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| Ce que nous sommes. | |
| | Auteur | Message |
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Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Ce que nous sommes. Jeu 21 Avr - 0:28 | |
| Le camp s'installe avec la dextérité habituelle ; Les tentes se montent rapidement et efficacement, des branches et pierres sont rassemblées pour le feu, les sentinelles prennent leurs positions. L'endroit est éloigné des divers campements que nous avons pu croiser jusque là et se trouve à flanc de falaise, ce qui nous permet de réduire les zones à défendre. Le sol est boueux et glissant, conséquence de la pluie qui n'a cessée depuis notre arrivée dans la région. L'air est frais, le vent glacial : nous serons tous rassemblés autour du feu ce soir, lorsque les peaux auront été étendues et les branches séchées.
Les plus jeunes recrues semblent déboussolées par ces changements climatiques, je les vois grelotter, se frictionner les bras, glisser dans la boue. Leur équilibre est incertain, leurs mouvements peu précis. D'un geste je leur désigne la tente proche de la falaise, encadrée par deux autres. Je n'ai pas besoin de les suivre du regard pour savoir qu'ils s'y dirigent sans un mot et la tête haute. Un dernier tour du campement pour m'assurer que tout est prêt et je les rejoins. Ils sont debout, mal à l'aise aussi ce qui me fait plisser les yeux, juste assez pour qu'ils baissent encore plus la tête. Ils ont encore beaucoup à apprendre avant de passer le rite d'initiation. " Vous resterez avec Ituha autour du feu ce soir, pas plus de temps que nécessaire. Vous retournez ensuite ici et vous y restez pour la nuit. " Ma voix est sèche, froide, habituelle. Le plus jeune marque un mouvement de recul qu'il n'effectue pas, heureusement pour lui. " En cas d'attaque, vous intervenez uniquement si besoin, mais vous vous protégez en priorité. Ituha sera avec vous. " La fin de ma phrase est un grondement sourd, un avertissement. Les règles sont strictes, l'entrainement sévère, mais sacrifier des jeunes en manque d'expérience est parfaitement inutile. En cas de problème, Ituha saura les protéger efficacement. " Habillez-vous et faites-vous discret. " Je les gratifie d'un regard dur et sors de la tente, leur envoyant dans la minute le grand mercenaire, robuste comme de l'orichalque.
La pluie ne cesse pas mais un feu brûle désormais au centre du camp, la ration de ce soir est bientôt prête. Les premières relèves auront bientôt lieu, tout le monde a besoin de repos après cette journée. Le soleil de Théobomos n'était pas encore levé quand nous avons levé le camp ce matin, mais la chaleur commençait déjà à se faire sentir. Une journée chaude et sèche, parsemée de tempêtes de sable. Ici, tout est trop frais, trop humide et trop vert pour ceux qui n'ont encore jamais quitté le désert avant cela. Pour les habitués, le changement est moins rude mais tout de même éprouvant. Pas assez néanmoins pour atténuer efficacement nos capacités. Je lève la main, bouge deux doigts et les laisse s'organiser pour la nuit.
La nuit tombe quand je rejoins finalement Keme pour prévoir au mieux nos déplacements suivants. Son visage est fermé, strié de cicatrices et son œil droit toujours aveugle quand j'arrive à sa hauteur et le salue, une main sur le cœur. S'il n'en fait pas de même, c'est uniquement parce qu'il va droit à l'essentiel et me tend un parchemin humide. | |
| | | Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Ven 22 Avr - 0:12 | |
| Le parchemin en question est bref, à peine une ligne. L’eau à coulé sur les mots, l’encre a bavé sur le papier. On arrive cependant encore à lire ce qui y est inscrit. Ce n’est pas la première fois que ce genre de message me parvient, et comme à accoutumée Keme me regarde fixement, attendant les ordres. Sans m’occuper de lui je m’empare d’une torche et brûle le morceau de papier. Comme toujours, il n’y aura pas de traces, pas de preuves, pas de risque que le message ne se diffuse dans le camp. Je me retourne enfin vers le vieux mercenaire et le fixe. Son œil jaune est rivé sur moi, presque défiant, alors que son autre, d’aspect laiteux et traversé par une cicatrice ne regarde que le vide. Keme est le genre de mercenaire à effrayer les plus jeunes juste avec son regard, mais ça n’a jamais été mon cas. Ce soir encore, c’est lui qui finit par baisser la tête, s’inclinant avec respect. Il reste tendu cependant : ma décision ne lui convient pas, mais il ne la remettra pas en cause. La nuit tombe, je me repasse le message en tête ainsi que mes connaissances de la région. Je sais très bien qui est à l’origine de ce parchemin, mais pas ce qu’il me veut. Des fois je me déplace pour rien, et des fois il me délivre des informations intéressantes. Alors que je glisse une dague dans ma botte, je lui souhaite que son histoire vaille la peine du déplacement. Keme me regarde déjà quand je me tourne vers lui, et il s’approche avec souplesse, pas le moins du monde gêné par la pluie ou la boue. “Je te confie le clan le temps de mon absence. Levez le camp avant l’aurore et suivez le tracé établi plus tôt.” Personne ne s’interrogera sur mon absence, pas plus que ne remettra en cause l’autorité de Keme. Là encore, ils sont tous habitués. Pour autant, personne n’est au courant de la destination où je me rends ni ce que je fais. Un léger rictus se dessine sur mes lèvres : le dernier a avoir essayé de me suivre en gardera la trace toute sa vie et ne s’y risquera plus. “Force et Honneur.” Je le salue une main sur le cœur, un bref hochement de tête, et cette fois il me rend mon salut avec tout le respect qu’il me doit. Sans un mot de plus ni même me retourner vers le camp, je me glisse dans l’ombre des arbres. La jungle est calme durant la nuit, mais le sol glissant et le noir ambiant ne facilitent pas ma progression. Pour autant, je sais où je vais, les missions sont fréquentes dans le coin et la jungle est également un bon entraînement pour les jeunes recrues. Je tends l’oreille aux sons alentours, nettement différents de ceux du désert. Je perçois diverses choses, mais pas de menace immédiate. J’avance à mon rythme, à pas souples. Ne pas se presser pour ne rien rater, ne pas trop trainer pour éviter d’être une cible facile. Je reste à couvert, dans les ombres, évite au maximum les branchages au sol. Des os commencent à apparaître dans la végétation alentours, des bruits de pas lourds, quelques couinements aussi. Ici la faune semble moins dormir, sans doute éveillée régulièrement par le bruit sourd des pas. Sûr de ma trajectoire, je continue ma progression, franchis les obstacles et m’enfonce toujours plus dans la jungle. J’y suis presque. Un énorme squelette trône sur le sol, m’y voilà. Derrière ce tas d’os, acculé contre la paroi et légèrement en contrebas se trouve le nid. Et dans le nid, un œuf. Je ne m’y rends pas immédiatement, je prends le temps d’éviter les quelques dragons éveillés et suis le chemin menant au sommet de la paroi. Finalement, malgré l’obscurité je le vois, assis dans l’herbe, adossé contre un tronc d’arbre au sol. Je sors ma dague, il est temps d’aller le saluer. | |
| | | Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Ven 22 Avr - 23:45 | |
| Silencieux, je longe le rebord sans jamais le quitter du regard. Il n’est pas une réelle menace n’ayant jamais reçu de formation militaire valable, pourtant je sais qu’il connaît quelques sorts dévastateurs et saurait les mettre en application. Il a beau lui manquer l’attention et la réactivité nécessaire, l’attente permanente du danger, je ne dois sous-estimer personne. Il fait trop sombre pour que je puisse discerner son regard mais sa posture décontractée me laisse à penser qu’il ne m’a pas repéré. Ne sous-estimer personne, il a pu apprendre à dissimuler sa nervosité. Finalement, je me retrouve derrière lui, ma dague toujours en main. Je le considère un instant, étudiant l’endroit qu’il a choisit. S’il n’y a qu’une seule zone d’accès qui ne nécessite pas de descendre la paroi, fait bruyant, il n’est absolument pas protégé contre les tireurs à distance. Dommage pour lui, je sais lancer une dague aussi bien que m’en servir au corps à corps.
D’un geste vif l’arme fond sur lui et je descends la paroi pour le frapper à la tête. Les deux coups ricochent sur son bouclier, mais lui sursaute et se retourne, effrayé, s’emmêlant dans sa robe de sorcier. Amateur. Les yeux dans les yeux, je me baisse et ramasse ma dague, laissant filtrer un rictus sur mes lèvres. Je le vois écarquiller les yeux, apeuré. Il a peur de moi, il est en mon pouvoir. Je le laisse mijoter encore quelques instants puis range sèchement ma dague à ma ceinture. Les bras croisés, impassible, je fronce les sourcils quand il tarde à se relever et à m’annoncer la raison de cette rencontre. Il bafouille des excuses et finit par se remettre sur ses pieds non sans me jeter un regard nerveux.
“Qu’est-ce qu’il s’est passé ?” C’est une question qui m’intéresse à le voir ainsi. A notre dernière rencontre il était confiant, assuré, bien que toujours maladroit dans ses gestes et paroles. Dire qu’il en était même venu à se dresser contre moi, menace bien inutile mais respectueuse néanmoins. Quant à cette loque en face de moi, elle mériterait juste que je la tue sur le champ. Je le vois reculer d’un pas alors que je fronce les sourcils, reculer encore alors que j’avance, se liquéfier alors que je l’attrape par le col de sa robe. “As-tu besoin que je te fasse parler ?” Il pâlit brusquement, résiste mollement mais n’ouvre pas la bouche pour autant. Je gronde, je le tuerai sans en ressentir le moindre regret et il le sait pertinemment. Ma dague s’approche de sa gorge tandis que je hausse les sourcils, menaçant. Instinct de survie ou brin de jugeote, tout ce que je vois est que ça à le mérite de le faire réagir. Deux mots passent ses lèvres rapidement, à peine chuchotés mais efficaces, me repoussant contre la paroi. Bien, voilà qui est mieux.
