Souvenirs de la Tour blanche

Calhaan était assis dans un coin de la taverne, près d'une fenêtre grande ouverte, qui laissait entrer la fraîcheur de la nuit.

Il était plongé dans un grand livre, d'un air rêveur, il s'arrêtait de temps à autre pour boire une gorgée de thé.

Il pensait que cet endroit serait plus mouvementé, c'est ce qu'on lui avait dit. Mais à sa grande satisfaction, les atréides semblaient calmes, ne se souciant pas vraiment de lui, ne posant pas de questions... C'est ce qu'il attendait.

C'est le bon endroit. Se dit il

C'est ici qu'une nouvelle ère débuterait.

La porte s'ouvrit avec fracas, poussée sans délicatesse par un pied boueux et humide.

- "PAR LES ABYSSES !! Je déteste la pluie !"

Brizza grommelait, son armure ruisselant d'un peu ragoûtant mélange d'eau, de boue, et de sang.
Elle se pencha vers l'avant, ébouriffant ses longs cheveux de jais, avant de se redresser rapidement pour redonner à sa coiffure un semblant de tenue. Ses yeux d'émeraude brillaient d'une colère à peine contenue.

Sawyer réprima un sourire, histoire d'éviter les piques de la bouillante Prêtresse, mais intérieurement il jubilait de ces moments où Brizza pestait contre les éléments, le destin, ou toute autre chose qu'un violent coup de masse ne pouvait résoudre.

- "Pffff, je ressemble à une serpillère en mailles. Si je croise Kallyope, elle risque de m'utiliser pour nettoyer les chambres de ces pouilleux !"
Elle se parlait à elle-même, mais n'était pas d'une franche discrétion. Ceci dit, elle semblait se moquer des clients de la taverne.

- "SAWYERRRRRR ! Une soupe chaude !!!"
L'aubergiste haussa les épaules, pour signifier qu'il avait bien entendu, tout en continuant son office. La donzelle prit la direction d'une table d'un pas décidé, table qui d'ailleurs se libéra rapidement à son approche.

- "Merci mes braves, merci !"
Elle prit place, un sourire de contentement au visage alors qu'elle sentait le feu la réchauffer. Tous les habitués le savaient : Brizza s'asseyait toujours à cette table, à la place la plus proche de la cheminée, déposant d'un côté sa lourde masse, de l'autre son bouclier. Son installation était un rituel qui ne surprenait désormais plus personne, sauf les nouveaux venus...

- "SAWYERRRRRR ! Une soupe chaude !!!"

Calhaan a écrit:

Un sale temps pour traîner dehors jeune demoiselle.
Peut-être puis-je vous offrir un thé?

En attendant sa soupe, Brizza laissa vagabonder son regard dans la taverne, avide de surprise - ce qui arrivait hélas rarement -.
Son regard s'attarda un temps sur un étranger encapuchonné.

Celui-ci sembla lui parler, mais le brouhaha était tel qu'elle ne parvint pas à l'entendre. En plus, il était un peu loin, près d'une fenêtre où s'engouffrait une brise glaciale - selon les critères de la Prêtresse -.

Mais comment peut-il apprécier un froid pareil ?

Elle lui cria : "Si tu veux me parler, tu lâches ta barbichette, tu te lèves, et tu marches jusqu'à moi."

Touriste va !

(Les phrase en italique sont des pensées )

Sawyer traversa la taverne, passant entre les tables et enjambant les obstacles avec une incontestable dextérité tout en maintenant son plateau de service droit. Il arriva à la table de Brizza avant qu'elle ne crie famine une troisième fois.

"Et voilà la soupe de madame !" il jeta un bol de bois remplit d'un potage qui dégagée une bonne vapeur odorante.

"Et la prochaine fois, tu pourras aller te servir seule" Fit il d'un large sourire, sachant trés bien qu'il y aurait un retour de flammes. "Aprés tout, les clients que je sers d'habitude payent pour leur repas". un clin d'oeil vint clore la petite phrase du tavernier.

Citation :

"Si tu veux me parler, tu lâches ta barbichette, tu te lèves, et tu marches jusqu'à moi."

Sawyer suivit les yeux de Brizza pour savoir à qui s'adressait cette phrase.
" Qui est ce ? Tu le connais ? j'espère que tu ne vas pas me faire fuir un autre client ! Aller je te laisse, l'appel du devoir... J'ai des clients à servir et ne crie plus pour tes commandes diantre !"

Sawyer fit un demi tour élégant tout en manipulant son plateau aussi bien qu'un templier manipulant un bouclier.

Ixia traversa en trombe la salle en trimballant sous les bras plusieurs planches de bois.
Elle avait un sourire garnit de clous et dans un sac à dos s'entassait pelle melle un manche de marteau ainsi que plusieurs pinceaux et divers baches.

