Le silence de cette froide matinée n’était troublé que par le bruit de son souffle et des bruissements de ses robes. Ses joues étaient légèrement tintées de roses, quelques gouttes de sueur perlaient sur son front tant l’effort physique qu’elle faisait depuis qu’elle était levée, était important. Dans son regard on pouvait voir une concentration extrême, ses gestes étaient tous nets, ses positions étaient parfaites et pourtant elle recommençait inlassablement depuis des heures, les mêmes parades, les mêmes attaques, les même enchainements. Lyrianna s’entrainait encore et encore, sans relâche, ne voulant pas perdre une once de sa dextérité, à aucun prix.
Cela faisait maintenant quelques jours déjà qu’Aliona avait été lancé à la recherche du traitre et Lyrianna utilisait ce temps pour s’entrainer d’avantage, elle savait que son dernier élève avait vraiment progressé et elle ne voulait pas sous estimer son adversaire. Elle avait donc passé du temps en méditation, afin de reprendre le parcours initiatique qu’elle lui avait fait explorer, afin de se souvenir précisément de ce qu’elle lui avait enseigné mais surtout de comment il avait réagit à son enseignement.
Entre deux cabrioles et autres mouvements de combat elle jeta un regard dans un coin de sa salle d’entrainement. Un cube ouvragé et ses deux amies ; Souffrance et Douleur, l’attendaient patiemment. Ses affaires étaient prêtes, il ne restait plus que le retour d’ Aliona pour sonner son départ. Dans ce cube, elle y avait précautionneusement rangées des petites fioles de couleurs et des parchemins. L’arc en ciel que formaient ces flacons, n’avait rien d’enchanteur, bien au contraire, il était la représentation de ce qui se faisait de mieux en terme de poison divers. La Dame de Glace avait personnellement veillée à leur fabrication.
Lyrianna avait également passé du temps à redévelopper ses sens, elle savait qui elle allait récupérer, un maitre dans l’art du camouflage, elle ne pourrait alors pas se contenter de se fier à ses seuls premiers sens, l’ouïe et la vue. Elle passa alors du temps en chambre noire, s’infligeant des tests olfactifs et sensoriels sans repos.
Le jour vint enfin ! un serviteur arrivait en courant, l’air ahurit complètement essoufflé. L’ordre avait été donné que si Aliona revenait la Dame devait être prévenue sur le champ. Tous les gardes et les serviteurs savaient ce que cela sous entendait. Lyrianna était au petit salon, jouant du piano, ce qui décontenança légèrement le pauvre bougre qui ne savait pas quel ordre il devait suivre présentement. Donner l’information à sa maitresse ou ne pas la déranger quand elle joue du piano. Se triturant le peu de cerveau qu’il avait à la plus grande vitesse qu’il pouvait, mâchouillant sa langue avant d’ouvrir la bouche tout en retournant et triturant son chapeau de lin entre ses mains, il dandinait sur place.
La pianiste leva le regard vers lui et arreta sa douce mélopée.
« Qui a-t-il ? » demanda t elle simplement les mains encore sur les touches blanches et noires.
« c’est que Dame, pardonnez de vous déranger pendant votre musique, mais les gardes à la salle de retour nous signale l’arrivée de Damois… » il s’arrêta net, se souvenant alors qu’Aliona ne devait plus être considérée comme une demoiselle « nous signale le retour de la prisonnière » termina t il le souffle court ne sachant pas alors s'il avait courroucé la Dame.
Elle trouva étrange que les gardes ne se soient pas déplacés eux même l’en informer et avait envoyé, manifestement, le premier serviteur qui passait par là.
« Très bien » dit-elle en se levant, refermant délicatement le piano.
Le pauvre drôle dodelinait encore, l’air embêté.
« parle » ordonna t elle tout en avançant d’un pas rapide mais sans précipitation.
« C’est que Dame, elle n’est pas jolie jolie la damoi…la voleuse » lui dit il en la suivant