Je range de nouveau ma dague alors que je vois son regard perdre de cette peur et s’affirmer légèrement. Peut mieux faire mais je m’en contenterai pour le moment. “Quelles sont vos missions pour le moment ?” Sa question me surprend sans que je n’en laisse rien paraître. “Ce que nous faisons ne sont pas tes affaires. Et je te conseille de t’en souvenir à l’avenir.” Il détourne les yeux, se passe la main dans les cheveux, change régulièrement son poids de pied. “Qu’est-ce qu’il s’est passé ?” Je demande de nouveau tant son comportement dénote avec notre dernière rencontre. Nerveux oui, mais pas à ce point. Est-ce quelque chose que nos informateurs auraient raté ?
“Est-ce que vous avez tué Eze ?” La question arrive un peu plus tard alors qu’il se laisse tomber sur le tronc d’arbre. Je pourrai le tuer à l’instant qu’il ne résisterait même pas, pathétique. Et au plus je vois où il veut en venir, au plus j’ai envie de lui trancher la gorge. “Est-ce que tu m’as fais venir pour ça ?” S’il pensait être menacé tout à l’heure, avoir peur, il va découvrir qu’il a tout intérêt à avoir la bonne réponse à cette question sous peine d’avoir un aperçu plus détaillé de ces sentiments. Ma voix n’est plus que grondement et mon visage définitivement fermé. Le sien... le sien reflète la peur que j’ai pu y voir tout à l’heure et me renseigne plus sûrement qu’aucune réponse orale. En deux pas je suis sur lui, ma dague ayant retrouvé sa place contre sa gorge et l’autre le tenant fermement contre la paroi contre laquelle je viens de le pousser. Ma voix se fait doucereuse alors que mon esprit analyse son comportement depuis que je suis ici. “Tu penses que nous l’avons tué. Par contrat ou simple plaisir personnel. Et tu penses que je vais te tuer pour terminer le travail n’est-ce pas ? Alors dis-moi Fehed, pourquoi m’avoir demandé de venir ?” | |
| | | Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Dim 24 Avr - 23:40 | |
| Le sorcier ne résiste pas à mes manières brutales, se laisse soutenir et pour toute réponse se contente de détourner le regard. J’accentue la pression de la dague contre sa peau, faisant perler un peu de sang. Il devrait savoir qu’il ne faut pas jouer avec moi. Il tressaille mais obtempère finalement. “Je voulais savoir... Si c’est bien vous et... et si je suis le prochain je...” Son regard se pose sur moi et pendant un instant il se contente de me fixer avec ce que je perçois être de la tendresse. Un rictus s’affiche sur mon visage et si cette expression s’efface aussitôt du sien, sa langue elle, prononce les mots fatidiques. “... je préfère que ce soit toi.”
Le mouvement est rapide et il n’a pas le temps de réaliser ce qu’il se passe que ma dague est déjà profondément plantée dans son abdomen. Ses yeux s’écarquillent soudainement, sa bouche se tord en une grimace de douleur et un sifflement s’en échappe. Quand je retire mon arme de son corps, celui-ci tombe à genoux, une main sur sa blessure, l’autre par terre. Il essaye de bredouiller une question mais réussit juste à tousser. Bientôt il crachera du sang. “Je t’exauce volontiers. Sache cependant que cet acte n’était pas du fait du clan. Dommage.” Se vanter de la réussite des autres ne fait pas partie de nos règles et cela ne commencera pas ce soir. Je le vois fermer les yeux douloureusement et se mordre la lèvre. Il n’a pas l’air serein de ceux qui veulent vraiment mourir et sont sur le point d’y parvenir. Ça m’est égal, je n’ai aucun respect pour les loques de ce genre, à se morfondre pour une perte humaine. “Avais-tu autre chose pour moi ? Quelque chose d’intéressant et d’utile.” De toute évidence, ma présence ici avait uniquement pour but de satisfaire sa curiosité personnelle, mais il ne faut rien négliger. Je le surplombe de toute ma taille, ma main resserrée sur ma dague : de sa réponse dépendra mon prochain geste. Peut-être aura t-il cinq minutes de sursis encore.
Il ne lève même pas la tête pour me regarder, sans doute en train de chercher une quelconque information à me donner. Un faible chuchotis s’échappe de lui, trop faible pour que je puisse comprendre ce qu’il baragouine. L’instant d’après il n’est plus là. Intéressant. Ses tours de passe-passe ne sont cependant pas très élaborés et je le repère rapidement, juste au sommet de la paroi. Pas élaboré, mais efficace pour le moment, le rendant hors d’atteinte. Il est toujours sur les genoux mais je le vois fouiller dans sa robe et avaler le contenu d’une fiole, pour finalement se relever avec difficulté. “Eze avait reçu une lettre de menaces plus tôt dans la journée... Apparemment notre liaison n’était pas bien vue.” Il ricane puis tousse encore. Peu importe ce qu’il vient d’avaler, ça semble lui redonner des forces. Ce qu’il m’annonce n’est cependant pas une grande nouvelle. Qu’un mercenaire reconnu fricote presque ouvertement avec ce sorcier de seconde zone a de quoi déplaire à plupart d’entre nous, à commencer par son clan et le mien. Qu’il ait pu croire par contre que nous nous abaisserions à envoyer une lettre m’insulte, et si je n’avais pas besoin de ma dague, je la lui lancerai volontiers entre les deux yeux. “Une provocation en publique, et sois sur que nous nous en serions chargé en premier. Et ça n’aurait pas été lui le premier à mourir.” La menace est présente dans ma voix autant que sur mon visage. Dans l’obscurité, j’ai du mal à discerner ses expressions et à prévoir ses réactions, aussi je me déplace lentement vers l'œuf sans le quitter du regard pour ne pas être une cible facile. “Ma vie ne regarde que moi, ton clan peut bien aller se faire foutre sur un bûcher !” Je passe derrière l'œuf au moment où une boule de feu s’écrase à mon précédent emplacement. Avec ça, c’était une brûlure légère tout au plus qu’il m’aurait infligé, mais il se comporte déjà plus comme un homme et moins comme une lavette. “Mesure tes paroles si tu ne veux pas que je te coupe la langue. Et mesure tes actions aussi, tu es lié à ce clan depuis que tu t’es immiscé dans ses affaires.” Je profite de l’obscurité pour me déplacer sans qu’il ne me voit, mais je perds également un bon angle de vue et ne peux observer ses mouvements comme je le voudrai. Pourtant, il n’a pas l’air de bouger... “Il fallait que je la protège...” Le sujet est sensible pour lui je le sais, et sa voix semble triste à nouveau. Touchant, vraiment. “Mais elle n’a plus besoin de moi à présent...” Pathétique, tant de bons sentiments. Je ne vois qu’une silhouette figée d’ici, mais celle-ci à la tête basse, une main sur le ventre et l’autre sur le visage. “Nous en reparlerons.” Les mots flottent dans l’air comme une promesse alors qu’il disparaît. Cette fois, nul tour de passe-passe, il est bien partit. Soit, sa mort n’en sera que retardée. | |
| | | Aneesa
Messages : 5 Date d'inscription : 24/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Dim 24 Avr - 23:45 | |
| Je m'appelle Aneesa, enfin, c'est le surnom que Leizi m'a donné, vous savez Leizi ? Vous la connaissez ? Moi je l'aime bien, elle a été gentille avec moi mais maintenant, je suis livrée à moi-même ici, dans ce camp. Ho, ne croyez pas que je me plaigne, à dire vrai, ce fut mon choix de rester auprès du maître, je pouvais partir avec Leizi si je le voulais mais... Je crois au fond de moi que maître avait plus besoin de moi que Leizi, oui, c'est ce que je pense. Il m'arrive parfois de le regretter, sa compagnie me manque beaucoup beaucoup mais... Leizi a sa vie et moi, j'ai la mienne a faire.
Voici les pensées d'une jeune fille, oui, les pensées, derrière son allure sauvage, sa couleur de peau brunie, ses cheveux sont de la couleur de l'argile, ses griffes sont dignes des serres d'un aigle, sa vision est longue mais le plus intéressant en elle est dans le fait qu'elle communique avec les animaux. Oui, l'enfant sauvage que vous avez devant vos yeux ne parle pas beaucoup aux humains, mais arrive a donner des ordres et à s'exprimer avec les animaux. D'ailleurs, la jeune fille a le même comportement qu'eux, dort comme eux, mange comme eux, se déplace comme eux...
La jeune fille à commencé il y a un petit moment mais il lui a fallut un certain temps pour apprendre à parler, comprendre le langage des humains. La petite n'était pas si mystérieuse que cela, tout le monde savait qu'elle avait été abandonnée par ses parents dans le désert où un animal lui est venu en aide, elle a grandit dans une oasis avec la faune locale... Curieuse, enjouée pour un rien et surtout d'une tendresse digne d'une peluche, sa place n'était peut-être pas dans ce clan mais elle n'avait nul part ailleurs où aller, elle était donc dans le clan peut-être à défaut.
La jeune enfant aime se rouler dans le sable, d'ailleurs, elle traîne souvent à cause de ça lors des déplacements, mais finit toujours par rattraper le groupe. Elle connaît par cœur les déserts, les montagnes et lorsqu'elle est perdue, elle a toujours une aide animalière quelque part pour la diriger. La fillette est dans le clan, sous la pluie, ses couettes hirsutes sont tombantes, son visage humide, ses yeux brillants et le regard triste. La fillette regarde le groupe autour du feu mais malgré le froid, malgré la pluie et l'envie d'y aller, elle ne se mêla pas aux membres du groupe, souvent apeurée elle préfère rester a l'écart des humains qu'elle ne connaît pas. Craintive, peureuse, douce et câline, voici ce qu'elle était mais c'était exactement les défauts qu'il ne faut absolument pas avoir pour survivre. Ceci dit, elle a survécu tout ce temps avant de rejoindre le clan.
