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 Ni avenir ni passé

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Leire

Leire


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MessageSujet: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptySam 8 Jan - 12:33

Quand on est enfant, il y a des choses que l’on ne comprend pas. Quand on est enfant, il y a des choses que l’on ne conçoit pas. Quand on est enfant, il y a des choses que l’on ne supporte pas. Quand la vie bascule et sombre dans l’horreur. Quand en quelques secondes tout ce qui est disparait. Quand d’un claquement de doigt l’enfer apparait à vos yeux. Quand on est enfant, il y a des choses qui n’existent pas.



J’ouvre les yeux calmement. Je suis reposé et ma respiration est lente et régulière. Je suis bien. Je sais qu’il va venir d’un instant à l’autre. Toujours se rêve, le même rêve, étrange. Les mêmes images de choses dont je n’ai pas connaissance. Quel est cet endroit. J’ais parcouru maintes fois Asmodae. J’ais visiter ses terres avec soin, dans tous les sens, mais jamais je n’ai vu cet endroit. Il manque quelque chose dans mon esprit. C’est l’heure, je le sens. Alors je me lève, poster là, dans l’angle de la pièce, je serais bien.

« DEBOUT VAURIEN !! »

La masse de métal qui s’abat lourdement sur le lit de bois en fait craquer chaque fibre.

« HAHA TU ME PLAIT DE PLUS EN PLUS VAURIEN !! »

Parfois il me dégoute. Son rire gras, son odeur pestilentielle. Comment espère-t-il me surprendre. Même un Clerc stupide ne se laisserait pas prendre au dépourvu. Ce général n’est qu’un animal. Sale et Puant, sans la moindre once de respect pour la vie ni quoi que se soit d’autres d’ailleurs. Comment en suis-je arrivé là …

Un immense frisson me parcours l’échine, sans réfléchir une demi seconde je plonge en avant, pour finir en roulade sur le sol. Je ne suis pas encore debout que j’entends les deux petits bruits secs des dagues qui se plantent dans le mur de terre et de rocaille. Je me maudis !! Ce puant a bien failli me faire avoir. Je frappe le sol de mon poing, mes os craquent et ma main saigne.

« Allons Leire, tu as échappé au pire, ne soit pas si dur avec toi-même, tu apprendras »

Je lève les yeux vers lui, rouges et emplis de colère, et lui me regarde avec son rictus habituel fendant son visage émacié, tandis que se porc de général rit de plus belle de me voir démuni. Cela fait tellement longtemps. Mon apprentissage et mes échecs prennent tellement de place dans ma vie que je ne sais plus si un jour a existé un avant. Ais je vécu hier … Je ne saurais le dire.



Quand on ne voit pas l’avenir il est impossible de penser au lendemain. Quand on ne voit pas l’avenir même le mot demain semble irréel. Quand on ne voit pas l’avenir tout le reste est invisible. Quand on est devenu aveugle ou aveuglé on ne sait plus que hier a existé. Hier, le passé, un rêve qui sait ... une quête.
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Leire

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MessageSujet: Errances   Ni avenir ni passé EmptyMer 12 Jan - 0:06

Les premiers rayons de l’astre sont à peine visibles, diffusant une pâle et laiteuse lueur dans la brume encore présente. L’air en devient presque palpable. L’astre lui-même est encore invisible, pourtant la vie frémie déjà, prémisse d’un nouveau jour qui illuminera cette terre si belle, dont il ne verra rien. Un jour, comme les autres pour Leire, enfermé dans son propre esprit.

Réveil en sursaut. Parfois par son maitre, parfois par le général, parfois les deux, qu’importe. Cette attaque matinale est devenue si feinte et triste, vaine. Jamais personne d’autre. D’ailleurs, à bien y réfléchir, Leire est tenu bien à l’écart des autres, et foi de futur assassin, l’envie de les rencontrer ne se fait pas vraiment sentir. Il vit renfermé sur lui-même, enfermé sur lui-même, en autarcie ou presque. Il a ses escapades secrètes à travers les terres d’Asmodae et finalement, cela lui suffit.

Une fois bien éveillé, il doit obligatoirement se rendre à sa séance de transformation. Personne ne lui a jamais expliqué de quoi il s’agit. Et lui-même ne se rend compte de rien car pendant ces séances il est endormi. Après une brève toilette matinale, il doit boire un breuvage spécial, source de sa force et de son efficacité d’après son maitre. Est ce faux ou vrai, dans un sens, il s’en moque bien. Seul le réveil est à chaque fois douloureux. Allez savoir pourquoi. Quelques mots de temps en temps parviennent à ses oreilles mais il ne comprend pas. Pieds, peau, griffes, rien de bien concret dans une vie en bulle.

Un peut avant sa séance, le général rassemble ses hommes, et ils partent en expédition. A quoi bon demander où, personne ne lui répondrait. Il ne vois rien en vérité, mais les sons et les odeurs lui racontent les choses invisibles. Il se sent un peu comme un paria, et étrangement, n’en ressent aucune gêne ni aucun manque. Sa vie est vidée de sens, et cela ne semble pas lui poser de problème. Il ne vit que pour s’entrainer, et s’entrainer encore.

A la mi-journée, la troupe revient de son expédition, peut de temps après son douloureux réveil. Mais là encore, aucun contact, aucun échange, surtout pas un regard. Juste les éffluves de sueur et de sang, des relents de brulé et de chair à nue. Il reste seul parmi ces brutes sanguinaires. Seul avec son maitre et se général si pitoyable. Ils les entent rire grassement, se vanter de quelque exploit du jour ou de la veille, de vieilles rengaines. Puis plus rien. Alors vient l’heure de son entrainement. Course, saut, force brute, pendant des heures et des heures. Il peu suer sang et eau, saigner par de multiples blessures, il le sait, rien ne fera stopper son maitre dans cette danse macabre ou lui seul, Leire, est la marionnette de chiffon, sauf peut être sa mort. Mais même ca, il ne l’envisage pas vraiment.

En fin de journée, quand la lumière de l’astre faiblie lentement et inexorablement, que les corps deviennent des ombres et les arbres dans le vent des fantômes dansant pour le compte d’une quelconque divine et sombre entité, l’entrainement passe alors de la force brutale et pure, à la ruse et à la maitrise de soit. Observation, tous les sens en éveil, respiration, contrôle de son cœur et de son battement, si bruyant. Ruse et fourberie sont au menu de cette période. C’est le moment où la mort caresse ses sens dans l’espoir de le tirer à elle. Le moment où la moindre faille peut l’envoyer directement sous terre, une fois pour toute. Mais là encore, le vide de sa vie lui rend les choses si simples et sans alternatives, même si la souffrance est là, elle n’est que physique. Lui rappelant à chaque instant que son enveloppe charnelle, si frêle, est encore son pire ennemi.

Un frugal repas, dans le silence le plus total, précède enfin le repos. Pourtant lui, ne dors pas vraiment, hanté par ces images qu’il ne sait pas expliquer. Alors la nuit, il sort du camp et part à l’assaut des terres inconnues, à la recherche de ses images sans doute irréelles et illusoires, inscrites dans sa tête. Personne ne l’a jamais remarqué et à vrai dire, il n’a jamais envisagé que quelqu’un un jour s’en aperçoive. Comme chaque nuit, après des heures de course à pied dans toutes les directions, il revient, l’esprit aussi vide de réponse que la veille. Demain il retournera chercher.

Enfin le souffle de l’apaisement prend sa revanche, et Leire sombre dans un profond sommeil. Bref instant de répits dans cette vie dénuée de sens. Mais pour éveiller le dormeur, il faut un bruit assourdissant. Et dans son monde vide et sans écho, rien ne peut le tirer vers une autre existence. Et dans quelques heures, les premiers rayons de l’astre, diffus, rendront l’air presque palpable, et la vie frémira de nouveau, comme la veille.

C’est ainsi que passent comme un instant fugace, une étincelle de vie, 15 longues années. Un fragment si insignifiant de l’univers.
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MessageSujet: Eternitée   Ni avenir ni passé EmptyMer 12 Jan - 17:57

Leire attend, comme tous les petits matins. Mais rien ne se passe, à tel point que le calme fini par devenir assourdissant et menaçant. Chaque minute qui passe pèse un peu plus sur lui. Le doute et la crainte s'insinuent tout doucement. Lors de son dernier entrainement il a bien senti que quelque chose se tramait. Le regard de son maître a changé imperceptiblement, même si celui-ci essayait de s'en cacher. Qu'est ce que cela pouvait bien vouloir dire ? Ou présager. En réalité il n'en savait rien, mais cette attente devenait insupportable.

C'est le grincement lugubre de la porte et les bruits de pas qui le prennent par surprise. Jamais ses "attaquants" n'avaient fait le moindre bruit en entrant dans cette pièce qui lui sert de chambre et de prison. Il est évident qu'il se passe quelque chose de grave, Leire perd de sa superbe et l'angoisse monte encore d'un cran. Un dernier bruit, tout son être est tendu comme un arc, prêt à bondir comme un diable au moindre geste, au moindre courant d'air. Prêt à exploser !

"Approche Leire, nous avons à parler tous les deux".

C'est la voix de son maître, il est seul, assis sur la table piteuse et sale posée dans un coin de la pièce. Il semble calme et serein. Pas de colère, ni aucun sentiment d'aucune sorte visible sur son visage. Il est juste là, et il attend. Jamais il ne répétait un ordre. Alors Leire lentement, très prudemment, sort de sa cachette. Son maître le repère alors et tourne la tête vers lui, un léger rictus semblant illuminer son visage.

"Décidément tu es doué jeune vaurien".

Sa voix est si calme et détendue. Et ce mot qu'il n'avait encore jamais utilisé contrairement au général, vaurien, il l'avait dis presque avec un sourire pour peu qu'il en eût été capable. Son comportement est décidément bien étrange, mais qu'importe, si une chose semble absente de son aura, c'est bien le danger. Leire décide alors de venir s'installer assis au pied de son lit, visiblement en attente de réponses et d'explications de la part de son maître si mystérieux se matin. Ainsi le jeune vaurien et le maître se font face. Un étranger aurait à cet instant pu croire que les deux se parlent rien qu'au travers de leurs regards. Mais il n'en est rien.

"La première phase de ton entrainement touche à sa fin"
"Désormais tu dois passer le test de l'ascension"

Le ton de son maître était parfaitement calme. Les deux protagonistes, face à face, respirent la quiétude. Mais un mot surprend Leire. Ascension ? Mais de quoi voulais parler son maître. Lors de ses voyages nocturnes il a gravi déjà bien des monts et des montagnes, et aucune ne lui avait résisté. Ce test serait donc aussi simple que cela ?

"Je te passe les détails sans importance, mais tu dois évoluer de façon radicale."

Toujours imperturbable visuellement, Leire passe par tous les états. Evoluer, de façon radicale, était-ce en rapport avec ces séances matinales et douloureuses au réveil ? Décidément … il semble que son quotidien ne sera plus jamais le même. Partagé entre curiosité et prudence, il écoute les paroles de son maître. Sans réagir face à cette étrange histoire.

...

"Tu sais tout ce qu'il y a à savoir, Maintenant suis moi."

Alors les deux se lèvent et se dirigent vers la cours. C'est la première fois que Leire vois cette cours pleine de soldats, enfin, plutôt de braillards puants et grognants, et en plein jour. Il laisse glisser sur lui les regards pesants, sachant déjà que dans son monde, baisser les yeux c'est mourir dans les 10 secondes. Bientôt les portes du fortin disparaissent derrière la colline. Le bandeau de terre sale, poussiéreux, s'étale devant eux comme une invite, un appel. Ils marchent en silence, les sens aux aguets, au cas où … Au bout de quelques heures de marche, ils se présentent devant un homme, un sage érudit à voir sa tenue soignée et savamment ornée. S'en suis alors un dialogue entre le maître et l'homme dont Leire ne comprend rien.

"Tu n'a plus qu'à faire ce que t'indiquera cet homme Leire, quand tu aura passé le test, nous nous retrouverons".

