivait à modeler l'ether pour accélérer de façon ahurissante le processus naturel de guérison. Il l'avait vu mainte fois utiliser ce don sur lui, et avait même subis souvent des blessures mortelles, pour revenir à chaque fois à la vie grâce à ce magnifique pouvoir.

Le temps avait passé. Il était devenu daeva et avait rencontré d'autres personnes prestigieuses qui étaient devenus ses amis. Leiji, Shairya, Teseus, Kalten, Fehed, Maric, Chahinez, Calli, Nicci... Il les admirait tous... Eux et leurs dons. Il se demandait même parfois si cette admiration n'était pas de la jalousie déplacée. Voir les uns réussir à disparaitre complettement à sa vue, les autres réussir à incanter des sorts d'explosions de feu et de glace plus gigantesques les unes que les autres... Sans compter ceux qui arrivaient à invoquer des monstres élémentaux d'une puissance terrible.

Et voilà que cette asmodienne, son ennemie, par sa rapidité et sa technique, le rendait jaloux elle aussi.

Quel était son talent à lui ? Pas de magie élémentaire... Pas d'invocation de serviteurs démesurés... Pas de sort de guérison... Pas de technique furtive et rapide comme le vent...

Alors qu'il se retournait pour faire de nouveau face à son ennemi, il eu la réponse qu'il attendait.

Ce fut fugitif, mais avant que la détermination et la fureur les chassent dans le regard rouge vif de l'asmodienne, Falkhen avait plus clairement voir de la surprise et de la frustration. Son coup de dague avait été parfait. Et elle était sûre d'avoir frappé au bon endroit. De plus, avec le poison recouvrant la lame, il n'aurait du avoir aucune chance. Un humain serait mort sur le coups, et un daeva serait agonisant, tout comme l'avait été la jeune rôdeuse peu de temps auparavant.
Alors ses yeux, l'espace d'une seconde, demandèrent pourquoi.

Et Falkhen su que c'était là que résidait son pouvoir. Endurer la soufrance. Resister aux plus puissants coups. Repousser la mort.

L'asmodienne n'avait pas perdu pied longtemps. Elle était de nouveau prête pour le combat, prouvant son talent et sa force, elle aussi.

Falkhen sentit le poison l'engourdir un peu. Il avait beau avoir un corps entrainé pour ça, il ne resisterait pas indéfiniment à son action. Sans parler de la horde d'ailes noires se rapprochant.

"A moi maintenant" dit-il tout bas, un sourire éclairant son visage.

Le templier n'avait clairement plus rien à perdre.

En un éclair, l'ether se concentra autour de l'épée de Falkhen. Son ennemi retenta un saut, mais cette fois, l'élyséen anticipa son geste, et pointa son épée vers l'assassine.

"SOIT JUGEE"

Un rayon lumineux partit de la lame et vint entourer l'asmodienne sans qu'elle ne put l'éviter. A une vitesse vertigineuse, celle-ci se retrouva juste en face du templier

Le corps à corps était sa spécialité. S'il voulait pouvoir la vaincre, il n'avait que cette alternative.

"SUBIS MON COUROUX, DAME DANSE LAME"

Avant même qu’elle puisse s’en rendre compte, la voilà si prêt de son ennemi qu’elle pouvait sentir son souffle sur ses cheveux, qu’elle pouvait voir l’imperceptible mouvement régulier de sa respiration faire bouger son armure. Mouvement régulier de sa respiration, voilà qui l’étonna avec à peine une seconde de retard, il ne devrait pas avoir le souffle régulier, il devrait suffoquer, il devrait être essoufflé, il devrait être étourdie même, cet homme n’était pas comme les autres, voilà qui allait être intéressant.

Toutefois, Lyrianna ne perdit pas plus de temps qu’il n’en fallait, elle avait déjà été surprise une fois par la résistance du guerrier, ce qui lui avait couté cette proximité pour le moins involontaire. Non pas qu’habituellement elle fut prise au dépourvue lorsqu’elle se trouve serrée à un homme, quelque soit les raisons qui en étaient l’origine, mais là à cet instant précis, elle n’en était pas l’origine et c’était bien là le problème.

La force de l’ether qu’il venait de déployer pour l’attirer à elle avait été d’une telle puissance et d’une telle justesse qu’elle n’avait rien pu faire pour y résister.

Et voilà maintenant qu’il lui parlait, d’une voix forte et puissante, d’un ton sans appel, on eut dit qu’il mettait son âme dans ses mots, Lyrianna avait en face d’elle un chevalier des temps anciens, celui qui se bat pour sa belle, celui qui sauve les princesses, celui qui souffre milles morts pour le regard d’une jeune vierge. Elle était contente de faire ce duel et elle prit alors la décision de se mettre en danger un instant pour préserver cet instant, pour que cela soit véritablement un duel à proprement parler, car la horde était là maintenant, et elle entendait déjà les incantations des mages.

Elle leva alors la tête et s’adressa en criant, les deux dagues toutefois en croix devant sa gorge, histoire de préserver l’endroit le plus fragile de son anatomie.


« Z'eqqsrfiha vdv, qm mvu i url ! Gn r'xo j'housh bsxv wvh qouhswhols, qm ixsd imrsv iggdlsh i url, Xctldood rd Peph jh Undfh ! »


Le mage, un deava aux longues cornes s’interrompit, le clerc qui commençait à incanter un rituel de protection à l’intention de l’assassine, s’arrêta également, ils regardèrent alors celui qui semblait être le chef de cette légion, qui avait manifestement reconnu Lyrianna. Il fit un signe négatif de la tête à leur intention et, toujours aussi blême, ses yeux rougeoyants de moins en moins, ordonna à sa troupe de faire demi tour.

La dizaine de paires d’ailes noires se mit alors en mouvement, un grondement de paroles vint assaillir l’assassin qui avait ordonné l’arrêt de la chasse qui répondait avec calme à ses sous fifres qui au loin finir par trouver une autre cible, manifestement, au vu du piqué que la troupe commençait à réaliser.

Lyrianna était donc face à Falkhen, seuls pour un duel à mort. Elle ne pouvait pas le regarder dans les yeux car la stature du guerrier, bien qu’elle fut elle-même d’une taille respectable, l’en empêchait. Quelques secondes avait suffit pour que les asmodiens les laissent seul à seul, mais durant ces quelques secondes Lyrianna avait baissé sa garde, elle s’était préparée à encaisser un coup puissant.