La fillette fixa timidement le feu, le groupe, discrète au plus haut point, la plupart des gens même ne savaient pas qu'elle existait, une rumeur, un souffle du vent, quelque chose de présent mais transparent la représentait bien, ceci dit, la jeune fille restait toujours assise comme un animal, regardant la vie, les gens, au loin, essayant peut-être d'apprendre leur comportement... | |
| | | Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Mer 27 Avr - 20:35 | |
| Le retour au campement s’effectue de la même manière que l’allée, avec discrétion et vigilance. Le meilleur moment pour tuer quelqu’un est souvent quand il se trouve sur le chemin du retour. En raison d’une conversation ou d’un évènement survenu plus tôt, l’esprit est plus propice à être distrait. De même, inconsciemment, le retour s’effectue toujours de manière plus rapide qu’à l’aller et des fautes sont plus souvent commises. Être aussi attentionné et prudent à l’aller qu’au retour est une leçon que j’apprends très tôt aux mercenaires, et aucun n’a le droit d’échouer. Concentré sur l’environnement, je ne note rien dans l’air outre la pluie incessante et le vent qui me murmure à l’oreille. Aucune menace, aucun poursuivant.
Les abords du camp sont tout aussi calmes, et dissimulé derrière les arbres j’en fais le tour. Les sentinelles semblent percevoir quelque chose, je les vois se tendre, être à l'affût du moindre mouvement. Néanmoins, il est déjà trop tard. Je suis une ombre dans les ombres, voilé par la végétation dense et le rideau de pluie. Dans mon champ de vision, une de nos jeunes mercenaires. Je supervise personnellement son entraînement et dans l’ensemble elle se débrouille plutôt bien. Elle est volontaire, attentive quand on sait la canaliser et retient vite les choses. Ajouté à cela son don avec les animaux, elle est un bon élément. Il y a encore du travail à effectuer néanmoins. Elle n’est pour le moment pas prête à travailler en équipe, parfois distraite et surtout son comportement n’est pas digne d’un mercenaire. Je note aussi son attachement à Lela. C’est un lien que je dois contrôler, elle ne doit pas tomber dans le sentimentalisme et si elle doit prendre exemple sur elle, qu’elle le fasse quand elle était encore un mercenaire digne de ce nom. Mais ce lien est également un pouvoir. Aneesa n’aimerait certainement pas que son amie subisse une nouvelle séance de torture par sa faute, même si elle se trouve hors de ma portée pour le moment. Mais ce fait, Aneesa et les autres n’ont pas à le savoir. Pour tous, y compris Lela, elle est en mission. Et quand elle reviendra, je m’occuperai personnellement d’elle.
Je vois Aneesa bailler, se frotter les yeux, son visage dirigé vers ses compagnons autour du feu. Elle est seule, encore une fois. Et une cible facile. Regardant tout autour de moi pour vérifier que je ne suis pas menacé, je récupère une nouvelle fois ma dague. Elle est encore tâchée du sang de Fehed. D’un geste souple je lance l’arme qui se fiche dans sa jambe et me couvre derrière un arbre. Une volée de flèches dans ma direction est la réponse à mon attaque. Si elles ne m’ont pas dévoilé à mon arrivée, les sentinelles sont restées attentives tout de même. Dans tous les cas, un membre du clan aurait pu mourir à l’instant. Un sifflement passe mes lèvres et l’agitation se calme. Ce n’est après tout pas la première fois que je les surprend ainsi. Sortant de ma cachette, je hoche brièvement la tête en direction des sentinelles qui reprennent leur observation, puis me dirige vers Aneesa. Elle ne fait pas partie des toutes jeunes recrues sous la surveillance d’Ituha, mais peut-être que cela lui remettrait les idées en place.
Devant elle, je récupère sèchement ma dague, ne lâchant jamais son regard. Si elle n’acquiert pas un minimum d’instinct de survie elle mourra, et je pourrai bien en être la cause. “ Qu’as-tu à me dire ? ” Révéler une faute est une chose, mais que le fautif ait conscience de son erreur en est une autre. Je lève la main, ne la laissant pas me donner une réponse hâtive : toujours mesurer ses paroles, peu importe à qui l’on parle. “ Dans la tente. ” Tente que nous partageons avec Keme ce soir. Celui-ci vient d’ailleurs nous rejoindre, son œil jaune cherchant sur moi une blessure fraîche. Nous ne pensions tous les deux pas que je serai de retour aussi rapidement. “ Continue, j’ai à faire. ” D’un mouvement de la tête je lui désigne la petite. Il s’incline, comprenant parfaitement qu’il conserve la direction du camp jusqu’au matin, comme prévu initialement. Nous sommes également tous conscients qu’une leçon prend parfois du temps. Beaucoup de temps. Je le salue puis me dirige vers la tente d’un pas assuré. La nuit sera définitivement longue. | |
| | | Fehed
Messages : 24 Date d'inscription : 07/04/2010
Feuille de personnage Nom Usuel: Fehed Age: 547 Classe: Sorcier
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Jeu 28 Avr - 23:39 | |
| Sanctum était une belle ville, mais en tant que capitale Elyséenne, elle possédait également bon nombre de gardes et de soldats venus de tout horizons, ce qui l’enlaidissait considérablement. Le hall de la prospérité était sans cesse rempli de marchants et de guerriers tous désireux de vendre leurs breloques, le tout à des prix exorbitants. Mais comme toute ville remplie de combattants, la vue d’un blessé n’émouvait plus personne, et surtout pas à cet endroit là. La nuit et les lampadaires du parc rendaient l’endroit terne et blafard, et les quelques marchants assez fous pour se tenir encore ici lui donnaient l’impression que l’atmosphère étant pesante et dangereuse. Peut-être la pluie jouait-elle un rôle aussi. Quoi qu’il en soit, quand son sort de retour l'amena droit sur les pavés dégoulinant de Sanctum, juste devant la statue de téléportation, personne ne dit un mot, personne ne s’intéressa à lui. Sauf peut-être ceux qui espéraient lui vendre quelque chose, mais la fatigue semblait avoir calmé leur voix forte et leurs gestes attirants. Au final, il se retrouva comme seul, allongé là, trempé jusqu’aux os et dégoulinant encore de sang.
Il lui fallut un moment pour se convaincre de se remettre debout et se traîner jusqu’à un banc dans le parc. Ici l’atmosphère était déjà moins glauque et plus fraîche. Une main sur sa blessure, la tête tournée vers le ciel, il apprécia longuement la sensation de la pluie sur son corps endoloris. Les yeux fermés, il aurait pu se laisser aller et dormir, mais son âme était trop tourmentée pour le laisser en paix ce soir. Pour preuve, il avait fallu qu’il se trouve face à Gahiji, qu’il lui pose la question qui lui avait brûlé les lèvres dès qu’il avait retrouvé le corps sans vie de Eze. Eze... Il avait été un ami fidèle et remarquable, et il avait gardé ces qualités quand leur relation avait naturellement évoluée. Aucun d’eux ne s’étaient interrogés sur ce fait, ils l’avaient accepté comme tel, récoltant ces moments de bonheurs comme autant de cadeaux. Ils ne s’étaient pas affichés, il ne s’étaient pas cachés non plus. Et cela avait coûté la vie à Eze.
Sous ses paupières ses yeux piquaient, et les larmes qui s’en échappèrent roulèrent tranquillement sur ses joues, se mêlant à l’eau de pluie. Il allait tellement lui manquer... Et tout ce qu’il allait gagner lui, c’était de mourir. Si ceux qui avaient tué Eze ne le tuaient pas en premier, Gahiji s’en chargerait volontiers. A vrai dire, sans un minimum d’instinct de survie et une de ses potions miracles, il ne serait déjà plus de ce monde. En lui demandant de venir, il avait envisagé cette possibilité, mais pas la peur qu’il ressentirait à cette perspective. Il avait imaginé être en colère, avoir envie de brûler son satané camp et ne plus revoir un mercenaire de sa vie. Au lieu de ça, il avait retourné les menaces dans sa tête, s’était rappelé le corps mutilé d’Eze, avait entendu les bruits de la jungle. Et il avait eu peur, peur de finir de la même manière. Il ne s’était pas attendu à réagir ainsi, non. Ni même avoir eu envie de laisser cette peur le dévorer, envie de revoir Eze encore. Un petit rire s’échappa de sa gorge, le faisant immédiatement grimacer. Fichue blessure. Finalement, il devrait peut-être remercier Gahiji. Sans une attaque réelle, il serait devenu un sorcier dépressif et fou, de quoi de réjouir vraiment.
Demain matin, juste avant que le soleil ne se lève, il irait faire soigner de fichu trou dans son ventre. Il survivrait bien encore quelques heures, sa potion faisait encore effet après tout. Et une fois plus en état, il cuisinerait de bons cookies. Peut-être qu’il essayerait de trouver Leiji pour les partager ensuite, ou peut-être pas. Après tout, comme il l’avait dit, elle n’avait plus besoin de lui à présent. Il se sentait seul, si seul... Qu’allait-il faire alors ? “ Un bon bûcher... ” Si seulement cette foutue pluie voulait bien s’arrêter un instant.
Dernière édition par Fehed le Jeu 28 Avr - 23:57, édité 1 fois | |
| | | Aneesa
Messages : 5 Date d'inscription : 24/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Jeu 28 Avr - 23:44 | |
| La jeune fille avait la tête basse, les yeux humides, elle pleura de douleur mais sans un bruit...