Alors il tourne les talons, et s'éloigne sans un regard en arrière.

Leire se retrouve seul, devant cet homme qu'il ne connait pas, à devoir faire quelque chose dont il n'a aucune idée. Malgré tout, il veut rester confiant. Après tant d'années d'entrainement, pourquoi faiblirait-il maintenant … L'homme commence alors ces explications. Son ton est monocorde, presque las, sans vie. Un nouveau monde se découvre alors, Leire n'en crois pas ses oreilles mais reste imperturbable. Sa vie allait changer à jamais.

Il ne savait pas que ce n'était pas la première fois.
Il ne savait pas que ce ne serait pas la dernière.
Et il s'en moquait !
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Leire

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MessageSujet: Désenchanté   Ni avenir ni passé EmptyJeu 20 Jan - 15:44

Il se sent différent, tellement différent. Plus fort, plus rapide, plus … immortel. Cette ascension pour sûr a changé sa vie à jamais. Il n'a simplement pas idée à quel point. D'ailleurs, quel Daeva se rend compte réellement de ce que vas engendrer pour lui cette évolution. Grisés par cette nouvelle puissance, se sentiment immense de ne plus avoir de limites, aucun d'eux ne se pose de questions, ou alors bien plus tard … trop tard. Quoi qu'il en soit, c'est un Leire nouveau qui marche fièrement sur le chemin du retour vers la caserne, ou plutôt du campement. A tel point qu'il ne remarque même pas le rictus à peine voilé qui fini par fendre ostensiblement le visage de son maitre.

C'est en réapparaissant au Kisk du camp pour la première fois qu'il comprend que sa toute nouvelle condition ne va pas lui apporter que des bienfaits. Sonné, surpris, ébahi presque par ce qui vient de ce passer. Pourtant il faut se rendre à l'évidence, désormais, tout vas changer. Pour une fois le maitre n'a pas retenu son coup, forçant Leire dans sa première expérience de la réapparition au Kisk. Désorientation, douleur physique, morale aussi, frustration, vengeance. C'est clair, le maitre ne retiendra plus ses coups, et à chacune de ses faiblesses, Leire subira le "Retour".

Il ne faut à notre nouvel immortel que quelques jours pour finalement, regretter son ancien statut. Au bout d'une semaine, pas une seule fois il n'est arrivé à éviter l'attaque nocturne. Impossible de fermer l'œil, le maitre peut surgir n'importe quand, fini les attaques au réveil, désormais, toute la nuit est sujette à la peur. Et si la peur s'endort, elle laisse place à la surprise, pour finir par une réapparition douloureuse. Jamais, quand il était humain, il n'avait autant souffert. Son immortalité le soumet désormais à toutes les souffrances, sans plus aucune retenue. Et sa vie reprend son cour, pire qu'avant. Quel désenchantement.



Le temps passe. Les souffrances s'estompent. Oh bien sûr, pas en vrai. Mais à force de subir, Leire fini aussi par s'habituer, et finalement par supporter l'insupportable. Lentement mais surement, il progresse, deviens plus malin, plus rusé, plus efficace. L'entrainement de son maitre porte ses fruits, sans brusquerie ni rupture. Ses "Retours" se font de plus en plus rares. Ses sens deviennent capables de surpasser tout ce qu'il aurait pu imaginer. Désormais il entend nettement le battement des cœurs, le souffle des respirations, le bruissement des tissus et des cuirs, le grincement des armures lourdes devenant lui carrément assourdissant. Il peut voir le sillage du vol des oiseaux et entendre le souffle de leurs ailes dans le vent. Voir l'invisible, le ressentir, le toucher presque.

Mais tout ceci eut un prix. Il lui était devenu impossible de reprendre ses escapades nocturnes pour chercher l'endroit qui hante son esprit depuis l'enfance. Mais qu'importe, désormais il a tout le temps qu'il désire. Tout au moins c'est ce qu'il croit.



Et le temps passe encore. Glisse sur les jours et les mois comme une feuille sur la rivière, porté par la vie et le temps, mais jamais avalé.

Voilà plusieurs longues années que Leire est Daeva. A ce jour, il peut pratiquement "Prévoir" l'heure de l'attaque, "Prévoir" les coups portés en combats avant même que l'adversaire n'entame son geste. Sa vision du monde est devenue si différente. Beaucoup plus sûr de lui, il décide au risque d'être pris de reprendre ses escapades. Il se sent bien assez fort désormais pour savoir quand il faut qu'il soit de retour. Et force est de constater qu'il ne se trompe pas. Sans pouvoir l'expliquer, sa compréhension du monde est devenue si profonde que l'avenir proche presque, se dévoile à lui. A peine quelques jours plus tard il apprend la nouvelle de la bouche de son maitre.

"Dans quelques jours tu sera prêt, et tu viendras avec nous en expédition pour finir ton entrainement".

Ainsi donc, après des années à être exclu de la troupe, reclus dans ses quartiers, il allait "Faire partie". Participer aux expéditions journalières menées par se général décidemment toujours aussi sale et puant. Mais qu'importe. Un mélange de légère angoisse et d'excitation le pénètre. La découverte de l'inconnu. La découverte des "Expéditions" avec la troupe. Est' il prêt … Si son maitre le dis, pourquoi en douter. Il se sent prêt, prêt à tout. Il se pose alors la question … son maitre est-il un des meilleurs assassins du royaume d'Asmodae ? Et lui-même est-il devenu un très bon assassin ? Il n'allait pas tarder à le savoir.

La veille de sa première participation, son maitre lui avait annoncé la nouvelle de sa voix monocorde et sans âme. Presque une formalité. Mais Leire se sent particulièrement nerveux. Impossible ni de fermer un œil, enfin à sa façon, ni même de tenir en place, il faut qu'il cour, vole, saute. Il faut qu'il gravisse les montagnes les plus hautes, et plane à travers les plaines les plus vastes. Quel sentiment enivrant. Finalement un peu calmé, repus de dépense physique, d'adrénaline, et l'esprit apaisé, il rentre au campement. Se laisse planer sans bruit dans le vent tiède qui balaye la poussière et reste un instant là, en l'air, porté presque immobile par cette brise. C'est là qu'il remarque quelque chose d'étrange.

De sa position aérienne, en surplomb du camp, il ne peut pas se tromper. Improbable lieu pour espionner, qui lui donne visiblement à voir quelque chose qu'il n'aurait pas du voir. C'était pourtant si furtif. Il est sûr de lui, suffisamment pour savoir qu'il n'a pas rêvé. Une ombre vient d'entrer dans la petite bâtisse qui abrite le général et son maitre. Il se fige dans son vol.
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Leire

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MessageSujet: Fuite en avant   Ni avenir ni passé EmptyLun 31 Jan - 23:37

Leire tend l'oreille et se concentre de son mieux, malgré sa position instable. Il est nettement plus compliqué d'entendre les choses, ou de les distinguer, quand il faut en plus être attentif à son vol plané. Il ne prend pas conscience alors du mélange malsain d'excitation, de curiosité et d'inquiétude, qui s'insinue lentement dans tout son être. Milles choses lui traversent l'esprit, rendant sa concentration encore plus aléatoire. Il secoue sa tête, se focalise sur la porte et la petite fenêtre du cabanon qu'il entraperçoit de sa position. Concentré au maximum il fait le vide dans son esprit.

Un premier bruit quasiment inaudible se fait entendre, suivi d'un second, deux secondes plus tard. Un bruit si caractéristique que Leire le reconnait de suite. Incrédule, il fixe toujours les ouvertures, n'osant bouger, sans doute autant par peur de rater quelque chose de par peur d'être repéré. Soudain, une ombre dans un coin de son regard accroche son attention. Une ombre qui ne pouvait être autre chose qu'une forme de Daeva. De suite il comprît deux choses. Il ne s'était pas trompé sur les bruits, c'était bien le son de corps qui tombent lourdement sur le sol. Forcément les corps de son maitre et de se général immonde. Mais aussi que cette personne avait été capable de sortir de la bâtisse sans qu'il la voie, alors même qu'il avait les yeux braqués dessus.

Son sang ne fait qu'un tour et sa décision est instantanée. Inutile de risquer de perdre la trace de ce Daeva pour aller voir dans le cabanon, sachant par avance ce qu'il y trouverait. Il se mit donc en chasse pour tenter de suivre l'assassin. Oh bien sûr il n'en avait aucune preuve mais, qui d'autre aurait pût ne serait-ce qu'approcher les deux hommes sans qu'ils ne s'en rendent compte, si ce n'était un assassin. Et probablement un sacré bon car son maitre n'était pas un Daeva sans expérience. Alors qu'il se lance à la poursuite de cette ombre, un frisson puissant lui électrise tout le corps. Et s'il se faisait repéré ? Nul doute qu'il ne faudrait pas longtemps à cet assassin pour le tuer lui aussi, vu qu'il n'était pas encore à la fin de sa formation. Pourtant … L'excitation, la curiosité, l'adrénaline sans doute, le poussent à continuer.

100 fois il perd l'ombre de vue, et 100 fois il la retrouve. Chance, expérience, acuité, dont de naissance, il n'en sait rien, mais commence sérieusement à se poser des questions. Le calme revenant dans son esprit, il lui redevient possible de "Réfléchir" et d'analyser la situation plus sereinement. Au final, il ne comprend pas bien les choses. Cet assassin est capable de tuer en deux secondes un maitre assassin entrainé et un général qui, même puant et grossier, n'en était pas moins dangereux et combatif. Le tout sans un bruit. Et malgré tout, lui Leire, assassin encore en formation est capable de suivre cette ombre sans être repéré par elle ? Il est visiblement idiot et utopique de penser qu'il est réellement capable d'une telle chose. Mais alors quoi …

Leire en est à peut de choses près à cette réflexion quand quelque chose au loin le stop net dans ses pensées. Une ombre grandissante et gigantesque qui semble le menacer plus ouvertement au fur et à mesure qu'il en approche. Un château qui en plein jour devait être majestueux. Nul doute sur la destination de l'ombre assassine. Et vu la conclusion de sa réflexion, il serait sans doute plus que stupide de vouloir suivre l'ombre à l'intérieur. Il serait sans doute tout aussi stupide de vouloir même s'en approcher, sans savoir au moins qui est le maitre des lieux. Et puisque la première partie de son objectif, dont il n'a pas encore pleine conscience est atteint, inutile de risquer quoi que se soit pour le moment.

C'est avec un pincement au cœur qu'il décide de laisser partir sa proie. Tout au moins, penser cela le rassurait un peu, même si il ne se faisait pas trop d'illusions. Mais pour comprendre, il devait dormir un peu, et se remémorer les événements au calme, avec sérénité, et alors il verra ce qu'il doit en déduire. Dans un petit sous bois pas trop éloigné de la route, il avise une petite cabane, posée là au pied d'un arbre surement centenaire. Pas les moyens ni le temps de faire des chichis, l'arbre ira très bien pour passer le reste la nuit avec un minimum de sécurité.

Alors il rassemble quelques brindilles sèches qu'il pose à l'intérieur juste derrière la porte. Dispose à des endroits choisis alentours quelques pièges sonores, anodins pour le commun des Daeva, mais d'une efficacité redoutable pour un assassin un peu entrainé et qui ne dort que d'une oreille. En quelques minutes, l'endroit est sûr, tout au moins il l'est raisonnablement. Pour finir, quelques branches bien fournies en feuille autour de lui et le Daeva s'installe inconfortablement pour la nuit sur une des plus hautes et solide branche de l'arbre. L'excitation retombée, la fatigue, l'inquiétude, les questions, tout tourne et danse dans son esprit, dans un mouvement langoureux et somnifère.
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Lyrianna

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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyMar 8 Fév - 11:22

Alors que langoureusement il se détachait de la chaleur de son eternelle maitresse, il s'eleva lentement pour se méler à sa soeur. Et c'est dans un balais immuable et ephémère à la fois, que tout deux finissant par etre qu'un, carressaient tout ce qui les entouraient, laisssant alors qu'une fine trace de leur passage sur ce qu'ils avaient touché.