Elle pietina pratiquement un client qui se tenait au pied de l'escalier qui menait à sa chambre mais n'accorda pas le moindre regard aux autres occupants des lieux : elle avait une chambre à refaire et elle comptait bien la finir vite et bien.

Il lui sembla néanmoins entendre la douce voix mélodieuse de Brizza .... mais ca pouvait aussi bien etre une porte claquée à cause d'un courant d'air.

Citation :

Si tu veux me parler, tu lâches ta barbichette, tu te lèves, et tu marches jusqu'à moi

Malgrés le brouhaha ambiant, Calhaan comprit parfaitement la jeune fille.

Il sourit, sachant maintenant à quoi s'attendre de la part de cette jeune fille.

Il s'approcha donc doucement de la table de la fille, évitant de justesse une femme d'une certaine carrure qui traversa la taverne en un éclair pour se rendre vers ce qui semblait être les chambres.

Lorsqu'il arriva devant la demoiselle qui ne paraissait pas vraiment s'interresser à lui, Calhaan fit une légère réverence et s'assit.

Il releva son capuchon, divulgant un visage plus très jeune mais pas non plus trop vieux, une longue chevelure grise et toujours le même sourire laissant transparaitre le calme et la sagesse.

Cap... Calhaan pour vous servir jeune fille, dite moi, mademoiselle?

Brizza avait le regard plongé dans les flammes de l'âtre, visiblement songeuse.
Elle avait perçu l'arrivée de Calhaan en vision périphérique, mais n'avait pas détournée son attention du feu pour autant.

- "J'ai toujours trouvé cela apaisant... Mais n'est-il pas troublant de trouver de la paix dans le plus parfait élément de destruction de ce monde ?"
Sa voix était douce, comme un murmure.

- "Toutefois, Calhaan, s'il me semble t'avoir autorisé à venir me parler, je n'ai pas le souvenir de t'avoir invité à ma table, et plus encore à t'y asseoir...
Ma mémoire est-elle défaillante, ou manques-tu juste d'une éducation de base ?"

Elle n'avait pas bougé, toujours fascinée par le feu.
Mais si elle n'avait pas parlé plus fort qu'auparavant, le ton était plus cinglant...

Calhaan continua à sourire.

Pour certains, le feu est destructeur et représente le mal, pour d'autre il est salvateur et permet de soigner tous les maux de ce monde...

Il fixa le petit brasier dans la cheminée.

Personnellement je préfère les blizzards que les brasiers. Dit il doucement.

Citation :

Toutefois, Calhaan, s'il me semble t'avoir autorisé à venir me parler, je n'ai pas le souvenir de t'avoir invité à ma table, et plus encore à t'y asseoir...
Ma mémoire est-elle défaillante, ou manques-tu juste d'une éducation de base ?"

Calhaan prit un sourire gêné.

Ho toutes mes excuses jeune fille, il est vrai que je me suis permis de m'installer sans votre approbation, un oubli, c'est l'âge vous savez. Finit-il en riant.

Il se leva, et s'apprêta à repartir vers sa table, cela ne l'ennuyait pas car il souhaitait continuer son ouvrage.

Son regard n'avait pas bougé, pas cillé. On aurait pu la croire en pleine rêverie, mais c'était sans doute mal la connaître.

Sa main droite lui fit signe de s'asseoir.
- "Tu peux rester, évidemment. C'est juste une habitude, celle de mettre les gens en défaut, pour qu'ils se sentent mal à l'aise en ma présence.
La manière dont ils réagissent révèlent tellement de chose sur leur caractère. Il n'y a pas de fard, la nature véritable transparaît dans ces moments là..."

Un léger sourire éclaira son visage.

- "Tu ne me sembles pas propice à la colère. Mais aimer le froid, quel manque de goût !
De quoi parle ton ouvrage ?"

Le dialogue était un peu atypique : beaucoup se seraient offusqués de son attitude, car elle n'avait toujours pas posé le moindre regard sur Calhaan depuis son arrivée à sa table.

Calhaan se retourna doucement et vint s'asseoir non plus à la table de Brizza mais à celle d'à côté.

Citation :

"Tu peux rester, évidemment. C'est juste une habitude, celle de mettre les gens en défaut, pour qu'ils se sentent mal à l'aise en ma présence.
La manière dont ils réagissent révèlent tellement de chose sur leur caractère. Il n'y a pas de fard, la nature véritable transparaît dans ces moments là..."

Ho mais il m'en faut plus pour me mettre mal à l'aise jeune fille! Dit-il en souriant de plus belle.

Personnellement, je ne cherche pas à connaitre la nature profonde des gens, c'est leur choix de la laisser transparaitre ou pas.