Elle ne comprenait pas pourquoi, pourquoi lui avait-il fait ça ? Pour elle, elle n'avait rien fait de mal, elle n'était que tranquillement dans son coin a ennuyer personne... Sa jambe lui fait mal, elle voudrait pouvoir faire quelque chose mais la peur la tétanise, elle ignore même si elle peut donner une réponse qui ne lui vaudra pas un nouveau coup ? ... La jeune fillette n'osa le regarder, elle savait que ses larmes seraient une faiblesse aux yeux de Gahiji... Mais ça fait mal... terriblement mal... le sang coule lentement de sa jambe, un animal entre dans la tente et vient lui lécher la plaie... La jeune fille répondit à la question de l'homme, sa voix est tremblante, hésitante...
" ... Être seule... est contre... contre... l'unité du clan... Seule... je suis faible... en meute nous sommes puissants... "
La fillette n'osait pas lever la tête, elle avait peur pour elle mais aussi pour l'animal qui était en train de la soigner... La jeune fille pensa à Leiji, elle se devait d'être forte comme elle, car un jour peut-être, c'est elle qui devra la protéger.. Mais l'odeur du sang, elle n'avait que ça en tête, cette odeur la rendrait folle, Aneesa ne supporte pas cette odeur depuis bien fort longtemps. Des petits grognements se font entendre, ils sont certes contenus, mais audibles... Un instant plus tard, alors qu'elle ferme les yeux, elle se calma... lentement, son souffle devint régulier, elle essayait de ne plus penser à l'odeur du sang mais la peur elle, était toujours présente... | |
| | | Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Lun 2 Mai - 21:10 | |
| Dans la tente, l’air est toujours humide et le sol toujours détrempé, mais nous sommes au moins à l’abri. Je m’occupe de remplacer mon plastron tâché du sang de Fehed par un autre, identique mais propre. J’entends Aneesa me parler, je vois l’animal lécher le sang. Une chose à la fois. “ Un clan, pas une meute. Si je t’entends prononcer ce mot encore une fois pour parler du clan, je te coupe la langue. ” Uniquement revêtu d’une tunique de cuir près du corps, je prends à peine le temps de lui lancer un regard menaçant. Elle doit apprendre à ne pas se fier aux apparences et prendre mes paroles pour ce qu’elles sont réellement, peu importe l’attention que je semble lui porter à ce moment là. Je passe mon plastron autour de ma taille et l’attache minutieusement. Je continue de tendre l’oreille et de la surveiller du coin de l'œil. Ce qui me parvient ne me plait pas, elle a encore beaucoup à apprendre avant d’être réellement à la hauteur.
Je m’assied sur le tapis posé à cet effet et la fixe longuement, attendant qu’elle poursuive. Quand rien ne vient, je fronce les sourcils et la vois se ratatiner sur elle même. “ Penses-tu que je t’ai lancé cette dague parce que tu étais seule ? ” Elle est terrorisée, je le vois. Ce doit être la première fois que je la blesse de cette façon, mais elle doit apprendre, et l’on apprend de ses erreurs. Je fronce encore un peu les sourcils. “ J’attends une réponse Aneesa ! ” Je parle doucement mais je sais que mes mots ont l’effet escompté. Je sors ensuite ma dague et la nettoie méthodiquement, un léger rictus aux lèvres. “ Et je te conseille de retrouver rapidement ta langue si tu ne veux pas que je te montre une autre utilisation de cette arme. ” N’importe quel mercenaire du camp se serait bien gardé de rester silencieux après ça, même les nouvelles recrues.
Pendant que je la vois réfléchir à la meilleure réponse à me donner, mon esprit se tourne vers Fehed et ce qu’il convient de faire de lui. Il va lui falloir du temps pour se remettre de cette blessure, même avec ses concoctions. Son état d’esprit par contre est plus délicat à cerner, parce que même lui ne doit pas savoir ce qu’il souhaite. Vivre ou mourir ? Dans les deux cas, il reviendra vers moi. Et dans les deux cas, je ne lui laisserai pas le temps d’avoir une seule longueur d’avance. Quand Aneesa ouvre enfin la bouche pour parler, je sais déjà quelle suite donner à cette leçon. Il est temps qu’elle prenne réellement conscience qu’elle est une mercenaire à présent, et qu’elle doit se comporter comme tel. | |
| | | Aneesa
Messages : 5 Date d'inscription : 24/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Mar 3 Mai - 9:19 | |
| La jeune fille tremblait de tout son être, cette homme, son regard, sa voix, tout la terrorisait, elle ne comprenait pas la question qu'il lui posait. Elle ne comprenait pas le sens de la demande de Gahiji, elle ne sait que lui répondre, si elle lui demande ce qu'il désire, elle sera frappée, si elle ne lui répond pas, elle sera punie... La jeune fille essaye de comprendre mais son regard démontre une totale incompréhension à ce qu'on lui dit ou demande. Elle ne comprend pas non plus pourquoi le mot "meute" est une insulte ? Dans son monde, la meute est un esprit de collectivité avec un chef, c'est exactement ce qu'elle a devant les yeux en ce moment, un chef autoritaire qui dicte ce que les autres doivent faire sous peine de punition en cas de contestation. Oui, c'est bel et bien une meute. Gahiji la fixe en silence, comme on peut le comprendre, ça la bloque immédiatement. Elle se demande ce qu'elle fait encore ici, combien de temps va t-il la fixer comme ça avant d'agir à nouveau ? C'est ce que se demande la jeune fille... Leiji ? Ou es-tu maintenant ? ... Je n'y arriverais pas. C'est ce que la jeune fille pensait en voyant l'homme devant elle...
" ... J... Je ne comprends pas... la question.... Chef.." Dit la jeune fille timidement mais suffisamment fort pour qu'il entende bien.
Elle n'osa plus rien dire, tout l'étouffait, la peur, la pression, le temps... La jeune fille fini par craquer, elle tourna les yeux et évanouit, tombant au sol. La blessure, la peur et la pression étaient trop fortes pour la petite qui craqua sous la pression, alors que son petit animal, une espèce de petit renard se met sur son corps au sol, la "protégeant " comme il peut... | |
| | | Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Mer 4 Mai - 23:48 | |
| Ce genre de réaction était prévisible approprié sans doute aussi. Elle n’en retarde pas moins les plans que j’ai pour elle. Peut-être n’est-elle pas encore à la hauteur après tout. Je la regarde, étendue devant moi, l’animal en guise de protection. Comme si cela allait suffire à m’arrêter si je désirais encore la blesser. Je suis peut-être dur, j’attends beaucoup de mes mercenaires, mais derrière chaque coup porté il y a une leçon à en tirer. Elle semble fragile ainsi, une enfant qui n’aurait pas sa place dans un camp de mercenaires. C’est sans doute encore le cas, mais elle a choisit elle même cette vie, je ne l’ai pas forcée. Qu’elle assume maintenant. Lentement je me lève, la pousse doucement de ma botte, juste de quoi la réveiller. L’animal me bondit aussitôt dessus, rapidement écarté et renvoyé dans un coin de la tente. Aneesa elle, gémit et se recroqueville encore un peu, se protégeant inconsciemment le ventre. Je fronce les sourcils et sors de la tente.
Les trombes d’eau qui me tombent immédiatement dessus sont comme une veste glacée qui m’enveloppe, chassant l’atmosphère lourde et la tension de mes muscles. Je reste néanmoins sur mes gardes tandis que je me dirige vers le feu et les rations. Tout est calme, les sentinelles aux aguets. Si la nuit se poursuit ainsi, le camp sera levé sans qu'un incident ne soit noté. Keme m’adresse un signe de tête, tout va bien. Bien. Sans mot dire, je récupère deux portions puis retourne dans la tente. Aneesa est assise dans un coin. Elle est pâle et essaye de maîtriser ses tremblements au mieux. J’incline légèrement la tête et retourne m’asseoir, posant sa ration devant moi. Il est temps de continuer la leçon. “ Viens là et mange. ” Je lui désigne sa part et attaque la mienne. Le silence dure quelques minutes pendant lesquelles je ne lui prête pas attention. Puis je la fixe de nouveau, veillant à garder une voix la plus neutre possible. “ Je t’ai attaquée parce que tu étais une cible facile. Vous auriez pu être dix, vous auriez été dix cibles faciles. Bouge, prête attention à ton environnement, place toi de manière à gêner quiconque voudrait t’attaquer. C’est toi qui doit avoir l’avantage, tout le temps. ” Je lui laisse le temps d’assimiler l’information et termine ma ration.
“ Nous allons partir en mission, tous les deux. La discrétion est de mise. Rejoins-moi dehors quand tu auras terminé. ” J’attends jusqu’à ce qu’elle acquiesce puis retourne auprès de Keme. Il est en train de mettre en œuvre la stratégie que les novices auront à appliquer sur les zombies. Le reste du clan est là pour la halte que nous faisons à Arbolu. Elle le découvrira une autre fois. “ J’emmène Aneesa quelques jours. Dirige le clan jusqu’au retour à Théobomos. Ituha avec les jeunes, Saliende pour les sentinelles. ” “ Bien. ” Le temps suivant est passé à discuter tactique et organisation, jusqu’à ce que Aneesa nous rejoigne. Un salut plus tard et nous nous enfonçons dans la pénombre des arbres.