L'astre, avait comme toujours du mal à se montrer sur cette plaine gelée d'asmodée, mais le brouillard et la brume à cette heure matinale, ne manquaient jamais aucun rendez vous. C'est eux qui reveillèrent donc Leire, emportant dans leur danse guidée par les vents balayant la plaine, une odeur qui ne pouvait pas faire autrement que de titiller les sens du rodeur, l'odeur d'une boisson chaude épicée et sucrée. L'instint est certes l'apanache des animaux mais quand la nuit fut courte et froide, quand l'humidité ambiante vous empeche de profiter pleinement du repos réparateur que la nuit doit vous apporter, alors l'effluve discrete d'une thé épicé au miel ne peux qu' appeler l'esprit du dormeur.

Elle était là, discrete comme un souffle, l'observant dormir. Elle avait passé presque une heure à le regarder, car elle croyait fermement qu'on apprennait beaucoup sur les gens en les regardand dormir. Evidemment ce n'était pas donné à tout le monde de pouvoir observer les nuits des autres, mais elle le faisait régulièrement et sur toute sorte de personnes. Ce matin là, elle observait donc celui qui avait réussit à l'apercevoir et à la suivre jusque là, alors qu'elle était en mission.

Bien sur son premier reflexe au départ avait été de le tuer simplement, ne laisser aucune trace derrière elle était tout de même une de ses regles d'or. Pourtant, son esprit toujours en eveil, toujours à la recherche de la perfection pour elle, pour son art et pour tout ce qui l'entoure, lui avait glissé un soupçon de tolérance qui lui fit prendre la décion d'épargner la vie de ce jeune assassin. Car il n'y avait aucun doute, il était jeune et il avait été formé aux arts sombres.

Là aussi son esprit n'avait pu manquer de lui faire remarquer qu'un etre aussi doué avait sans doute quelque chose de plus que les autres, son maitre qu'elle venait de tuer sans aucune difficulté ne pouvait pas etre à l'origine de ces manières. Ce jeune homme devait etre observé.

Un léger mouvement des yeux, ses mains commençaient également à se mouvoir, le jeune deava n'allait pas tarder à s'éveiller vraiment. Lyrianna instinctivement se mit sur ses gardes alors qu'elle se fondait lentement dans les ombres naissantes des arbres biscornus alentours.
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Leire

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MessageSujet: Nouvelle vie   Ni avenir ni passé EmptyMer 9 Fév - 22:15

Le sommeil a tardé à venir. La nuit particulièrement fraiche et humide, pénétrante et glacée, la forêt inhospitalière et inconnue, et enfin, tout un tas de pensées plus folles les unes que les autres qui tournoient dans sa tête dans un tourbillon ravageur de repos. Bref en quelques mots, la nuit fût plus que courte. Dans ces conditions, quel réconfort, quel plaisir que cette odeur qui s’infiltre insidieusement dans ses narines. Bon sang que ca à l’air bon !

Même si il était évidemment bien trop tard, en à peine une seconde Leire est debout, dagues en main et se fond déjà dans la pénombre de la frondaison. Il reste ainsi, immobile, se sentant stupide sans mesurer encore à quel point. Alors il pose les yeux sur cette tasse de thé, et enfin le soleil se lève sur son esprit. Si hier encore pendant cette poursuite étrange pouvait subsister un doute, se matin, il se volatilise. Il ne croyait en rien, sinon il aurait bien fait quelques vœux auprès d’une icone quelconque d’être encore en vie.

Maintenant il se rend compte que son cœur, son propre cœur fait un bruit infernal tant il est tendu. Aucun doute que même un novice aurait pu le repéré sans trop de soucis, alors là … Pourtant il décide de se reprendre. S’il est vrai que son enseignement semble vraiment incomplet, il n’en reste pas moins qu’il est motivé et pas dénuer de talent. D’ailleurs, l’ombre doit sans doute être du même avis puisqu’il respire encore. Lentement il reprend un peu de sa superbe, bien malmenée depuis la veille, mais tout en restant prudent et sur le qui-vive.

Bien entendu qu’il était là, tapi dans l’ombre à le guetter. Oui lui, il ne sait pas pourquoi mais il le sent, il en est sûr. Alors il se doit de lui montrer qui il est. Réagir à son évidente défaillance pour se donner une chance, ou plutôt, la saisir. Un bruit de dagues qui rejoignent leurs fourreau de cuir, inaudible, mais il le sait, lui l’a entendu. Puis Leire fini par sortir de l’ombre. De toute façon, il est certain qu’il n’a à aucun moment échappé à son observateur. Il est sans doute plus sage de cesser de se rendre ridicule.

Un léger salut courtois et silencieux, adressé à l’invisible, pour le remercier de ce déjeuné inespéré. Il est évident aussi que son observateur ne vas pas se montrer. Même après cette courbette qui se voulait plus courtoise qu’autre chose. Il doit montrer qui il est, ce qu’il vaut. Il doit prouver à ce IL que l’avoir laissé en vie n’est pas une erreur. Il boit lentement, profitant de chaque goutte de ce breuvage plutôt délicieux au final. L’homme doit être une personne éduquée à coup sur. Il doit trouver une idée, faire un choix, prouver sa valeur. Déjà dans son esprit l’assassin renait de ses cendres. Avec ses ambitions et son courage.

Le thé fini. Leire pose délicatement la tasse sur la branche dont il n’avait encore pas bougé. Puis il descend de l’arbre, prenant soin de ne tomber dans aucun de ses propres pièges. Certains grossiers personnages prétendent que le ridicule ne tue pas. Mais dans son cas c’est différent. Il n’y aura pas de seconde chance. Une fois au sol, il se dirige vers le chemin quitté précipitamment la veille, et prend la direction du château.

Sa démarche est assurée et son port est fier. Il est sûr de lui et de son désir d’avenir, de perfection et d’efficacité. Sûr que déjà, il vaut quelque chose. Et sûr aussi maintenant, qu’il a eu raison, et que sa chance a tournée. Enfin çà il en est moins sûr, mais il le cache presque parfaitement. Il ne lui faut pas plus de quelques minutes pour se retrouver à moins de cents mètres de la grande porte.

Déjà les regards haineux et méfiants des gardes se posent sur lui. Des armes pointent sa personne, menaçantes, mortelle à n’en pas douter. L’un des gardes même hèle un responsable alors que la porte n’est plus qu’à quelques mètres. Leire n’a rien changé. Ni sa façon de marcher, ni son attitude. Il est sûr de lui et fier de ce qu’il a accompli déjà. Fonçant droit sur cette porte où sans doute, il trouvera ce qu’il a toujours cherché. L’avenir lui dira à quel point. A peine as t’il rabattu le lourd ballant en métal sur le bois grinçant, qu’une voix en écho résonne de l’autre coté. Une voix plutôt agressive et vindicative.

« VOUS VOULEZ QUOI ? BARREZ VOUS D ICI »

Accueillant … Mais décidé comme il l’est, ce n’est pas maintenant qu’un abruti de garde décérébré va lui faire tourner les talons. Il garde son calme, imperturbable et encore plus sûr de lui. Et il répond, d’une voix forte mais sans crier, posée et sans aucun trémolo d’hésitation.

« Je cherche un maitre, et je sais que vous avez ici le meilleur, faites lui dire que je suis là ».

Puis il croise les bras et attend sagement.
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyJeu 10 Fév - 13:01

La brume avait finit par disparaitre du paysage, laissant alors place à la lumière blafarde de l'astre d'Asmodée. Cet astre rayonnant pitoyablement déformait tout sous son regard, agrandissait les ombres, allourdissait les traits des visages et des corps. Le cri d'un corbeau s'envolant fut le plus bruyant de tout ce que Leire pu entendre alors, et tout se passa très vite.

A peine le chef de section avait il terminé son invectivation qu'il mourru dans un gargouillit silencieux, s'effondrant sur le sol gelé en même temps que les deux gardes qui l'avaient appelé, eux même terrassés par un stylet piqué sur le front.

"Première erreur jeune homme, ne jamais reveler ses véritables motivations, ne jamais indiquer sa réelle identité."

C'était Lyrianna bien sur, qui réapparue alors qu'elle nettoyait l'une de ses dagues à l'aide d'un chiffon. Elle était vetue d'une simple tunique de cuir léger, des bottes hautes lassées sur le devant, et des gants montants jusqu'aux coudes. D'une facture remarquable ce cuir était moiré de gris, une couleur parfaite pour se camoufler dans un paysage eneigé comme celui qui entourait le manoir.

Elle leva alors seulement les yeux vers lui, car jusque là elle regardait sa dague, en apparence tout au moins. Ses yeux rouges vif se détachaient alors particulièrement de son visage, illuminant un sourire énigmatique sur les lèvres.

"enfin, pour cette courte matinée je dirais plutot, deuxième erreur pour dire la vérité"

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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyJeu 10 Fév - 20:50

La première réaction de Leire fût … de ne pas réagir. A cet instant précis, en contradiction totale avec toute l'assurance qu'il a rassemblée avec force et courage, son microscopique univers immédiat vient de voler en éclat. Un sifflement imperceptible, trois hommes qui tombent morts, comme ça, comme sur un claquement de doigt, et enfin une voix, féminine. Et comme si cela ne suffit pas, elle le ridiculise, mais pire encore, il le mérite. Alors il reste là deux secondes figé sur place. Cueilli comme jamais il ne l'avait été.

Les deux secondes passées, il se reprend malgré tout. Il semble évident que si d'aventure il ne fait pas ou ne dis pas ce qu'il faut, le stylet suivant est pour lui. Et cela ne lui fait pas trop envie. Mais il vient d'être complètement désarçonné. Presque certain que l'ombre n'interviendrait pas en dehors du château, convaincu que c'était un homme. Il s'est décidément trompé sur toute la ligne. Cela fini par le mettre en rage. Il se serait bien trucidé lui-même si sa vie ne lui tenait pas autant à cœur.

C'est donc les yeux rouges et brillants qu'il se tourne vers la femme. Il ne peut cacher sa colère mais son attitude n'est pas menaçante. Sans rien dire, il écoute sans vraiment l'entendre la seconde phrase de Lyrianna, car il la regarde désormais, des pieds à la tête. Sur le coup, il a presque envie de s'insurger, de crier à cette femme que, même si en effet il a dévoilé ses intentions, il ne l'a pas fait pour son identité. Il n'est pas aussi fautif qu'elle le dit. A peine ses pensées le traverse qu'il se sent encore plus puéril. Et plus il se sent pitoyable et plus sa rage gronde.

Malgré tout. Il n'est pas novice non plus, enfin il l'espère puisqu'il n'a jamais vécu vraiment un affrontement réel. Aussi cette rage apparente ne l'empêche pas de détailler la femme. Il pensait à un homme et pourtant. Cette femme qui aurait pu le tuer 1000 fois et qui le toise est plutôt belle et attirante. Et pour Leire, cette attirance est probablement autant le fait de l'esthétique de la femme que du danger qu'elle représente. Des picotements inconnus remontent le long de sa colonne. Lentement sa rage se calme. Il tente de reprendre le dessus.

Son langage est châtié, sa tenue est aussi luxueuse que sobre, si on y ajoute le thé il n'y a plus aucun doute. En plus cette femme est de bonne éducation. De quoi vous rendre nerveux, voir vous faire froid dans le dos, quand on sait de quoi elle est capable. Dans son lent processus, la rage se transforme en admiration mêlée d'envie. Le rougeoiement de ses yeux se calme lui aussi. La honte passe et de nouveau l'envie renaît. L'envie de bien faire, l'envie d'être le meilleur. Mais il devait jouer serré, aucun doute sur le fait que cette femme est susceptible de le balayer aussi facilement qu'une plume d'Elyséen.

Enfin les mots prennent leur sens, et enfin, il entend la phrase. Note le sourire narquois. Et du coup se prend à espérer. Il venait de comprendre une chose pourtant évidente depuis longtemps, il n'est capable de rien qui puisse l'impressionner, voir même attirer son attention, pourtant il est en vie et elle se tient là, devant lui. Finalement il se demande s'il ne devrait pas fuir devant cette petite phrase et se sourire énigmatique, peut être prometteur d'espoir de réussite, mais aussi sans aucun doute de souffrances et d'humiliations. Mais il c'est fixé un but. Et puisqu'il n'est pas encore mort, c'est qu'il y a une chance d'y arriver, la souffrance c'est juste le prix.