Il but une gorgée de thé.

Néanmoins, certaines personnes doivent se formaliser de ce genre d'acceuil, si vous voulez mon avis, vous devriez le revoir. Dit il en observant la nuit par la fenêtre ouverte.

Citation :

"Tu ne me sembles pas propice à la colère. Mais aimer le froid, quel manque de goût !
De quoi parle ton ouvrage ?"

Ho, j'ai appris depuis bien longtemps que lors d'une conversation, le perdant est le premier qui s'énerve et puis, il y a déjà assez de violence et de haine au dehors vous ne croyez pas?

Il n'attendait pas vraiment de réponse, il continua à boire son thé et médita quelques instants sur ses derniers propos.

Calhaan a écrit:

Néanmoins, certaines personnes doivent se formaliser de ce genre d'acceuil, si vous voulez mon avis, vous devriez le revoir. Dit il en observant la nuit par la fenêtre ouverte.

Ho, j'ai appris depuis bien longtemps que lors d'une conversation, le perdant est le premier qui s'énerve et puis, il y a déjà assez de violence et de haine au dehors vous ne croyez pas?

- "Que les gens se formalisent m'importe peu.
Quant à la violence et à la haine de notre monde, je suis toujours stupéfaite d'entendre des complaintes à ce sujet : Atréia est devenue ce que nous en avons fait, Atréia est à notre image. Ni plus, ni moins.
Mais le commun des mortels est prompt à se plaindre, mais peu enclin à agir pour que cela change...

Alors oui, j'en conviens volontiers : je ne m'intéresse pas au pouilleux qui se formalise pour un rien, qui sanglote sur la guerre, la famine, la haine et la violence.
Etes-vous de ceux qui subissent, ou de ceux qui agissent ?"

Elle tourna alors sa tête, et plongea son regard dans celui de Calhaan...

Sawyer était à droite et à gauche, répondant au mieux aux commandes à cette heure de forte affluence. Il ne remarqua pas l'entrée du vieil aveugle dans un premier temps, ce n'est qu'aprés de longues minutes qu'il fit attention au nouvel arrivant.

" Ah Turel ! Tu tombes au bon moment. Je n'avais presque plus de réserves ! Tu les as ?"
Il s'approcha, remarquant le petit paquet que tenait Turel à la main.

"Ahhhh oui tu les as, excellent ! Parfait ! Je ne connais pas ton secret, il n'y a vraiment que toi qui peut me fournir cette marchandise dans la région et ... C'est plutôt bon pour mes affaires, les rivaux sont enragés de savoir que je peux me procurer cet ingrédient" Sawyer glissait ses mots à voix basse et seule une oreille avisée pouvait percevoir quelques brides de cette conversation.

Le tavernier prit délicatement le paquet et commença à se retirer comme s'il tenait un trésor. Il se retourna avant de disparaître derrière son comptoir.
" Au fait il y a Brizza ce soir en pleine discussion avec un voyageur et Ixia qui bricole je ne sais quoi à l'étage. Sinon ta table est toujours libre si tu as besoin de solitude. Va t'installer, je vais ranger ça et je t'apporte de la bonne ripaille ! hehe"

Turel se dirigea vers la table de Brizza en esquivant avec habileté les jambes étendues et les chaises en travers de son chemin. Encore une fois son infirmité ne semblait pas être un obstacle à sa progression dans la taverne.

Il arriva au niveau de la prêtresse silencieuse qui fixait le voyageur.

L'ermite mit une main sur un dossier de chaise.
" Un vieil homme lassé de la solitude d'une journée passée en forêt peut il s'installer à votre table ?"

Un hurlement retenti à l'étage :

- Putain de bordel de merde de planche de pacotille de ...... Raahhhhh.

Planté là, sans bruit, devant la chambre où travaillait Ixia depuis tout à l’heure, Goran assista à la dégringolade de l’échafaudage sur lequel elle s’était juchée et fut presque décoiffé par le ci retentissant qui s’en suivi.
Les yeux ronds, bouche bée, le Shugo ne réagit pas tout de suite.
Lorsque finalement la guerrière leva les yeux vers lui, il pointa son doigt vers elle et cria à son tour comme s’il venait d’assister à la scène la plus terrifiante de sa vie.

« - Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! »

Il dévala les escalier en hurlant, déboula dans la salle et fila droit vers la table où se trouvait Brizza, toujours comme s’il avait un Balaur à ses trousses.

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Aaaaaaaaaaaaa. … »

Arrivé près des trois silhouettes humaines, il s’arrêta net avec une expression de surprise sur son visage. Ses yeux passèrent de l’un à l’autre pendant un moment, comme si c’étaient eux qui venaient soudain d’apparaître dans la pièce en plein milieu de l'une de ses activités. Sa dégaine un peu miteuse et chétive prêtait encore plus à sourire avec les bras ballants qui lui pendaient le long du corps et son air absolument interdit.