Nous marchons en silence, je pointe du doigt les erreurs qu’elle commet sans pour autant risquer de nous faire repérer. Quand je suis certain qu’aucune oreille indiscrète ne peut nous entendre, je lui explique un peu plus la mission. “ Nous nous rendons à Sanctum. Un sorcier doit apprendre à assumer les conséquences de ses actes. Observe. Apprend. Intervient si tu le juges nécessaire. En attendant, indique moi selon toi le meilleur moyen de l’attraper. Réfléchis bien, ne donne ta réponse que lorsque tu en seras certaine. ” | |
| | | Aneesa
Messages : 5 Date d'inscription : 24/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Lun 16 Mai - 17:59 | |
| Alors que la jeune fille essaye de faire ce que l'homme lui demandait, elle s'appliqua, fit toujours des erreurs de distraction, ou encore s'arrêtait toujours un moment pour parler à un animal jusqu'au regard fixe de Gahiji qui lui fit comprendre que ce n'était pas le moment ! La jeune fille suivait alors le maître, elle ne comprenait bien entendu pas les sous entendu de Gahiji sur la mission, elle comprenait juste sorcier et c'était déjà pas mal à dire vrai. Alors qu'elle marche, la jeune fille leva les yeux vers le ciel, son visage se figea, ses yeux se plissèrent. Son regard alla vers le ciel en entendant un Aigle glatir, elle exprima une concentration alors que l'animal continua de tourner en rond au dessus de la jeune fille, haut dans le ciel.
" ... étrangers... devant... 3 kilomètres de nous... marchent... direction... de... campement... " Dit la petite Aneesa en fixant l'aigle du regard.
" ... être... à ... 10km du camp, ... troupe... cent... soldats... " La petite continue de décrire le message de l'aigle...
La jeune fille fixa son maître, elle ne savait trop que faire, elle ignore s'ils devaient faire marche arrière ou continuer. Elle fit sortir son petit animal de la petite poche qu'elle avait faite en cuir, celui-ci grimpa sur son épaule, elle fixa alors Gahiji.
" Maître.. Kuunah être petit.. discret... mais être rapide... Kuunah pouvoir donner.. message.. à clan... lui.. connaître où aller... " La petite fixa alors l'homme alors que son animal reste sur son épaule, lui faisant des petites lèches sur le visage de la jeune fille. | |
| | | Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Sam 2 Juil - 15:24 | |
| Sa réponse n’est pas celle que j’attendais, et pourtant elle retient toute mon attention. Peut-être est-ce une coïncidence que cette troupe se dirige vers le camp, mais c’est une théorie à laquelle je ne crois pas. Après tout, l’endroit où passer la nuit a été déterminé de manière à ne pas se trouver trop proche des chemins ou d’un quelconque lieu de passage. De toute évidence, ils semblent être là pour nous. Soit, nous les recevrons donc comme il se doit, puis nous poserons ensuite les questions.
Mon regard est fixé sur Aneesa, mon corps tendu comme un arc, mon esprit en partie tourné vers une stratégie offensive. Les nôtres ne disposeront que de peu de temps une fois l’alerte donnée, pas assez pour se préparer à attaquer une centaine d’hommes. Néanmoins, nous avons un avantage qu’ils n’ont pas, et cela pourrait bien leur être fatal.
“ Très bien, envoie le. ” En cet instant, je n’accorde que très peu d’importance à la personne susceptible de recevoir un message venu d’un petit animal, tout comme je ne remets pas en cause la véracité des informations d’Aneesa. Il faut toujours être paré à toute éventualité, et de préférence à la plus mauvaise. “ Tu vas rentrer au camp toi aussi et avertir Keme en personne. Qu’il dissimule les sentinelles dans les arbres et éloigne les combattants pour les prendre à revers quand ils seront dans le camp. Tuez-en le plus possible avant qu’ils n’aient le temps de réagir. Utilise tes animaux en cas de nécessité mais ne te fais voir sous aucun prétexte. ” Dans ses yeux, je peux voir la peur que lui inspire cette bataille à venir mais aussi sa détermination à faire de son mieux. Il y a également une interrogation, mais avant qu’elle ne puisse la formuler à voix haute, je lui intime de se dépêcher. Ma voix est froide, coupante, et mon langage corporel suffisamment menaçant pour qu’elle n’insiste pas et rebrousse chemin en courant.
A moins de trois kilomètres de moi se trouve une centaine d’hommes venus nous tuer. Si la plupart des combattants auraient aussi rebroussé chemin pour retrouver la sécurité relative du camp et de leurs compagnons, ce n’est néanmoins pas mon cas. A contrario, je me dissimule dans les fourrés, pas trop près du chemin mais pas trop loin non plus, et je continue ma progression. Il ne se passe que peu de temps avant que je n'entende les premiers bruits révélateurs de leur présence. De nombreux soldats marchant en rangs bien organisés sur le chemin. Ils sont discrets, mais leur armes tintent contre leur armure et leur pas discipliné rajoute un bruit sourd régulier. Ils sont bien équipés, mais pas assez vigilants. Je les observe progresser et repère deux catégories de personnes : ceux de tête sont les plus confiants et les plus sûrs, ce sont les combattants les plus dangereux. Derrière, les novices. La pluie continue de tomber mais ne m’empêche pas de remarquer leurs pas hésitants ni les quelques armures déjà couvertes de boue. Ils sont là autant pour apprendre que pour servir de chair à canon ou de moyen de pression au vu de leur nombre. Derrière eux, personne. Une grave erreur de jugement puisque quiconque peut les attaquer par derrière. A moins que ce ne soit voulu, pour attirer les ennemis à attaquer ainsi et riposter avec une stratégie dument établie.
Prudent, je les suis, légèrement en retrait et aussi discret qu’une ombre. Ils marchent d’un bon pas, comme s’ils étaient pressés d’arriver et d’en découdre mais je parviens à les suivre sans effort. Ma petite excursion plus tôt dans la nuit m’a permis de m’accoutumer à ce genre de déplacement, si bien que je peux rester prudent sans pour autant les perdre de vue. A l’arrière, un des soldat glisse et s’effondre dans la boue. Quelques novices l’observent peiner à se relever, mais jamais sans continuer d’avancer, jusqu’à finir par simplement l’oublier et se concentrer de nouveau sur le combat à venir. Quand ma dague transperce sa gorge, personne ne se retourne, personne ne me voit. Sur lui, une épée courte et un bouclier rond en guise d’armes, une armure de maille qui a connu des jours meilleurs, et autour du cou, un pendentif que je reconnais aisément pour l’avoir déjà vu autour de celui du mercenaire Eze. Soit, je connais désormais l’identité de nos attaquants. Deux possibilités : ils nous attaquent en guise de représailles, supposant que nous avons tué l’un des leurs, ou ils sont à l’origine de ce meurtre et comptent obtenir de nous que nous leur livrions Fehed. Ça, ou simplement tous nous tuer s'ils partent du principe que Fehed est l'un des nôtres. Dans un cas comme dans l’autre, ils se trompent lourdement. | |
| | | Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Mer 6 Juil - 21:50 | |
| Ma dague et l'épée courte récupérée plus tôt sont couvertes de sang. Le sol déjà spongieux à cause de la boue a désormais des reflets rouges et l’odeur se fait entêtante. Mon armure est tâchée elle aussi, mes mains poisseuses. Dans ma bouche je sens son goût métallique, sur ma joue l’entaille qui dégouline encore. Je ne fais rien pour l’arrêter, si bien que les gouttes tombent une à une sur le visage du centurion sous moi. Ses blessures sont sévères, mais pas encore assez pour lui permettre de succomber, que ce soit définitivement ou temporaire. Il sait que je le sais, et je sais qu’il le sait aussi. Ma dague est logée sous son cou, tenue assez près pour tracer une fine ligne de sang déjà. Dans ses yeux, je devine une peur de mourir, bien dissimulée, mais présente. Il ne se débat pas, ne frémit pas et se contente de me fixer, mais je sais qu’il a peur, je le sens. Nombre de ses camarades gisent au sol sans aucun espoir de retour, les autres ont été rappelé à l’obélisque, non sans laisser une volée de plumes et de sang derrière eux. Il ne peut pas se permettre de revenir après un tel échec, aucun chef mercenaire ne laisserait impunie ce genre de défaite. Et pourtant, alors qu’il me regarde, alors qu’il craint la mort, il reste calme, presque sans ciller.
Durant le combat, les ordres de nos ennemis ont été clairs : renverser la situation à leur avantage et ne laisser aucun survivant. Il faut dire que Keme a organisé l’offensive brillamment, si bien que presque un tiers de leur troupes étaient mortes avant qu’ils ne réagissent efficacement et commencent à faire des blessés. Le combat a été rapide : les novices ennemis étaient trop faibles pour faire face malgré leur nombre, et les combattants émérites ont été rapidement identifiés et maîtrisés ou isolés pour qu’ils ne puissent pas faire trop de victimes. Et à présent, il ne reste plus que ce centurion, le dernier de son clan encore présent et vivant. “ Pourquoi cette attaque ? ” Ma question n’est pas des plus précise, mais je ne veux pas orienter ses réponses avec mes suppositions. Ma voix est neutre bien que coupante, mon visage ne montre que du sérieux et de la détermination. Je le tuerai sans hésitations, peu m’importe qu’il me réponde ou non : leur chef devra de toutes façons répondre de ses actes devant moi.
Le centurion ne répond pas, il se contente d’abord de me fixer, regard que je lui retourne aisément, sans ciller. Ma dague s’enfonce un peu plus dans sa gorge le faisant grimacer, bien qu’involontairement si j’en crois le visage neutre qu’il essaye de reprendre par la suite. Mais sa peur commence à se faire trop forte, déjà je le vois chercher un échappatoire, quelqu’un susceptible de lui venir en aide. Il ne trouvera aucune main tendue, mes hommes sont affairés avec les morts, les blessés ramenés par parchemin à Théobomos sur mes ordres. Bientôt, il ne restera plus de trace de notre passage si ce n’est les traces de sang dans la boue. Le centurion finit par fixer son regard de nouveau dans le mien et un rictus déforme ses traits : “ Allez vous faire foutre vous aussi. ” Voilà qui tend à confirmer mon hypothèse où tout le clan doit payer pour les frasques de Fehed. Soit. Le mouvement de mon poignet est précis et rapide. L’instant d’après, sa tête roule à côté de son corps. La prochaine sera celle de son chef ou de n’importe qui d’autre essayant de m’en empêcher.