"Seriez-vous la personne dont j'espère les faveurs de l'enseignement ? J'en serait honoré".
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyJeu 10 Fév - 23:59

Voilà une question qui finalement ne manquait pas sens pratique. Lyrianna ne se l'était pas vraiment posée, elle n'avait jamais eut de chance avec ses elèves, encore que le concept de chance ne faisait pas vraiment parti de son vocabulaire, toujours est il qu'elle avait perdu tous ses elèves jusqu'à présent. Certes ce jeune asmodien l'intriguait, nécessitait il alors qu'elle le prenne sous son enseignement. Le dernier élève de sexe masculin qu'elle avait eut, était un jeune homme un peu comme celui qui se présentait devait elle, et elle avait échoué à lui enseigner tout ce qu'elle aurait voulu, l'emportant dans un maestrom de débauche, bien malgrés elle. Mais lui, devant elle, semblait avoir autre chose.

Elle n'aimait pas ses manières, un peu brusques, elle n'aimait pas non plus le fait qu'il lui demande à elle de devenir son maitre alors que le corps de son précédent maitre n'était même pas encore froid. Mais pourtant quelque chose en lui l'attirait, elle ne savait pas encore quoi et il fallait bien qu'elle détermine cela, avant de passer à autre chose. Ses missions pour la Reine, son enquête sur ce qui s'était passé avec la clerc atreides, et son entrainement personnel, ne lui laissait pas le loisirs de passer du temps à observer ce jeune assassin. Le prendre sous son enseignement, pour un temps en tout cas, pourrait l'aider à comprendre ce qui l'interressait chez lui, afin que cette nouvelle et étrange passion de son ame soit assouvie et ne l'empeche de bien se concentrer sur ses affaires. Garde ton ami proche, ton enemis encore plus. Elle ne savait pas où placer cet homme, mais une chose était certaine, il était dangereux.

Lyrianna connaissait l'effet qu'elle faisait sur les hommes, et sa tenue pour le moins légère, choisit avec soin pour cette rencontre, ne manquait pas à priori de faire un effet sur ce jeune homme devant elle. Il y a des signes qui ne trompent jamais. Elle sourit.

Elle s'approcha de lui, lentement, sans jeter le moindre regard sur ses gardes, qu'elle venait de tuer, ni même sur le lieutenant ou qu'importe son grade. Elle avait dit à la Reine qu'elle ne voulait pas d'une armée à son manoir, cela lui donnait une allure de fortesse qu'elle detestait. Mais la guerre qui faisait rage partout, les Elysiens qui n'avaient de cesse de faire des persées en asmodée, les asmodiens eux même qui s'entre déchiraient, avaient poussé la Reine à insister sur la protection de Lyrianna. Non pas en tant que Dame de Glace, car elle n'avait pas vraiment grand chose à craindre, mais en tant que membre de la noblesse asmodienne, qui malgré ses talents de bretteuse connus, ne pouvait pas vraiment se défendre en cas d'attaque massive, d'un bord quelconque. Lyrianna avait cédée, comme elle cedait toujours aux ordres de la reine.

La jeune femme pourtant se permettait de se jouer de la vie des gardes comme d'un rien. Aujourd'hui, ce matin, elle avait encore tué deux gardes. Elle avait aussi tué ce chef, ses manières et son langage ne lui plaisait pas, ne lui avaient jamais plus d'ailleurs. Un rustre et un impolis, il avait mérité qu'elle se déplace pour lui couper la gorge. Jamais elle n'avait donné d'ordres qui leur donnaient le droit d'insulter les personnes qui se présentaient au chateau, quelque soit les personnes qui se présentent. Il allait encore une fois qu'elle rassemble ces brutes et qu'elle leur fasse un discours pour bien leur faire comprendre que même si une aile blanche pointerait le bout de sa plume devant les portes, alors il faudrait se fendre d'un langage polis et d'un ton aimable. Au minimum.

Lyrianna soupira, elle était arrivée pret de Leire, tout pret. Elle le regarda plus précisemment, elle voulait le jauger, le mesurer, sentir son souffle, entendre son coeur battre, étudier le moindre mouvement de ses pupilles et de son visage, mesurer ses muscles, évaluer son corps et son potentiel. Elle l'observait intensemment.

"Jeune homme, je suis enchantée de faire votre connaissance. On m'appelle la Dame de Glace." elle parlait d'une voix suave et lente. Elle souhaitait faire durer leur échange afin d'observer au mieux le moindre de ses gestes, la moindre de ses réactions.

"Vous pouvez espérer les faveurs de mon enseignement, à conditions bien sur de répondre à ma question"

Elle recula alors d'un pas, la mettant donc à une distance moins intime du jeune homme.

"Quelles furent vos deux erreurs de ce matin ?"
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyVen 11 Fév - 14:49

Leire ne bronche pas quand Lyrianna s'approche un peu provocatrice. Aussi séduisante que mortelle, et qui sait visiblement en jouer à la perfection. Difficile de rester de marbre pourtant. Alors il se concentre sur son objectif et tente de voir en elle l'implacable mort qu'il désire plus que tout maitriser. Pas simple, pour lui qui n'a vécu que dans son camp retranché, n'en sortant jamais ou presque, en dehors de ses escapades nocturnes, côtoyant à longueur de temps des hommes plus ou moins rustres et repoussants. Alors se retrouver là, planté devant cette femme qui représente quasiment son idéal féminin, et rester de glace … C'est déjà une torture. Alors il contient froidement ses pics électriques qui tentent de le faire frémir, du mieux qu'il le peut.

Dame de glace … A n'en pas douter si son sang ne bouillait pas de se retenir devant cette féminité, il devrait sans doute se glacer rien qu'en imaginant ce qu'il allait devoir subir au cours de son entrainement. Il ne représente rien pour elle et il le sait. Oublier cela et tout ce pourquoi il a travaillé et souffert jusqu'à se jour volerait en éclat. Il faut se concentrer sur la suite. Rien n'est joué encore, et il doit se montrer convainquant s'il veut pouvoir apprendre d'elle. Alors il se concentre sur la question. Cela lui permet au moins un temps de ne plus subir les assauts silencieux de cette femme dans son esprit. Sa voix est posée et calme, trahissant finalement plus son excitation d'avoir une chance d'apprendre de cette assassine hors du commun, que son trouble devant sa féminité.

"La seconde erreur puisque vous me l'avez déjà indiquée est sans doute d'avoir dévoilé mes intentions."
"Quand à la première, j'opterait pour le thé".

Il fait une petite pause, puis reprend.

"Mais se serait oublier qu'un instant j'ais cru être capable de vous suivre sans me faire moi-même repérer".
"Que j'ai cru que cet arbre serait suffisamment sûr pour pouvoir y dormir profondément".

Par prudence il ne dévoilera pas quand même qu'il l'avait prise pour un homme. Là se serait bien imprudent de sa part. Et dans la foulée il continu.

"J'ai commis beaucoup d'erreurs et je veux plus que tout apprendre à devenir meilleur".
"Mais il reste quelque chose qui n'est pas une erreur, quelque soit le sort que vous me réservez".
"Etre là devant vous".

Il s'est sans doute laisser légèrement emporté et pour le coup à jouer le tout pour le tout. Bien évidemment son sort lui importe malgré ses paroles. Mais il se demande encore ce qui serait le pire. Qu'elle le tue, ou qu'elle l'ignore, niant par là même sont existence. Le temps se met alors à défiler avec une lenteur absolument incroyable. Pesant.

Leire n'a aucune expression, ni souriant, ni hautain, ni sûr de lui, ni craintif. Et une fois les mots lâchés, la sourde inquiétude retenue se transforme presque entièrement en curiosité. Il fixe droit dans les yeux cette femme qui à cet instant précis, a le pouvoir sur lui, un pouvoir qui le dérange et l'attire en même temps.

Ce qu'il ne s'explique pas se sont ses mots soufflés dans sa tête, des mots soufflés par qui … il n'en sait fichtrement rien. Mais ils sont clairs.

"Tu vas te bruler les ailes jeune daeva".
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyVen 18 Fév - 18:10

« Nous ne sommes pas là pour faire la listes de vos erreurs, jeune homme, je ne souhaite pas transformer mes pieds en glace » lui dit elle en souriant, naturellement, comme si elle était dans une soirée mondaine, puis son visage se transforma en un instant, ses lèvres rouges devenues un trait fin sur son visage désormais fermé, les yeux le fixant, les sourcils légèrement froncés et elle reprit d’un ton monocorde et sans âme « oui le thé fut une grave erreur, en effet » à cet instant un éclair passa dans son regard, fugace et à peine perceptible.

Elle calculait alors le temps qu’il fallait à la drogue mise dans le thé pour agir, selon la corpulence du malheureux, l’énergie dépensée par son corps, avec le froid ambiant, le petit vol jusqu’ici et d’autres paramètres plus subjectifs, telle que la tension qu’il devait subir à l’heure actuelle. Cela ne devrait plus tarder, logiquement.

« Quant à la seconde erreur, certes votre manque de discrétion quant à votre arrivée et à votre demande furent déplorables, mais je ne perdrais pas mon temps à vous demander une réponse que j’ai formulée moi-même. Non mon cher, le monde ne tourne pas autour de vous, il n'est pas question de votre personne à cet instant. L’erreur fut simplement d’avoir mit en péril la potentielle couverture dont jouit votre éventuel maitre » elle prit une légère pause « enfin, le maitre dont vous sollicitez les faveurs de l’enseignement. »

Elle s’approchait de nouveau de lui, sentant que bientôt ses jambes ne le porteraient plus, souhaitant amortir sa chute, tout en occupant son esprit en lui parlant, afin que si comme elle, il était entrainé à être constamment à l’écoute de son corps, il ne s’aperçoive pas de la présence de la toxine qui devrait l’emporter dans un sommeil profond.

« Vous persistez cela dit dans une impolitesse qui me met dans l’embarras jeune homme, mais nous verrons cela plus tard, je le crains »

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MessageSujet: Flottement   Ni avenir ni passé EmptyVen 25 Fév - 15:30

Impolitesse …

Ce mot l'interpelle au delà de tous les autres. La constance ou la raison sont' ils des défauts ? Il ne comprend plus très bien les paroles de cette femme. Est-il complètement stupide ou trop naïf ? Ou alors est-ce une façon de désorienter son interlocuteur ? Une technique avancée pour faire perdre pied à son vis-à-vis ? Aucun doute, sur cette technique il a tout à apprendre.

Une sensation étrange et inconnue monte imperceptiblement en lui.

Elle lui reproche de tout centrer sur lui, en parlant de la première erreur, après lui avoir elle-même signifié ouvertement que sa première erreur était bien d'avoir révéler ses véritables motivations. Et puis d'ailleurs, en quoi cette révélation était elle réelle, et comment pouvait elle le savoir ? Lui-même n'aurait su le dire en fait, alors une étrangère …

Elle lui reproche d'avoir décliné son identité alors que pour l'instant son nom n'est pas sorti de ses lèvres. Quelle femme étrange.

Une sensation étrange de fébrilité mêlée d'une espèce de brouillard monte dans son esprit.

Elle lui reproche d'avoir mis son hypothétique couverture en danger, alors même que la discrétion avait voulu qu'il ne parle que de maitre, en omettant sciemment de préciser dans quel art … Et il serait étonnant que son allure en dise vraiment beaucoup sur le sujet. Sa tenue tenant plus de vieux vêtements récupérés de droite et de gauche. Même ses dagues font plus penser à de pauvres lames rouillées qu'à des armes de guerre. Sans doute lui en veux t'elle de l'avoir dérangée ? D'autant que si lui avait été volontairement discret, l'assassina en direct des trois gardes laisse désormais peu de doute sur l'art en question. Quelle femme troublante.