Puis, sans transition aucune, il émit un sifflement admiratif et s’approcha de la cuisse de la prêtresse. Il plissa les yeux, haussa un sourcil et se gratta le menton. Ses doigts commencèrent alors à triturer les mailles de l’armure de Brizza: il testait la solidité des plaques, se penchait sur les coutures des joints et comme s’il était visiblement seul au monde, il se mit à marmonner.

« - Mmmmmmmh oui… Jolie étoffe. Jolie. Oui… Oui… Mais combien ? Combien pour cette jolie étoffe mmmh ? Combien, Oui voilà la question. Jolie étoffe. »

Alors qu’il levait la tête vers Brizza sans doute pour demander le prix de son « étoffe », il s’aperçu soudain de la présence de l’homme assit en face d’elle et fut prit de panique. Dans un petit cri qui ressemblait plutôt à un jappement, il se tourna et se glissa entre la chaise de la Daeva et les jambes de Turel - qui’il poussa d’ailleurs un peu – pour se réfugier derrière la prêtresse.

Il se tint ainsi, tremblotant de tout son corps, et serrait de toutes ses forces les pans de la cape de Brizza qui tombaient autour d’elle.

Calhaan soutint le regarde de la jeune femme toujours en souriant.

Je suis un peu des deux je crois.


Il se leva lorsqu'un vieil homme s'approcha de la table de Brizza, il était exactement comme on l'avait décrit.

Sir Turel? Honoré de vous rencontrer.

Il le salua.

Je m'appel Calhaan, un voyageur plus très jeune qui avait besoin de repos et d'un peu de thé. Dit il en riant.


Après quoi il suivit des yeux le drôle de personnage qui avait inspecté l'armure de la jeune femme, après quoi il s'était caché derrière celle-ci.

N'ais pas peur mon garçon, je ne te ferai aucun mal.

Sa voix était remplie d'une douceur, utilisée habituellement pour parler aux enfants.

Turel a écrit:

" Un vieil homme lassé de la solitude d'une journée passée en forêt peut il s'installer à votre table ?"

Brizza posa un regard compatissant sur le vieil aveugle.
- "Evidemment Turel, et tu sais fort bien qu'il ne t'est pas nécessaire de demander la permission. Je te l'ai dit mille fois, mais je pense que mille fois encore tu persisteras à faire ta demande... J'espère que tout s'est bien passé pour toi.

Ce sire qui semble te connaître, c'est Calhaan.
Et celui qui va se prendre un gant clouté dans sa petite face de fouine s'il ne sort rapidement, c'est Goran..."

Brizza veillait toujours à ce que Turel ne se loupe pas lorsqu'il s'asseyait, mais son assurance et sa dextérité lui faisaient à chaque fois douter de son infirmité.

- "Il va beaucoup te plaire, Turel. Encore un vieux vagabond qui résume la sagesse à un 'Ptete bien que oui, ptete bien que non'..."

"Merci bien."

Turel prit place.

"Bonsoir Calhaan, puis je savoir d'où vous connaissez mon nom ? je ne pensais pas être une célébrité dans ces contrées."

Turel gardait un visage droit et neutre.

Ixia retraversa la salle d'un pas vif en trainant derriere elle un morceaux de bois cassé en deux.
Là encore elle ignora tout le monde en bousculant un ou deux convives.

On entendit trés distinctement les mots : camelote, Shugo et Onasa

Tapotant sur la table, chaque doigt faisant un bruit sourd sur le bois, Brizza commença un étrange décompte...

- "10... 9... 8..."

Elle sourit au passage de son amie, toujours étonnée de sa persistence à vouloir réaliser des tâches pour lesquelles elle n'était particulièrement pas douée.

Citation :

Et bien, il semblerait que vous ne soyez pas si inconnu que ça.

" Bien, je vois que vous n'êtes pas décidé à me répondre. Qu'il en soit ainsi..."

Turel avait noté une différence dans la voix lorsque le vagabond lui posa la dernière question. Comme si l'étranger voulait attaquer un sujet plus sensible.

" le dirigeant de cet endroit ? C'est le tavernier... Comme dans toute taverne. Içi c'est Sawyer qui dirige son petit commerce, si vous criez son nom il viendra avec une rapidité fulgurante, a quel sujet voulez vous le voir ? Votre thé n'est pas à votre goût ?"

Turel avait parfaitement senti l'odeur de la boisson.

Turel prêta l'oreille au décompte de Brizza... Il devait forcément y avoir un lien avec la créature qui avait franchi son "périmètre de défense" et qui lui trippotait la cape depuis déjà quelques secondes.