Quand je rentre enfin à Théobomos, les blessés sont en train de se faire soigner et les morts brûlent, leurs armes soigneusement déposés dans le sable. Je repère un petit animal se glisser dans une tente, signe qu’Aneesa en a réchappé. Saliende s’occupe du grand feu, Ituha des blessés et Keme... Keme se dirige vers moi, toujours efficace et rapide malgré sa jambe bandée et sa démarche claudicante. Il me tend sans mot dire et la mine grave plusieurs feuilles contenant l’état de chacun de mes mercenaires. Il y a de nombreux blessés graves mais peu de morts par rapport au nombre d’attaquants. Si leurs combattants bien entraînes n’ont pas hésité à tuer, leurs novices ont semblerait-il eut plus de scrupules. Cela convient parfaitement à mes affaires. “ Occupez-vous des blessés, reposez-vous. Je me charge de ramener les informations. Nous conviendrons à ce moment là de la meilleure solution pour résoudre cette histoire. ” Je le salue respectueusement et me dirige vers le coin des blessés, nettoyant brièvement mes blessures les plus sérieuses. La direction suivante est ma tente où je repère rapidement Aneesa. “ Nous partirons en mission une autre fois. Soigne toi et reste avec les autres. ” Puis je tourne les talons. | |
| | | Aneesa
Messages : 5 Date d'inscription : 24/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Ven 8 Juil - 9:17 | |
| Je hochais la tête... Ceci était la seule manière pour répondre...
Je me revoyais encore... Cette attaque, ce sang... tous ces morts... L'horreur de la guerre, le gout du sang... ce n'était pas pour moi... non.. absolument pas...
La jeune fille se revoit dans le camp, en retrait lors de la charge, elle reçu l'ordre de ne pas charger... Mais elle savait que si elle faisait ça, Gahiji lui en voudrait, mais pouvait-elle refuser un ordre ? .. encore un choix qu'elle sait difficile et sans issue...quoi qu'elle fasse, si elle désobéit à l'ordre, elle se fera réprimander, si elle n'y va pas elle se fera réprimander par Gahiji...
La jeune fille regarda le combat, elle alla dans les hauteurs, discrètement, elle fixa un animal, une lionne, la jeune fille posa sa tête contre l'animal. Celui-ci après un bref instant, alla combattre les ennemis avec sa meute. La jeune fille ferma les yeux, elle glissa le long de la roche et alla à l'extrême est du combat, de là, elle envoya des worgs sauvages. Puis elle alla a l'extrême nord, où elle lança une offensive avec des tigres... elle courra rapidement de l'autre côté, à l'extrême ouest pour former un nouvel assaut, et elle revient à son point d'origine... Alors que ces animaux combattent aux côtés de l'armée de Gahiji, elle resta en retrait, invisible comme lui avait dit son mentor... Personne, pas même ses alliés virent la jeune fille, mais voyant les animaux, tous savaient qu'elle avait lancé une attaque.
Alors qu'elle est actuellement dans sa tente, elle tient sur elle son furet, caressant l'animal en fixant droit devant elle... La jeune fille avait le visage figé, elle revoyait la mort, l'odeur du sang lui restait dans les narines... Le gout des cendres de la guerre lui restait en bouche...
J'obéis... je vais rejoindre le groupe qui sont pour moi tous des anonymes, je ne connais personne... personne ne me connait, personne ne fait attention à moi ici... ils sont si organisés, chacun sait ce qu'il doit faire et pourquoi... moi je ne suis là que par hasard, j'ignore ce que je peux faire... je reste debout au milieu de cette troupe mobile, les gens avancent tout autour de moi, et moi je reste figée... Debout devant le feu de camp... Je n'ai aucune blessure contrairement aux autres... je vois des gens qui ont mal... Ça me fait mal à moi aussi... Je m'avance d'un pas lent... d'un pas peu sur de moi... et j'arrive devant les blessés... A ce moment, une femme me tend une compresse et me dit de m'occuper d'une personne, d'arrêter le saignement... Je ne connais rien à tout ça moi.. mais la femme semble tellement débordée... je vais voir le blessé, un jeune garçon d'une vingtaine d'année, il souffre ça se voit... Mais je ne sais pas quoi faire... Je regarde ce que fait la femme, et j'essaye de l'imiter... Je calque ses mouvements sur le jeune garçon... j'apprends... Du moins, j'essaye... alors que j'étais sur la personne depuis un bon quart d'heure... il ne semblait plus vraiment souffrir, il s'était calmé après la piqûre que me donna à faire la femme... je regardais l'homme qui me remercia... on m'a remercié ? ... Ça m'a fait drôle... soudain, je me suis mise a penser à toi... Leiji, je veux te raconter ce que j'ai vécu aujourd'hui tu sais! ... J'ai envie de te voir... Qu'est-ce que tu fais? ... M'as-tu oubliée ? .. j'attends de tes nouvelles, mais elles ne viennent pas... j'attendrais encore.. et encore...
Mon regard se lève vers le ciel, un corbeau vole au dessus... je ne le connais pas encore lui, qui est-ce ? ... Pourquoi tourne t'il ainsi dans le ciel ? ...Et... qu'est-ce qu'il me veut ? | |
| | | Fehed
Messages : 24 Date d'inscription : 07/04/2010
Feuille de personnage Nom Usuel: Fehed Age: 547 Classe: Sorcier
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Sam 9 Juil - 14:00 | |
| Le soigneur de Sanctum était quelqu’un qu’il ne rencontrait pas souvent. A vrai dire, la première fois qu’il l’avait vu il lui avait donné l’impression d’être un charlatan doublé d’un incompétent. C’était débile parce que ses soins avaient été efficaces, même si la blessure avait été mineure. Mais en général, il s’arrangeait quand même pour aller ailleurs, à Théobomos ou Heiron, tout dépendait de sa zone de chasse du moment. Seulement voilà, cette nuit, il ne se sentait pas le courage de se traîner plus loin qu’à l’autre bout du parc. Peut-être que s’il n’avait pas autant lambiné sur ce banc... Avec un soupir, il chassa une mèche de cheveux de son visage, prit appui sur ses deux mains et se poussa sur ses jambes. Le monde vacilla aussitôt, sa vision se teintant de noir et ses jambes flageolant. Si le banc n’avait pas été juste derrière lui, sans doute que sa chute par terre aurait eu raison de ses efforts pour rester conscient. A la place, il se contenta de pousser un juron entre ses dents puis d’attendre que ça passe en se concentrant sur sa respiration.
Le second essai fut couronné de succès, les premiers pas hésitants et grimaçants. Il faudrait qu’il travaille sur une nouvelle version de cette potion pour qu’elle dure plus longtemps. Il pourrait la coupler aussi avec une potion qui stopperait l’écoulement du sang ? Parce que c’était bien beau de ne plus sentir la douleur si c’était pour se retrouver dans cet état là après. Un coup à se vider de son sang sans même s’en rendre compte... Un pas, puis un autre, pied gauche, puis pied droit, et on recommence. Petit à petit, il se retrouva dans le Lycéum, devant l’ultime porte le séparant du charlatan... pardon, du soigneur. “ Hé, y a quelqu’un ? ” tambourina t-il à la porte. Si jamais il n’était pas là, il était salement dans la merde... “ Si vous n’ouvrez pas, j’fous du sang partout ! ” C’était une perspective assez sympa de dégueulasser son pas de porte, mais ça voudrait aussi dire qu’il finirait par retourner à l’obélisque et ça le rendait systématiquement HS pendant plusieurs heures. Trop longtemps à son goût vu des derniers évènements, déjà qu’il n’aurait pas du se permettre de flâner sur ce banc. Une chance pour lui, la porte finit par s’ouvrir sur le regard écarquillé du guérisseur. “ Ouais c’est rouge et ça dégouline. Vous pouvez y faire quelque chose ? ”
Il n’avait pas fallu longtemps à l’Elyséen pour retrouver son professionnalisme et lui ouvrir la porte. Il avait du essuyer les questions habituelles : “ Qu’est ce qu’il vous est arrivé ? ” “ Comment vous sentez-vous ? ” “ Vous avez perdu beaucoup de sang, vous êtes de quel groupe ? ” “ Vous avez mal ? ”. Celles là, et d’autres plus ridicules encore. Néanmoins, alors qu’il était occupé à s’essuyer les cheveux, il ne pouvait que reconnaître qu’il avait fait du bon boulot : ça ne saignait plus, la plaie serait rapidement résorbée et était bandée en attendant, et si ça tirait encore ce n’était au moins plus aussi douloureux. La seule chose, constata t-il en se levant finalement de la table d’auscultation, c’était que puisqu’il avait catégoriquement refusé la transfusion sanguine, il se sentait toujours faiblard et parfois déconnecté de la réalité. Ceci dit, il préférait encore ça au sang d’un inconnu...
Le soigneur passa un bras autour de son torse pour le soutenir tandis qu’il l’emmenait vers la pièce adjacente. “ Vous devez passer la nuit ici, en observation ” ajouta t-il suite à ses protestations. “ Il faut vous surveiller régulièrement, c’est un vilain coup que vous avez reçu et suite à votre perte de sang il peut y avoir des complications. ” Le guérisseur avait beau dire, il était hors de question qu’il passe la nuit là dedans. Restait à le convaincre maintenant... “ Je n’habite pas bien loin, et une amie peut veiller sur moi le temps qu’il faudra. Au moindre problème, elle me ramène ici... ” Il avait du insister et batailler ferme pour qu’il accepte finalement, non sans lui imposer que l’amie en question passe le chercher ici même. Sans doute pour s’assurer de sa bonne foi, fichu médecin. Comme aucun nom ne lui venait en tête mis à part celui de Leiji et qu’il ne voulait pas l’impliquer là dedans, il cru qu’il allait devoir se résigner à finalement passer la nuit ici jusqu’à ce quelqu’un ne toque à la porte et ne le sauve par la même occasion. L’homme qui venait de frapper tenait dans ses bras et dans un équilibre précaire une petite fille, tous deux étant barbouillés de sang. L’homme pleurait, la fille semblait inconsciente, ou bien morte peut-être... Quoi qu’il en soit, il sortit quand ils rentrèrent, et cette fois personne ne tenta de l’en empêcher.