Elle lui reproche d'avoir bût le thé. Mais le simple fait que ce thé soit là, posé sur cette branche, était la preuve que si nécessaire il serait déjà mort. Alors quoi ? Ce thé ne peut être pire que la mort, tout au plus pouvait' il la rendre plus longue et agonisante. Quelle importance au final ? Quel but ? Tester un nouveau poison ? Cela changeait' il quelque chose ? Mourir c'est mourir. Tout au moins c'est ce que Leire pense à cet instant. Quelle femme spéciale.

Maintenant il est évident que quelque chose se passe en lui, en même temps que l'évidence qu'il est trop tard pour réagir. Pourtant dans un quasi reflex, Leire pose la main sur une de ses dagues, mais sans la sortir de son fourreau. Il la serre fort, espérant sans doute que la douleur le maintienne debout le temps qu'il trouve une solution. Mais tout vas trop vite.

Plus tard, je le crains …

Ces mots sont les deniers à parvenir à son esprit déjà aux limites de la conscience. Serait-ce un espoir. S'il existe un plus tard alors c'est qu'il n'est pas encore trop tard. Mais Leire n'a pas vraiment le temps de mener cette pensée à son terme. Ni même le temps de répondre en fait. Ses yeux un peu hagards se ferment subitement et son corps entame une brusque et irrémédiable descente vers le sol. Inconscient, à bien des égards. Alors que tout disparait autour de lui, que le monde s'efface et que son corps ne répond plus, un nouveau message s'insinue en lui, à peine entendu.

"Prend garde de ne pas obtenir ce que tu cherche Daeva."

La chute sera courte.
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MessageSujet: Frêre et Soeur ennemis   Ni avenir ni passé EmptyMer 2 Mar - 15:45

Il ouvre les yeux. A sa grande surprise il semble qu'il ne soit pas mort finalement. Il se repasse le film dans sa tête, cette femme puis le trou noir. La surprise est encore plus grande quand il fait le tour de l'endroit. La pièce ressemble à une chambre, sobre, mais par rapport à ce qu'il a connu auparavant, c'est presque un palace. Un lit presque confortable, une grande fenêtre qui inonde la pièce de la lumière pâle de l'astre, quelques rangements de ci de là. Pas de poussière, rien qui traine. Nul doute que cette pièce est entretenue, et il comprendra bien vite pourquoi et comment. Après quelques instants de surprise et de découverte, sourire aux lèvres comme un enfant devant un cadeau magnifique, Leire entreprend de faire le tour du propriétaire. Il est évident que cette pièce, si confortable soit-elle à ses yeux, ne saurait convenir à une dame telle que la dame de glace. Il en déduit donc que cette pièce est destinée à son logis … mais pour combien de temps. En ouvrant un rangement il y trouve des vêtements à priori propres et bien rangés. C'est à cet instant qu'il se rend compte qu'il est nu comme un vert. Bha, trop tard pour s'offusquer, et puis après tout, il s'en moque un peu. Il en profite donc pour s'habiller. Les vêtements eux aussi sont sobres, mais en parfait état et propres, peut être même sont' ils neufs. L'endroit est accueillant malgré sa sobriété, et il se dit que finalement il a obtenu ce qu'il voulait. Un entraineur digne de se nom. Bien sur par la suite il comprendra à quel point mais surtout … à quel prix.

La rêverie ne dure pas longtemps. Une femme entre dans la pièce sans frapper, ce n'est pas la dame de glace, et vue sa tenue ce n'est sans doute pas une vulgaire employée, mais alors qui ... Il apprend alors que la propreté de la pièce est à sa charge, et que "La Dame" comme elle l'appelle, ne tolère aucun manquement. Cette pièce et son contenu doit obligatoirement être en permanence propre et rangé. Y compris les vêtements et les gens qui s'y trouvent. Après lui avoir expliqué quelques règles de vie au Manoir, elle lui annonce que la Dame l'attend dans la cours, et qu'il ferait bien de ne pas la faire attendre trop longtemps. En sortant de la pièce, elle jette un dernier regard sur lui avec un mélange de dédain, d'inquiétude et de provocation. Il comprend bien vite, dès son arrivé dans la cours qu'en fait il est devenu un "Concurrent". C'est là, que commence sa seconde vie.



Dans ses trop rares moments de repos, il se souvient avec un brin d'amusement et de nostalgie de son arrivée au Manoir. Il voulait un entraineur, il voulait apprendre, devenir le meilleur, et pourtant … non en fait, il l'aurait fait quand même, mais non préparé … . Pour apprendre il apprend pour sur.

Dans un premier temps, il apprend que la formation qu'il a reçue avant, à son grand désespoir, n'était rien ou presque. La Dame ne manque jamais de piquer là où c'est le plus douloureux, de frapper toujours là où ca fait le plus mal, tant physiquement que moralement. Pourtant elle ne montre jamais ni haine ni amour ni envie, rien, aucun sentiments. Quand elle profite d'une de ses faiblesses et le fait atrocement souffrir, c'est plus pour lui faire comprendre à quelle point c'est inacceptable, que simplement pour le faire souffrir, et pourtant, si cela avait été son intention elle n'aurait pas agi autrement. Cette femme est aussi étrange que rigide et efficace. Leire ne la comprend pas vraiment mais … son enseignement est exactement ce qu'il cherchait, et au final, le prix à payer pour le moment est acceptable.

D'autant plus acceptable que l'enseignement qu'il reçoit dépasse rapidement et de loin ses espérances. Car non seulement il apprend à tuer, mais aussi tout le reste au sens large. Il apprend à vivre, à parler, à se comporter, à paraitre, à disparaitre. Il apprend même l'Elyséen. Le plus dur c'est que La Dame ne laisse jamais rien passer et ne répète jamais deux fois le même avertissement. Le moindre mot d'Elyséen prononcé avec accent, la moindre faute de langage et elle lui tombe dessus. Parfois au sens propre, parfois au sens figuré, et pourtant, il ne sait pas lequel des deux il préfère. Les humiliations qu'elle lui fait subir en cas de faute, sont largement aussi douloureuses que les blessures du corps. Le plus compliqué pour Leire est sans doute de la considérer pour ce qu'elle est, et d'oublier le reste, le fait qu'elle soit une femme, son apparence si attirante qui tranche avec sa froideur si profonde.

Et puis il apprend la concurrence, les coups bas et les petites traitrises. L'autre apprentie, Aliona, dont il apprendra le nom par hasard, ne laisse rien passer elle non plus, sans doute persuadée qu'un jour ou l'autre La Dame choisira, et que ce jour là, l'un d'eux mourra. Dailleurs Leire n'est pas loin de penser la même chose, mais il préfère ne pas avoir de certitude là-dessus, La Dame est si imprévisible qu'il est impossible de savoir ce qu'elle projette pour eux. Cette compétition sous jacente s'exacerbe dailleurs ce fameux jour où Aliona révèle par mégarde son nom et que Leire l'entend, car ce jour là la réprimande fut exemplaire. S'il était impossible de savoir ce que pense ou projette La Dame, Aliona elle au moins cache à peine son envie furieuse de voir Leire mort et dissipé dans un flux d'Ether.

En quelques mois il apprend plus que durant les vingt années passées dans son ancien camp pseudo militaire. Et plus il apprend, plus il se rend compte du chemin qu'il lui reste à parcourir, plus sa détermination se renforce, plus son caractère change. Sans même s'en rendre compte, il apprend le plus précieux des savoirs, le plus important de tous malgré que l'on n'en parle jamais, il apprend à devenir un autre, forgé par la main et la volonté de La Dame.
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyJeu 7 Avr - 0:52

Ainsi le temps s’écoule au rythme des jours passés au manoir. Les deux apprentis toujours en lutte, à la fois pour survire, pour apprendre, pour se dépasser, en un mot, pour un jour être le meilleurs. Aliona qui au début a une avance nette dans la formation, lentement se fait rattraper par Leire, mais qui saurait dire pourquoi, volonté, instinct, rêves. De coups bas en luttes quasiment meurtrières, les deux ennemis, obligés de vivre ensemble, progressent de concert. Et le temps passe.

Un jour lors d’un entrainement, sans crier gare, la Dame les entraine au travers un Rift dans une contrée inhabituelle. Une forte lumière, reflétée par une végétation luxuriante, le tout baigné dans une humidité désagréable les enveloppes soudain. Aliona a déjà visité quelques endroits d’Elyséa, mais Leire en reste bouche bée quelques instants. La Dame a décidé visiblement de les emmener en terre hostile, sans prévenir. Sur le coup, Leire ne tique pas, mais bien vite reviennent à son esprit ses images qui le hante depuis son enfance. Ces images de verdure et de lumière.

Croisant quelques Elyséens renvoyés bien vite à leur pierre, ils arrivent dans un autre lieu tout aussi désagréable. La lumière est encore plus vive et l’humidité est remplacée par un air chaud tout aussi étouffant. Comment certains Asmodiens pouvaient ils envier les terres Elyséennes, quasiment plus hostiles que celles d’Asmodae. Soudain la Dame se fige. Elle fixe du regard une Elyséenne qui récolte visiblement dans se désert de sable brulant. Elle ne dit pas un mot mais … dans son regard on peut lire de l’intérêt, de la curiosité, de l’envie peut être, aller savoir. En fait on ne peut rien y lire du tout, mais le simple fait qu’elle observe cette femme avec autant d’attention prouve l’intérêt qu’elle lui porte. Une rodeuse semble t’il, malgré que sa tenue dans cette endroit soit plutôt légère et inadaptée au combat.

Aliona entame un mouvement vers la femme, elle semble déterminée, mais la Dame ne lui laisse pas le temps de faire trois pas, et d’un signe simple la rappelle à elle. Aucun des deux n’oserait désobéir, et s’il leur arrive de ne pas voir le signe, le retour au manoir est rapide et douloureux. Aliona stop net, un air visiblement rageur sur le visage. Une vengeance ? Étrange. Quoi qu’il en soit, Leire grave se visage dans sa mémoire, au vu de ce qui viens de ce passer, il en aura besoin. Quand ? Pourquoi ? Il l’ignorait encore, mais c’était évident à ses yeux, cette femme, il la reverra !



Depuis leur incursion en terre Elyséennes, des détails changent. Des comportements, des allusions, des effluves. Quelque chose se passe. Quelque chose qui lui était invisible jusqu’alors, mais qui désormais se dévoile à ses yeux. Dans les mois qui suivirent, les incursions Elyséennes se firent de plus en plus proches, et de plus en plus longues. A nouveau Leire appris qu’il ne savait que peu de choses, et qu’il restait tant à apprendre. A nouveau Aliona et la Dame ne laissent rien passer, et il se retrouve presque comme au début, sans repères, un peu perdu.

Pour autant sa détermination ne faiblit pas. Dailleurs, si mourir ne lui dis vraiment rien, ne pas devenir le meilleur non plus. Sans doute est ce palpable autour de lui car au bout d’un temps assez court, Aliona perds son avantage. Maintenant il en est presque sûr, elle a peur de lui, et cela la perdra un jour. Et le temps de nouveau reprends son cours, mais les paysages que découvre Leire sont de plus en plus proches de ces rêves. Rêves qui le perturbe de plus en plus. Et cette femme … et ces mots révés ...

"Tu approche Leire, tu approche".
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyVen 8 Avr - 14:05

Plus le temps passe, éclairant aux yeux de Leire le chemin parcouru sur la route de sa réussite, et plus il cerne, autant qu'il est possible, la Dame. Quelques années se sont écoulées déjà, et le constat est sans appel. Ce qui rend cette femme aussi efficace n'est pas, plus, du ressort de l'entrainement. C'est sans doute ce qui la rend si différente. Il y a les choses que l'on peut apprendre, et il y a celles qu'aucun mot ni geste ne permet d'enseigner ou de transmettre. Lyrianna en est là. Souvent Leire pense à elle, tente de la comprendre. Oh pas dans un souci d'humanité non, simplement pour tenter de se hisser un jour à son niveau.