Il habitait à côté du chantier naval, un lieu animé la journée, voir bruyant, mais qui avait l’avantage d’être toujours lumineux, même quand la météo était pourrie. Le temps qu’il rejoigne l’entrée de son appartement, la noirceur de la nuit commençait à laisser la place à la lueur pâle de l’aube. La pluie tombait déjà moins fort, comme si l’arrivée du soleil avait le pouvoir de chasser les lourds nuages gorgés d’eau. Bah, il n’allait pas s’en plaindre, il commençait à en avoir sa dose de ressembler à un worg mouillé. Il avait hâte de pouvoir changer de vêtements d’ailleurs... Et de faire des cookies, songea t-il en poussant la porte, savourant déjà le plaisir d’être chez soit. Déjà, l’odeur rémanente de gâteau froid emplit ses narines, lui procurant cette sensation de calme qu’il ne ressentait que quand il laissait sa magie s’embraser ou qu’il cuisinait. Il sourit, traversant le couloir pour rejoindre la salle de bain. D’abord se débarbouiller et se changer, ensuite les cookies.
“ J’apprécie de ne pas avoir à attendre. Bienvenu chez toi. ” Cette voix... Neutre, très légèrement ironique aussi, froide. Assez à l’image de son propriétaire en fait. Assit bien droit dans son canapé se trouvait Gahiji, semblant parfaitement à l’aise dans son univers. Il se sentit frissonner sous le regard qu’il lui lança, marmonnant en conséquence son sort de bouclier. Il ne pensait pas le revoir aussitôt, et encore moins chez lui... “ Qu’est ce qu’il t’est arrivé ? ” lui lança t-il pour toute réponse en remarquant son armure tâchée de sang et les plaies encore fraîches sur ce qu’il pouvait voir de son corps. Il aurait du avoir peur de ce que sa présence impliquait, parce qu’il était très certainement venu finir le travail, mais il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour lui en le voyant comme ça. Après tout, à quand remontait la dernière fois qu’il l’avait vu blessé comme ça ? Le mercenaire se leva, ne le quittant jamais des yeux, et s’approcha de lui de sa démarche assurée. Il ne recula pas cette fois, le laissant s’arrêter juste devant lui sans broncher, aussi prêt à riposter que possible vu son état. En tous cas, il ne lui donnerait pas la satisfaction de reculer de nouveau devant lui sur son territoire.
“ Tu veux savoir qui a tué Eze ? Je t’offre la possibilité de le venger. ”
Ça, il était loin de s’y attendre... | |
| | | Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Ven 15 Juil - 19:09 | |
| Son visage montre successivement plusieurs émotions, mais la plus importante est celle qui subsiste sur son visage après coup : une colère brûlante qui fait flamboyer ses yeux et contracter ses poings. Il s’avance d’un pas sur moi, me surplombant par sa taille. S’il ne m’attrape pas pour me secouer et m’extorquer des informations, c’est uniquement parce qu’il sait que je le ne laisserai pas faire et qu’il y risque ses mains. “ Qui a fait ça ? ” Sa question est légitime, après tout, on ne peut pas se venger de quelqu’un dont on ignore jusqu’à l’identité. Mais avant ça, j’ai besoin de savoir une chose. Ne sous-estimer personne, encore moins quelqu’un en colère. “ Cent hommes du clan Kyros nous ont attaqué. ” Il écarquille les yeux, sa colère momentanément remplacée par la stupeur. Son regard fixe chacune de mes blessures, comme si elles ont un autre sens à ses yeux désormais. Et d’un coup, la colère revient, semblant encore plus dévastatrice qu’auparavant. Je sens la chaleur irradier de son corps bien qu’il ne me touche pas, je vois sa mâchoire contractée, son regard de braise, ses traits déterminés. Peu importe la loque de tout à l’heure, c’est un autre homme qui se tient face à moi. “ Ce sont eux. ” Si ma question n’avait d’autre sens que de déterminer s’il avait engagé ces mercenaires lui même, son langage corporel m’indiquant plus sûrement qu’aucune parole son ignorance, elle m’apprend également que nous arrivons à la même conclusion lui et moi : le clan de Eze l’aurait assassiné. “ C’est une possibilité. ” “ Je vais... je vais tous les faire cramer jusqu’au dernier, leurs corps brûleront et même leurs os finiront en cendre. ”
Une odeur de brûlé me monte aux narines mais je ne baisse pas le regard, pas alors qu’il est aussi proche et aussi imprévisible. Il semble s’en rendre compte lui aussi, baisse la tête, et fait quelques pas en arrière. Je peux voir son regard étonné, et un rapide coup d’œil m’apprend qu’il a enflammé un bout de papier qui se consume rapidement et s’éparpille sur le sol en quelques cendres noires. Il bredouille quelques excuses, et si sa colère semble s’être tarie quelque peu, le feu brûle encore dans son regard. “ Nous les tuerons jusqu’au dernier, pour nous avoir volontairement défié. ” “ Eze ne compte pas n’est-ce pas ? ” Sa voix est amère, son ton accusateur. “ Non, bien sûr que non. Tu serais déjà bien trop content de te débarrasser de moi, alors pourquoi voudrais-tu venger quelqu’un qui comptait pour moi hein ? ” “ Le clan compte pour moi. Tu as refusé de te joindre à nous. ” “ Pourtant c’est toi qui n’arrête pas de me rabâcher les oreilles en me disant que mes affaires peuvent nuire à ton putain de clan, que j’y suis lié d’une manière ou d’une autre. ” “ Parce que tu as choisis de te dresser contre moi le jour où tu as aidé Lela à s’enfuir. Et tu continues à t'immiscer dans cette histoire. ” “ Alors pourquoi tu ne me tues pas une bonne fois pour toutes au lieu de faire semblant ? Bordel, je porte votre putain de tatouage, ça n’a pas de sens ça pour toi ? ”
Ma dague se retrouve instantanément dans ma main, mon visage toujours aussi inexpressif. J’avance sur lui, il ne recule pas. Il est de nouveau furieux mais après moi cette fois. “ Le tatouage est la raison qui te sauve quand tu te comportes comme tu le devrais. Tu serais mort sans ton tour de passe-passe tout à l’heure. ” Ma voix est calme mais je sais que mes gestes démontrent la menace que je représente, peu importe qui il est. “ Alors pourquoi tu me proposes de me venger ? ” Sa combativité retombe peu à peu, il semble las d’un coup, vacille et s’effondre par terre, juste sous mon nez. Son regard est trouble. Je le regarde de haut, ma dague est au niveau de sa tête. Il me suffirait d’un geste, un seul... “ Je suis venu m’assurer que tu n’étais pas derrière cette attaque. Si c’était le cas, je t’aurai tué. Puisque ce ne l’est pas, ma proposition est réelle. Si tu veux te venger, viens. Je les tuerai pour mon clan, tu les tueras pour ton mercenaire. ” Il déglutit, semblant prendre conscience de la position dans laquelle il se trouve. Pourtant, il me défie quand même du regard. “ Mais ça ne me dit pas pourquoi tu me le proposes. Tu comptes me tuer parce que ce que je dis ne te plaît pas ? ” Il fixe la dague en parlant. Je me recule pour être hors de portée et la range dans son fourreau. “ Non. Je te propose de te venger pour la même raison que je t’ai apposé ce tatouage. ” Quelque chose semble briller dans ses yeux l’espace d’un instant mais je ne parvient pas à déterminer de quoi il s’agit. L’instant d’après, il me sourit en se relevant maladroitement. “ Donne moi le temps d’avaler quelque chose pour palier à ma perte de sang et allons faire un bûcher de ces enfoirés. ” Je hoche la tête. Lui et moi parvenons à nous comprendre parfois. | |
| | | Gahiji
Messages : 12 Date d'inscription : 21/04/2011
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Dim 17 Juil - 19:36 | |
| “ Un cookie ? ” me demande t-il en me tendant un énorme pot plein de gâteaux. Je me contente de le fixer et il finit par le reposer, non sans se servir au passage. “ Je me souviens pourtant que tu adorais ça. ” Un sourire en coin se fixe sur ses lèvres, son regard semble se perdre vaguement dans le vide, il est sans doute en train de se remémorer un souvenir. “ Arrête ça. Dis moi plutôt ce que tu sais de leur clan. ” Il hausse les épaules et me tourne délibérément le dos, une erreur qui pourrait lui être fatale. “ Avec Eze nous ne parlions pas vraiment boulot tu sais. ” Sa voix laisse filtrer son chagrin encore, mais il garde les épaules redressées et ne semble pas vouloir s’effondrer. Bien. Néanmoins, cela ne me donne pas plus d’indications sur ce qu'il sait ou non sur ce clan. “ Mais... ” Il se retourne vers moi, l’air sérieux et à la main une mixture à la couleur douteuse. “ Je ne suis peut-être pas aussi parano que toi mais j’ai fais mes propres recherche. Je suis d’ailleurs surpris que tu ne l’aies pas fait toi même puisque de toute évidence tu étais au courant de notre relation. ” Je fronce les sourcils, cela semble le faire sourire. “ Je l’ai fais. Environ 160 hommes, situés au sud de Heiron, quelques bons éléments mais beaucoup de novices. Ils comptent sur leur nombre pour faire plier leurs ennemis. Peu de sentinelles, ils se battent exclusivement avec une épée courte et un bouclier, et leurs missions se rapportent souvent aux Lépharistes. ” Visiblement, il ne s’attendait pas à ça au vu de son regard écarquillé. “ Mais tu connais peut-être des détails qui m’ont échappé. ” Il fait la moue et avale d’un trait sa mixture, me gratifiant d’une grimace qui se transforme assez rapidement en sourire moqueur. “ Peut-être... ”
La pluie s’est calmée et le soleil levé quand nous atteignons de nouveau Heiron. Le sol est toujours détrempé et Fehed passe son temps à glisser dans la boue et à marcher sur son pantalon de mage ce qui nous ralentit considérablement. “ Arrête toi. ” Le temps qu’il se retourne pour m’interroger du regard, ma dague est déjà dans ma main et mord dans le tissu. Il esquisse un mouvement vers l’arrière, un réflexe pour se protéger de moi bien qu’inutile vu sa lenteur. Je laisse le tissu glisser entre mes doigts, prêt à me protéger en cas de besoin, mais il se contente de faire deux trois pas maladroits avant de se figer. Il regarde ensuite le côté de son pantalon qui pend, clairement étonné. Je me remets à côté de lui tout en le fixant du regard puis termine de découper son pantalon. Il ne se prendra au moins plus les pieds dedans. Nous reprenons notre marche en silence : moi concentré, lui gêné. Il glisse encore mais nous avançons désormais plus rapidement.