Comme en écho à sa réflexion, il y a aussi les choses que l'on voit, celle que l'on peut entendre ou encore toucher, sentir ou encore gouter. Et puis il y a ces choses qui n'existent pas, mais que certains semblent capables de comprendre. A plusieurs reprises la Dame leur impose des gestes sans que rien de logique ne puisse expliquer pourquoi. Lors de l'une de leurs explorations des terres Elyséennes, ils marchent dans une forêt dense, tous les sens à l'affut. Un geste de la Dame désigne alors au sol une minuscule brindille. Habitués avec le temps à comprendre ses désirs silencieux, Aliona et moi évitons consciencieusement cette brindille. Quelques minutes à peine plus tard, un léger et presque infime craquement parvient à nos oreilles. Ce jour là, nous somment sortis encore vainqueurs, grâce à cela.

Bien sur vous allez me dire, une brindille oui c'est évident, rien d'étonnant dans cette histoire. Sauf que les brindilles nous en avons brisé d'autres ce jour là, alors pourquoi, pourquoi juste celle-là ? A cette époque, dans l'esprit de Leire, il n'existe donc aucun moyen d'espérer un jour devenir aussi fort que son maitre. Mais qu'importe, si déjà il devenait ce qui peut exister juste en dessous, il aurait atteint son objectif. Tout ca pour exprimer à quel point il est compliqué et presque illusoire de vouloir "Lire" dans cette femme. Pourtant il y a des signes …

Les "rencontres" invisibles avec des Elyséens bien spécifiques se multiplient. Je ne sais pas qui sont ces gens mais, si la Dame leur porte un intérêt c'est qu'ils sont différents. Nous somment là, dans l'ombre, épiant, espionnant, observant pendant parfois des heures ces personnes visiblement anodines et sans intérêt. Parfois une brute, parfois une gamine stupide, à d'autres moment de nouveau cette rodeuse ou encore cette templière plutôt étrange. Ces gens semblent si ordinaires, et pourtant elle les regarde avec insistance. Preuve que ces anonymes ne sont pas uniquement ce qu'ils semblent êtres.



A force d'apprendre sur le monde. A force d'apprendre à voir, sentir, interpréter et réfléchir. Certaines choses que vous avez sous le nez depuis si longtemps se dévoilent sous un nouveau jour. C'est ainsi que pendant une flânerie de mon esprit dans les limbes de mon cerveau, une évidence me saute à la figure. Jamais nous ne somment allés ni à Verteron, ni à Poeta. Etonnant. Que pouvais bien receler ces deux endroits pour que jamais elle ne nous y mène. Un secret ? Quelque chose qu'elle nous cache ? Cette évidence se transforme vite en question. Et si l'endroit que je cherche depuis si longtemps, cet endroit que mes rêves me montrent depuis mon enfance, si cet endroit était là, justement. Après tout, elle est bien capable de l'avoir sentie et donc d'éviter ces endroits volontairement ! Il fallait que je sache !!
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyVen 8 Avr - 14:42

Alors un jour me viens une idée complètement folle. Appliquer ce que j'ais appris durant ces longues années ! Rien là que de très naturel me direz-vous. Et pourtant, tout dépend du contexte. Mon intention n'est pas seulement d'espionner, d'interroger sans en avoir l'air, de rassembler insidieusement des indices, des informations qui, une fois recoupées, peuvent raconter des choses extraordinaires. Non. Mon intention est de la faire au sein même du Manoir !

Maintenant c'est évident à mes yeux. La Dame, ces gens, mes rêves, ces endroits interdits, tout cela à un sens, un sens que je dois trouver. Seulement voilà, je deviens lentement un autre. Même si je me dissimule derrière celui qui apprend, tentant de cacher aux autres les changements qui se produisent dans mon esprit, je sais qu'un jour …

Au début ma vie était presque simple, si ce n'était l'apprentissage de la douleur et de la honte. Aujourd'hui rien de comparable. Je ne suis plus le même. Aujourd'hui je suis celui qui cherche, qui cherche des réponses et un passé, celui qui cherche une histoire. Trois fois déjà, par trois fois j'ai tenté de m'introduire dans la chambre de Lyrianna, sûr d'y trouver des indices, des informations cachées. Par trois fois j'ai du renoncer. En plus, j'ai un mal de chien à cacher ces mutations qui s'opèrent en moi. D'autant plus de mal que je suis persuadé qu'elle commence à le ressentir. Mon temps est compté désormais.

J'ai encore pour moi le doute. L'hésitation et l'interrogation sont devenus mes meilleurs amies, celles qui me sauve la vie, mais pour encore combien de temps. Je vois son regard, il a changé lui aussi. Elle sait. Pas dans le détail bien sûr, mais j'en suis sûr et certain, elle sait que je ne suis plus le même, et elle me regarde différemment. Je suis en surcis. Même Aliona, qui sans comprendre, se rend compte que quelque chose cloche, semble réjouie. On dirait qu'elle aussi sent qu'une fin approche … la mienne.

Tout va si vite désormais. Mes questions anodines éveillent des interrogations. Mon comportement sans doute, mais les regards sur moi deviennent pesants. J'ai de plus en plus de mal à trouver des moments pour préparer mon intrusion chez la Dame. Depuis que ces questions me taraudent, ma vie est devenue un enfer. Il faut que je réagisse, sinon malheur à moi.

Aujourd'hui est le jour du choix. Le jour où je peux décider de devenir moi, ou bien de devenir le Leire que la Dame à forgé de ses mains. Non pas que l'un des deux soit plus ou moins intéressants, non. Faire abstraction de moi pour devenir celui dont je rêve depuis si longtemps, grâce à la Dame, n'est pas un choix sans intérêt. Elle sait forger les âmes, et si le temps n'était pas devenu si compté, elle pourrait faire de moi une arme sans faille.

Tout ceci c'est déclenché quand à une de mes questions anodines, un employé de maison m'a figé par sa réponse. Non, jamais aucun apprenti de la Dame n'avait quitté le manoir vivant, sans son consentement, et elle n'y avait jamais consenti. Alors le choix est devenu obligatoire. Tenter de fuir, tenter de comprendre, tenter de savoir qui je suis vraiment, ou bien simplement devenir celui qui serait l'un des chefs d'œuvres de cette femme hors du commun. Bien idiot celui qui pense que ce choix est facile. Mais il devenait impératif.
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyMar 19 Avr - 17:08

Mauvais choix.

Lentement j'ouvre les yeux. Mais que se passe t'il … où suis-je. Je tente de remettre mes idées à l'endroit, alors même que je prends conscience d'être à l'envers, suspendu au plafond, tête en bas donc. Mais bon sang quel événement a bien pu arriver … ma mémoire pour l'instant me fait défaut. Tout mon esprit travaille à l'identification de ma position, dans tous les sens du terme, et l'établissement de mon état physique.

Je suis donc visiblement dans une petite pièce très sombre. Un filet de lumière blafarde filtre entre deux pierres disjointes, faisant apparaitre une cloison de lumière immatérielle qui traverse la pièce de part en part. Ce faible halo étant lui-même le lieu d'un ballet irréel de poussières flottant dans l'atmosphère du lieu. Atmosphère chargée d'humidité et de senteurs âcres pas forcément rassurantes. Le sol, que je vois de près, est maculé de taches sombres et malodorantes. Une chose est sûre, ce n'est pas ma chambre …

Mes mains sont liées dans mon dos. Mes chevilles liées entre elles et maintenues par je ne sais quoi à un anneau métallique scellé au plafond. Une chaine ou un crochet, je ne distingue pas bien. Le sang me monte à la tête et réfléchir deviens de plus en plus compliqué au fur et à mesure que le temps passe. Ah j'oubliais, un mal de crane assez atroce, probablement la raison de mon "trou" de mémoire. A part ca rien de notable. Je porte des vêtements de tous les jours, je ne saigne pas visiblement, pas encore, et a part cette douleur à peine masquée par le fait d'avoir la tête en bas, je ne crois pas avoir d'autres blessures. Reste que j'ai probablement intérêt à me sortir de là au plus vite.



Maintenant des images me reviennent. Je suis dans la chambre de la Dame. Ah, je commence à comprendre. Je me revois en train de fouiller partout, profitant de ce qu'elle s'est absentée pour une mission. Oui je me souviens, cette mission semblait si importante qu'il m'a semblé logique d'en déduire qu'elle serait longue. Et que donc je devais avoir le temps de fouiller sa chambre sans encombre. Visiblement je me suis trompé. Pourtant, en y entrant je pensais trouver des réponses, et je me retrouve avec encore plus de questions. Ce dossier avait attiré mon attention, bien rangé, presque caché en fait. Un seul mot sur la couverture, tracé en lettres calligraphiques du plus bel effet "ATREIDES". Et le contenu … que d'informations étranges et incohérentes pour le moment. Des rapports de visite en Elyséa, des descriptions de gens de la bas, et des faits relatés sans fioritures, mais tellement surprenants. Aucun doute sur le fait que ce mot intrigue la Dame, et qu'elle passe du temps à ses recherches.

D'ailleurs, il fallait que ce dossier soit plus qu'étonnant pour que je me fasse surprendre comme un débutant …

Mais maintenant que j'y pense, une chose m'étonne … je suis en vie. C'est assez surprenant, je sais que la Dame peut si elle le désire tuer un Daeva, du moins c'est la rumeur, et par prudence je préfère ne pas en douter … alors pourquoi je suis encore là ? De la chance sans doute, ou alors … la Dame n'est pas encore rentrée. Oui, c'est surement ça. Je suppose que personne ne prendrait sur lui de me tuer et de lui ôter ce plaisir à elle. En tout cas à leur place moi je n'oserais pas.

Et bien au moins je sais à quoi m'en tenir. Reste à trouver une solution pour filer d'ici avant qu'elle ne revienne, sinon ma carrière va être plus brève que prévue.
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyMar 3 Mai - 13:47

Un léger bruit de ferraille sort Leire de sa semi inconscience. Depuis le temps qu'il est ainsi … D'ailleurs il est bien incapable de dire depuis combien de temps il est suspendu. Puis une série de cliquetis et de chocs métalliques se font entendre. Suivi presque aussitôt d'un grincement sinistre. Quelques bruits de pas feutrés, qu'il n'avait pas entendu approcher de la cellule. Il s'interroge. Dans sa position il est inutile de chercher à se protéger, et puis qui que se soit, qu'importe, il ne peut rien faire ou presque.

S'en suit un long silence pesant. Quelqu'un est là c'est certain. Avec sa reprise de conscience partielle, s'éveille aussi la douleur dans sa tête. Lancinante et pénétrante, elle le transperce comme le ferait une lame mal affutée. Pourtant il note que la personne est plus que discrète, pas de bruit, pas de souffle, pas un garde donc, à priori. Mais qui ?

La réponse ne tarde pas à venir, et c'est un visage qui transpire une joie sadique mêlée d'une satisfaction non dissimulée, qui le regard maintenant fixement. Elle l'étudie, un peu comme ils ont l'habitude de le faire pour une proie. Le jauge, ou plutôt essaye de jauger son degrés de conscience probablement. Comme elle n'est pas venue juste pour le plaisir de constater, il faut qu'il soit conscient de ce qui se passe, sinon le plaisir serait partiellement gâché. Maintenant un franc sourire éclaire son visage. Leire préfère rester impassible, avec un seul objectif en tête, essayer de lui gâcher son plaisir. Aussi, s'il ne peut masquer vraiment la douleur, il reste silencieux. Alors c'est elle, au bout de longues minutes, qui prend la parole. Le ton est calme, ironique et moqueur.

"Franchement … quand j'ai entendu la nouvelle … je n'y ai pas cru !"
"Le grand assassin de la dame en personne, capturé par un simple garde, incroyable …"

Elle insiste volontiers sur ce dernier mot.

"J'ais eu du mal à trouver la clef de ta cellule mais je n'aurait raté sa pour rien au monde"
"Le grand maitre assassin en personne … pendu comme un vulgaire cochon !"

Leurs yeux sont rivés les uns dans les autres désormais. Leire est décidé à lui tenir tête au moins de cette façon, faute de mieux. C'est là, qu'il voit le changement. Etonnant dans son état. D'habitude, il analyse sans sourciller les intentions d'une personne rien qu'en regardant ses yeux, mais dans son état actuel, c'était presque illusoire. Et pourtant, le message qu'envoi ceux d'Aliona à cet instant précis, est si fort, que même lui le perçois.

Pas uniquement le regard d'ailleurs. Son visage aussi, lentement se déforme. La façade de joie et de satisfaction fait place maintenant à de la haine qui ne laisse aucun doute sur les pensées maléfiques qui traversent son esprit. Un brin de folie se dessine sur le visage de la jeune femme. Pourtant Leire ne comprend pas bien, elle n'osera pas faire ce geste qu'elle regretterait forcément très bientôt. C'est insensé, mais ses pupilles et les petites rides qui déforment son visage ne laissent aucun doute. La situation l'a transformée, elle n'est plus simplement imprudente, mais carrément folle. Mais quelle occasion !!

Lentement elle s'approche de son oreille, pour lui susurrer d'une voix sifflante comme celle d'un serpent …

"Rendez vous dans la salle de retour mon très cher ami"
"Nous allons jouer un peu tout les deux …"

Au moins cette fois tout est clair. Elle sait que l'assassin va réapparaitre au Crystal de retour du domaine … Et visiblement elle a une furieuse envie d'en profiter.
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyJeu 5 Mai - 14:45

Malgré le fait qu'il y soit préparé, l'assassin ne peut retenir une grimace de douleur quand la lame entaille son cou. Une très longue entaille, faite avec un maximum de lenteur, suffisamment douloureuse pour qu'en un instant son mal de tête passe pour un bobo sans importance, mais sans toucher une seule artère sensible. Pas question qu'il meurt trop vite. Il ferme les yeux. Le visage d'Aliona presque collé au sien, l'un déformé par la haine, l'autre par la douleur. Rien d'intéressant à voir …

A la sensation de brulure laissée par la lame sur son passage, s'ajoute celle du poison qui visiblement enduisait celle-ci. C'est assez compréhensible après tout. Les assassins maitrisent bien mieux les effets de leurs poisons, que la coupure nette d'une jugulaire. Et nuls doutes qu'Aliona a calculé son temps avec une extrême précision. Il lui fallait bien entendu le temps de se rendre dans la salle du Crystal, et de préparer l'arrivée de son … "Invité". C'est déjà devenu difficile mais, Leire perçois quelques mots susurrés à son oreille.

"A tout de suite Oh Grand Assassin".
"J'ai prévu tellement de réjouissances pour toi."

Le grincement de la porte ne parvient pas à son cerveau. Il glisse lentement vers son destin. Un destin plutôt loin d'être prometteur. C'est un peu trop. Tout ce cumul. Voilà plus de 20 ans qu'il se bat pour atteindre un objectif, et là d'un coup, la situation est si catastrophique que monte en lui un désespoir profond. Qui sait, peut être qu'il est préférable que tout cela cesse à l'instant. Mais c'est pire. Non seulement rien ne vas cesser de suite, mais son avenir, même s'il parait bref, semble virer au noir, voir au vide tout simplement. Abattu, il sombre encore plus vite. Dans un dernier instant, ultime répits, une image apparait dans son esprit. L'image est confuse, mais elle représente une femme, une femme qu'il ne connait pas, mais il n'est déjà plus capable de s'en rendre compte.

Dans une espèce de vapeur d'éther qui se mêle à l'humidité ambiante, un corps disparait. Laissant derrière lui quelques plumes qui tombent en virevoltant lentement vers le sol …
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyMar 17 Mai - 14:56

Préparé à un triste sort, je n'ouvre pas les yeux. Dailleurs, c'est mon être tout entier qui ne s'ouvre pas au monde. J'attends sans attendre vraiment. L'inévitable est là, autour de moi, près à rendre ma vie pire que la mort. Enfin ma vie … tout du moins ce qu'il en reste. Je me demande si ce n'est pas de la résignation finalement, se sentiment que je hais plus que tout. Ainsi je serais mort dans absolument tous les sens du terme. Trahissant ce que je suis, et ce que je veux devenir. Quelle étrange fin pour un errant sans famille ni patrie.

Quelle étrange sensation. Un peu comme si j'étais figé dans la roche, suspendu hors du temps, lié à quelque chose qui n'existe pas vraiment mais qui me maintient dans un espace vide. En fait non, c'est plus simple, le temps s'allonge, ou alors, je le trouve long. Mais que se passe t'il … Ou plutôt, que ne se passe t'il pas. J'ais du mal à comprendre, ou inconsciemment, je refuse de comprendre. La souffrance tarde à venir, est ce une stratégie … est ce la force de la haine que j'ais vu dans ses yeux qui suspend le temps ainsi … pourtant je n'y crois pas. La folie se lisait dans son regard bien plus que la haine. Mais alors quoi.

Il faut que je me décide, quitte à prendre des risques. Alors je me détends. J'ouvre lentement mes sens à ce qui m'entoure. La première chose qui parvienne jusqu'à mon cerveau est un bruit. Un bruit comme un grincement perpétuel, ou quelque chose du genre. En quelque secondes je me rends compte qu'en fait ce bruit, c'est celui du vent, un vent violent et rageur qui crie en passant entre des roches et des morceaux de bois. Puis je l'entends elle aussi, la complainte. La complainte de plusieurs … non … de centaines d'âmes en peines. Inconsciemment un frisson me traverse le corps. La magie de l'éther et les volontés divines sont bien loin de notre compréhension, il ne faut pas sombrer trop tôt dans la crainte.

Quelque chose de chaud caresse ma peau. On dirait une longue couverture, ou un manteau qui me protège, mais non. Je ne ressens aucun poids, rien ne pèse sur moi. Et puis cette chaleur est égale et diffuse, comme celle que l'on ressent sous … sous la lumière de l'Astre. Quelque chose craque sous mes dents. De la terre ou du sable je ne sais pas. Il faut que je m'éveille. Je ne sais pas ce qui se passe mais je dois réagir. Ce répit est un cadeau, et par expérience, il faut en profiter au plus vite avant qu'il ne s'envole. Cette fois je dois … ouvrir les yeux, et affronter ce que je ne comprends pas.

Après un temps d'adaptation à la lumière un peu trop forte pour moi, je scrute le paysage. Devant moi, une plage en bord de mer, une épave que les eaux rongent à leur rythme. Sur le coté une forêt luxuriante, percée parfois d'un pic rocheux. Et enfin derrière moi … lentement je me retourne. Mon cœur cesse de battre un instant quand je tombe nez à nez avec la patrouille, enfin patrouille.

"Ben mon vieux remet toi, il en reste encore quelques uns si tu as envie de t'amuser"

L'un des hommes viens de me parler tout en me désignant l'espèce de montagne creuse qui se trouve derrière eux. Puis ils passent devant moi comme si de rien était. Je les entends railler sur le fait que je sois par terre et dans une tenue bien dégoutante. Ca les amuse visiblement beaucoup si je me fie à leurs rires gras et leurs coups d'œil en coin. Ils sont déjà loin. Alors je me relève et je tape du mieux que je peux mes vêtements pour en faire tomber le plus de poussière possible. C'est sûr, ce n'est pas la grande classe.

Ainsi je suis là, debout, et en vie, dans un endroit que je n'ai pas encore identifié même si des souvenirs reviennent doucement. Comment décrire se sentiment …
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyMer 25 Mai - 14:28

Voilà trois jours maintenant qu'il réfléchi. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait eu cette chance de pouvoir se poser, calmement, réfléchir, se poser des questions, un tas de questions, faire des hypothèses, échafauder des histoires plus folles les unes que les autres. Mélanger ses idées sans que cela ne porte à conséquences, inventer, imaginer, bref. Cette petite pause improvisée et inattendue lui fait un bien fou, et il savoure chaque instants avec une délectation profonde. De temps en temps une pensée vas vers Alyona, il se demande si après ca, la Dame l'as tuée ou non, ou pire … Mais ces pensées là s'effacent bien vite.

L'endroit est presque charmant. Proche de la mer qui borde le cercle tempêtes, mais couvert par une forêt luxuriante. Pas trop de passage. Bien entendu il a posé quelques pièges, pour se prémunir des Elyséens un peu lourdingues. Mais l'expérience lui a enseigné que rien ne protège d'une personne entrainé, et décidée à lui tomber dessus, alors il assume. Mais au final, l'endroit est calme et agréable. Et puis après tout, il ne comprend déjà pas lui-même ce qu'il fait ici, alors comment une autre personne pourrait elle envisager ce lieu pour le retrouver !

Il repasse tout dans sa tête. Depuis le moment où il est arrivé au Manoir, jusqu'au moment où il s'en est évadé, même si cette évasion reste un mystère. Tout le temps sous pression quand il était là-bas, il lui avait été impossible d'avoir des éclairages différents sur sa vie, et celle des deux femmes. Mais là, au calme et avec un recul total, les dernières années de sa vie prenaient un aspect différents. Il tente aussi de se souvenir de son enfance, période dont il ne lui reste quasiment rien, mais là aussi, sans savoir pourquoi.

Puis il creuse dans sa mémoire tout ce que lui ont révélé les livres de la Dame. Enfin, tous ceux qu'il a eu le temps de lire avant de ... Surtout l'un d'entre eux. Il était différent, moins poussiéreux et plus soigné que les autres. Un mot en lettres d'or orne la couverture, "Atreides". La calligraphie est particulièrement soignée. C'est pour cela qu'il avait attiré rapidement son attention. Les révélations dans se livres étaient plutôt troublantes. Le ton employé au fur et à mesure que les pages s'égrainent change visiblement. A croire que la Dame a finalement de la sympathie pour ces gens, tout au moins quelque chose qui y ressemble. Le livre en question raconte en détail leurs rencontres, leur luttes brèves mais féroces, et dans tous les récits, on sent que la curiosité la pousse à ces confrontations.

En dehors des histoires en elles mêmes, le livre contient un croquis. Leire sait que la Dame possède une éducation très poussée, mais il ne se doutait pas qu'elle puisse dessiner aussi bien. Sur le croquis on reconnaît parfaitement une Rodeuse Elyséene, cheveux mi-long, visage fin. La femme est svelte mais musclée. Sous son apparente innocence on reconnaît bien quelques traits des guerrières bien entrainées. La Dame avait dût l'observer un long moment pour saisir ainsi tout les traits de cette femme. Dommage que le croquis ne porte pas de nom. Pourtant les noms ce n'est pas ce qui manque dans se livre. Falkhen le Templier, Haven la Clerc, Kalten, Leiji et Shairya les rodeurs, Maric et Maylanee les Gladiateurs, mais aussi un mystérieux tenancier d'auberge sans nom.

Le livre racontait sans détour que ces gens, nommés eux-mêmes Atreides, vivent probablement dans une auberge de village, dans un endroit reculé d'Elyséa. Et qu'ils sont peut être plus nombreux que ceux que la Dame a rencontrée en personne. Il lui avait visiblement fallu de long mois pour réunir toutes ces informations. Etrangement, des noms Asmodéens apparaissent eux aussi. Il est fait référence à une légion d'Asmodae, Genesis, et de quelques uns de ses constituants, Calli, Guivre, Silvredro et quelques autres. Des liens étranges semblent liés ces Asmodiens aux Atreides. Mais étonnement la Dame dans son récit, reste évasive sur le sujet. Sans doute à cause du fait qu'elle aussi, visiblement, a des liens étranges avec ces gens.

Leire se souviens de la fin brutale du livre. Une rencontre avec une femme, et ces mots comme une oraison funèbre.

"J'espère qu'elle appréciera mon geste".

A la lecture, ces mots sonnent comme le tonnerre du Glas. Leire se souviens d'un frisson. Il se souvient aussi dans la bagarre d'un autre nom, Fehed. Un sorcier visiblement, mais leur rencontre fût brève.



L'heure est venue. Puisqu'un retour en arrière n'est pas envisageable, et que la mort non plus, il doit avancer. Ces idées sont parfaitement en place cette fois. Il sait des choses. Il sait en ignorer tant d'autres. Le pourquoi de ses visions de terres florissantes qu'il n'a jamais trouvé, le pourquoi de sa vie sauve, le visage de cette femme, de ces femmes si on compte celle du croquis, ces noms, ces histoires. Oui l'heure est venue, venue pour lui de comprendre ce qu'il est réellement, ainsi que ce monde qui l'entoure.

Il se lève lentement. Calme, décidé. Puisqu'il ne peut plus prétendre devenir le plus craint des assassins, tout au moins pas aussi vite qu'il le souhaite, il faut qu'il sache qui il est. Et les éléments les plus évidents qu'il possède sont des visages de femmes, et un nom de groupe. Leire se fond dans le paysage tropical, bien décidé à trouver les réponses à tous ces mystères, et il sait par ou commencer. Et même s'il sait qu'il doit déjà être pourchassé par les sbires de la Dame, rien ne peut l'arrêter, même si il doit tuer pour aboutir.

La chasse est ouverte.
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyLun 4 Juil - 13:37

Dehors, la lumière blafarde du jour qui se lève allonge les ombres dans les couloirs du château. Le silence qui règne alors en cette froide matinée ne déroge pas à tous les autres matins dans cette demeure somptueuse. Les serviteurs presque invisibles à ses yeux vaquent à leurs occupations sans faire le moindre bruit, allant et venant inlassablement.

Elle avance à pas feutrés, les bras légèrement croisés devant elle, les mains posées sur la crinoline de sa robe en soie bleu nuit. Son visage sans expression, ne reflète en rien toutes les pensées qui se bousculent dans sa tête, suite à l’entrevue qu’elle vient d’avoir avec sa reine. Arrivée sur le perron, elle déploie ses grandes ailes sombres et s’envole en silence au milieu des nuages faisant fuir sur son passage les oiseaux matinaux.

Comme toujours, le vent glacial sur son visage apaise ses sentiments, lentement, doucement et profondément, et c’est le plus calmement du monde, son esprit en phase avec son cœur et son corps qu’elle pose les pieds bruyamment sur le sol carrelé de la terrasse supérieure du manoir, faisant claquer les talons de ses escarpins, provoquant la fuite des moineaux mais surtout le sursaut d’Aliona qui s’était assoupie durant son absence.

« La fraicheur de la nuit vous a fait du bien à ce que je vois, vous êtes bien plus calme, très bien. » dit Lyrianna à sa novice d’une voix monocorde. « Allez donc vous rendre présentable, que nous finissions notre conversation » continua t elle en claquant des doigts en direction d’un vieux serviteur, posté sous le porche. Celui-ci, sans hésitation, emmena Aliona à l’intérieur et donna des instructions pour qu’on serve du thé à la Dame.

A peine le temps d’une respiration qu’une jeune femme apparaissait devant ce même porche un plateau d’argent à la main, chargé d’un service à thé d’une fine porcelaine aux décorations délicates. Lyrianna sentit le parfum de jasmin s’échapper de la théière et sourit intérieurement en pensant au bienfait de ce thé bien chaud après une telle matinée.

Elle resta sur cette terrasse le temps de déguster sa boisson chaude revigorante, prenant le temps d’observer la nature, d’écouter les bruits du manoir. Tous ses sens en éveil, elle profitait de ce calme pour en apprendre plus sur la vie de ses gens, afin de pouvoir utiliser cela dans le futur. Ne jamais perdre l’occasion de marquer des points, d’apprendre à connaitre son personnel, de comprendre les relations qui les animent. Non pas par intérêt personnel, elle se fichait totalement de savoir qu’un tel ou un autre avait eut un enfant ou perdu son chien. Non, elle voulait maitriser toutes les choses et les êtres qui l’entouraient.

Perdue dans cette dernière pensée, elle ne peu retenir un tic nerveux, trahissant la contrariété qui l’animait depuis la veille, contrariété qu’elle n’avait à priori pas pu refouler, et ce malgré le voyage du château au manoir, dans ce vent glacé.

Les choses étant ce qu’elles sont, il fallait bien qu’elle compose avec et ce dès maintenant, Lyrianna entendait les bruits de pas hésitants dans l’escalier. Aliona revenait et leur conversation allait commencer.



Dernière édition par Lyrianna le Mar 28 Aoû - 15:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyMar 5 Juil - 12:52

Elle était rentrée au manoir épuisée, mais avec la satisfaction du devoir accomplit, la mission avait été un succès. Elle irait donc faire son rapport à la Reine le lendemain, pour l’heure Lyrianna aspirait à un repos bien mérité, un bain, un thé chaud et une collation. Mais les évènements qui s’étaient déroulés précédemment dans ses quartiers ne lui offrir pas le luxe d’assouvir ses simples désirs.

A peine entrée dans sa chambre, qu’elle remarqua le bazard qu’avait mit Leire dans ses affaires. Car après tout, il ne pouvait s’agir que de lui. Elle n’avait rien dit, mais elle avait bien remarqué son attitude étrange ces derniers temps, sans parler du fait qu’aucun des serviteurs n’auraient jamais osés faire cela, quant à Aliona, la pauvre petite, n’en n’avait pas les capacités. C’était donc Leire, et l’avenir donnera raison à son raisonnement. Un œil profane n’aurait sans doute pas remarqué la fouille minutieuse de l’assassin, mais elle connaissait sa chambre, elle savait exactement où était chaque dossier et il lui était facile de constater deux choses évidentes. La première et la plus évidente, un combat avait eut lieu ici et on avait tenté de le masquer, combat rapide cela dit mais la tache de sang sur la margelle de la cheminée était sans appel. La seconde, moins évidente, était que le dossier sur les Atreides avaient été touché, sans doute bien plus que les autres parchemins et autres ouvrages précieux présents dans sa chambre.

Lyrianna n’eut alors pas de mal à trouver Aliona, il suffisait de suivre les regards des serviteurs dans un premier temps et ensuite de suivre le son des cris, des chouinements et autres bruits non identifiés provenant de la salle de retour. Naturellement, Lyrianna repassa les plis de sa chemise, remit une mèche de cheveux en place dans son chignon et d’un geste gracieux ouvrit la porte, discrètement. Ce qu’elle vit la décontenança un instant, elle ne s’attendait pas vraiment à voir sa novice dans cette condition.

Aliona était dans tous ses états, sa robe de popeline vert pale était maculée de sang, ses bras étaient couverts d’entailles, ses cheveux en bataille, les yeux hagards et son maquillage coulé lui donnait un air de folie furieuse. Elle criait de temps en temps, elle pleurait, elle riait aussi. Aucune de ses paroles n’avaient de sens, et elle ne semblait pas avoir remarqué la présence de la Dame de Glace.

Lyrianna resta un instant à observer la jeune fille, afin d’essayer de comprendre ce qui s’était passé, de comprendre l’état dans lequel elle se trouvait, afin de mettre les pièces du puzzle dans le bon ordre. Même si elle savait qui lui en manquait un certain nombre, elle supposait que des informations allaient surgir du discours incohérent d’Aliona.

Patiemment elle attendit, dans l’ombre d’une colonnade en marbre, elle écoutait et notait mentalement tous les détails qui lui paraissaient plus ou moins importants. Les entailles aux bras tout d’abord, à chaque fois qu’Aliona se faisait un reproche elle s’entaillait le bras à l’aide de sa dague, ce qui faisait légèrement sourire Lyrianna. En effet, c’est comme cela qu’elle reprochait elle-même les erreurs d’Aliona. Ceci dit les reproches en elles-mêmes étaient plus évocatrices que les douleurs que la novice s’infligeait à elle-même, après tout il semblait bien qu’elle les méritait. Bien sur elle se mortifiait des erreurs passées, sans importance pour l’instant présent, mais elle se reprochait d’avoir pénétré dans la chambre de la Dame, elle se reprochait d’avoir échoué à se venger de lui. Leire sans aucun doute se dit Lyrianna.

Au bout d’un long moment, La Dame de Glace comprenait plus ou moins ce qui s’était passé, jusqu’à ce que’elle en sache suffisamment et considère ne plus avoir grand-chose à apprendre de plus de cette jeune femme à bout de nerf en face d’elle. Tranquillement, elle tira Douleur de son fourreau et d’un geste lent et précis la lança avec force en direction d’Aliona.

Cette dernière, ne comprenant pas ce qui lui arrivait, tomba un genou à terre et porta un regard rouge de douleur et de haine en direction de l’agresseur. Reconnaissant Lyrianna, elle perdit connaissance, la surprise fut telle qu’elle ne pu faire face à ce bouleversement intérieur.
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MessageSujet: Re: Ni avenir ni passé   Ni avenir ni passé EmptyVen 8 Juil - 20:32

C’est avec une grimace de douleur qu’Aliona passa le portail qui devait la mener à son destin. Le retrouver ou mourir tel avait été les ordres. Clairs, simples, à l’image de celle qui les avait donnés.

Lyrianna avait finit par comprendre la plupart des choses qui s’étaient passées ce jour là durant son absence, la conversation qu’elle avait eut avec Aliona sur la terrasse, le recoupement des divers informations qu’elle avait rassemblées lui avaient ouvert les yeux sur la réalité. Une seule chose restait à déterminer mais c’était malheureusement un point qu’elle ne pouvait élucider elle-même.

Elle avait donné des ordres pour qu’on prépare son matériel, afin d’aller tuer celui qui l’avait trahit. Mais les ordres qu’elle avait reçu étaient d’une toute autre nature. En effet, elle s’était rendu au château de la reine, et avait exposé non seulement son rapport de mission mais également les faits qui s’étaient déroulés au manoir.

Quelques jours plus tard, elle fut convoquée par la Reine, qui lui interdit de tuer ce Leire, qui semblait il avait un rôle à jouer. Sans contester, Lyrianna abandonna sa chasse mortelle, se contentant de mettre tout en œuvre pour retrouver ce Leire ou quelque soit son véritable nom, pour le jour où elle recevrait des ordres contraires.

Ce jour là ne se fit pas réellement attendre, la chasse était ouverte. Lyrianna ordonna à Aliona de le retrouver, en lui indiquant bien sur où chercher.

« Vous irez le trouver, mais vous ne l’approcherez pas. Est-ce bien clair ? » lui-dit elle le matin avant de partir.

Aliona savait bien que cette question n’était que rhétorique, et que la Dame n’attendait pas vraiment de réponse, elle se contenta de hocher la tête positivement. La novice avait retrouvé quelque peu ses esprits depuis cette nuit là, mais Lyrianna savait très bien qu’elle était perdue pour la cause. Pourtant elle avait décelée en Aliona un esprit de chasse animé par la vengeance. Même si d’habitude elle réprouvait totalement que les sentiments viennent interférer dans les actes, pour Aliona c’était différent, sa folie semblait avoir transcendé les capacités sensorielles de la jeune femme, elle était désormais différente. Toujours aussi inefficace en tant qu’assassin, mais d’une qualité hors norme en ce qui concerne la traque. Même si cette perfection n’avait qu’un seul objectif, cela servirait ses desseins. Lyrianna savait très bien que tout cela ne durerait qu’un temps.

Elle tira alors, d’une petite pochette en cuir travaillé, une courte et fine lame noire. Elle s’approcha d’Aliona et lui planta vivement la lame à la base du coup. Aliona retint un cri, plus de surprise que de douleur d’ailleurs. Etrangement, la lame ne lui fit pas aussi mal que ce qu’elle avait anticipé.

« vous ne la retirerez que lorsque je vous en donnerai l’ordre. Cette lame, vous rappellera à tout instant, que vous m’appartenez Aliona, vous n’êtes en vie que par la clémence de la Reine. Maintenant partez. »

Lyrianna resta un instant, le temps devoir sa novice disparaitre dans une myriade d’étincelles. Elle imagina alors son arrivée en terre de l’Astre, n’espérant alors qu’une seule chose, qu’Aliona revienne rapidement afin qu’elle prenne en charge la suite des évènements en main propre.
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