“ Gahiji ? ” Il vient de s’arrêter et fixe quelque chose sur le côté. Son ton n’est pas celui de quelqu’un qui vient de voir quelque chose mais plutôt de quelqu’un qui a quelque chose à dire. Et son comportement m’informe également qu’il ne sait pas comment me l’annoncer. Un rapide coup d’œil aux fourrés qu’il regarde me confirme qu’il n’y a rien, ce qui ne m’empêche pas de rester sur mes gardes et de lui faire signe de me rejoindre à couvert. “ Si tu as quelque chose à dire, dépêche toi, nous n’avons pas toute la journée. ” je rajoute, voyant qu’il ne se décide toujours pas à parler. Il soupire. “ Tu ne me laisseras pas tomber hein ? ” Je fronce les sourcils et fais un pas pour me remettre en route mais sa main agrippe la mienne pour me retenir. L’instant d’après, je me suis dégagé et le dos de sa main présente une coupure dont le sang commence à s’écouler. Il recule en soupirant, le regard blessé. “ Excuse-moi, je n’aurai pas du faire ça. Mais j’aimerai que tu me répondes. ” Je me détourne et reprend la route. “ Tu connais déjà la réponse. ” Quelques secondes plus tard, il marche de nouveau à mes côtés, l’air plus serein.
Le clan de Kyros est situé au pied d’un arbre millénaire qui masque la plupart de leurs installations, et bordé sur les flancs gauche et droit par une montagne. Leurs mercenaires en faction sont placés intelligemment au sud et au nord et suffisamment camouflés pour surprendre un ennemi d’après nos informations. Nous ne sommes plus très loin de leur campement à présent, il est temps d’arrêter de jouer. D’un geste vif, mon coude se plante dans l’estomac de Fehed qui se plie instantanément sous la douleur. Un second coup sur la tête le fait tomber à terre, inconscient. Il n’a pas eu le temps de réagir, juste de me regarder avec cet air surpris et blessé avant de s’effondrer. Qu’il croit ce qu’il veut, je ne le laisserai pas mettre en péril tout mon clan alors que je l'ai sous la main. Sans perdre de temps je le charge sur mes épaules, de manière à pouvoir avoir accès à mes armes rapidement. Je n’ai pas à marcher longtemps avant de repérer plusieurs mouvements. Quelques pas plus tard, un mercenaire s’avance sur moi, son épée me pointant. Les autres m’ont déjà encerclé. Je ne sors pas mes armes, ce serait inutile. “ Allez dire à votre chef que j’ai un cadeau pour lui. ” Le mercenaire me fixe un instant, jaugeant sans doute la véracité de mes propos. Puis il fait un signe à ses acolytes qui me poussent, me forçant à les suivre. Fort bien, je délivrerai moi même mon présent. | |
| | | Fehed
Messages : 24 Date d'inscription : 07/04/2010
Feuille de personnage Nom Usuel: Fehed Age: 547 Classe: Sorcier
| Sujet: Re: Ce que nous sommes. Ven 22 Juil - 15:33 | |
| Il était allongé par terre, les mains vraisemblablement attachées dans le dos par ce qu’il pensait être une corde, la tête à moitié dans la boue et un mal de crâne assez sympathique en prime. Il n’essaya pas de bouger, pas pour ne pas prendre le risque de se faire repérer non, juste parce qu’il craignait que le gong dans sa tête ne résonne encore plus fort. Encore un peu d’inconscience, juste un peu pour qu’il puisse s’entendre penser... « … commencé par l’un, voici l’autre. Faites ce que vous voulez de lui. » La voix de Gahiji, ses paroles... Alors il l’avait vraiment trahit. Ses yeux s’ouvrirent d’un seul coup, son cou pivota en direction de la voix. Quelque chose pulsa à l’intérieur de sa tête, lui vrillant le crâne et lui arrachant un début de grimace. Mais quelque chose de plus profond encore lui répondit, quelque chose qui lui fit oublier toute douleur, toute prudence. Il la sentit enfler encore et encore, se gonfler comme un ballon à l’intérieur de lui, menaçant à tout moment de le consumer. Ça faisait tellement longtemps que sa magie n’avait pas réagit aussi instinctivement et de manière aussi puissante... L’odeur de la traîtrise lui emplissait les narines et nourrissait son feu intérieur aussi sûrement qu’une barrique d’huile : il n’allait pas s’en tirer comme ça, il trouverait le moyen de le faire payer. Quand le regard du mercenaire accrocha le sien, aussi dur que sa lame, tout son corps se redressa. Il n’était qu’assit, mais ce mouvement lui donna l’impression d’être en mesure de l’écraser.
Quelqu’un tira sa natte en arrière, lui faisant relever le menton et fixer le visage qui apparu au dessus de lui. Il ne l’avait jamais vu d’aussi près, mais il savait qu’il était le chef du clan Kyros. Celui qui avait fait assassiner Eze. Celui qui avait envoyé une troupe décimer le clan. Son clan, en quelque sorte. Le pouvoir se pressa à l’intérieur de lui, dessinant un rictus sur ses lèvres, balayant d’une pensée la douleur quand il tira plus fort sur ses cheveux. « Alors catin, enfin réveillé ? Impatient de rejoindre ton amant peut-être. » Ce ne fut pas l’insulte, pas plus que le dégoût ou le plaisir sadique qu’il afficha qui lui fit perdre le peu de contrôle qu’il ne savait même pas posséder. Ce fut juste une image, celle d’un corps mutilé qui dansa devant ses yeux, se superposant à celle du mercenaire au dessus de lui. Le feu embrasa alors ses veines et fit rougeoyer ses yeux, de la pupille à l’iris. Le chef fronça les sourcils et d’un mouvement brusque lui enserra la gorge d’une main. « Brûle. » Le mot quitta ses lèvres avec l’intonation et la précision nécessaire à toute incantation. Ce n’en n’était pas une, juste un mot dans lequel il mit toute sa volonté, juste un mot autour duquel sa magie s’enroula. Il se sentit alors comme un vase trop plein dont l’eau se met à déborder : le feu traversa chaque pore de sa peau, glissa sur lui comme une caresse et rejoignit le corps qui le touchait. Le chef retira sa main vivement, la surprise, la crainte, la douleur, l’horreur peint sur son visage. Puis il s’enflamma, aussi rapidement et efficacement qu’une torche, se tordant, hurlant de douleur sans que personne ne réagisse. Et puis ce fut le chaos.
Les hommes du clan Kyros se jetèrent sur eux : il les vit tirer leur épée, crier de rage en se jetant sur eux. Il vit aussi une pluie de flèches venir des montagnes les faire tomber au sol, tuant certains, blessant ou non les autres. Une autre volée de flèches traversa l’air. L’une d’entre elles manqua se ficher dans sa cuisse, et s’il ne l’évita, ce fut simplement parce que Gahiji l’attrapa par le devant de sa tunique pour le forcer à se relever. La magie ne le brûla pas, comme si en dépit de ce qu’il ressentait il ne voulait pas réellement le faire. A la place, il se contenta de plonger ses yeux de feu dans les siens, ne bougeant même pas lorsque le mercenaire lança l’épée qu’il avait du récupérer en avant. La lame mordit dans la manche gauche de sa tunique. Un râle de douleur lui fit aussitôt écho et quelque chose de métallique tomba au sol. Il fit un pas de côté sans jamais le quitter les yeux, déchirant sa manche mais lui laissant une meilleure visibilité. Il le regarda retirer d’un geste sec l’épée, s’avançant sur sa victime en même temps, puis d’un mouvement fluide du poignet l’égorger avec son couteau. Quand leurs yeux se rencontrèrent de nouveau, il hocha simplement la tête et lui présenta son dos. Il n’eut pas longtemps à attendre avant que la lame ne morde dans la corde retenant ses mains. Il ne le remercia pas, ne se retourna même pas : il se contenta de dresser son bouclier et de se mêler dans la bataille. Les mercenaires du clan Kyros étaient plus nombreux qu’eux, mais ils avaient eu l’avantage de la surprise. Ils avaient situé leur campement en fonction du terrain, se nichant entre deux montagnes où personne ne pouvait monter. C’était du moins ce qu’ils croyaient. Il avait cherché pendant des jours et des jours le moindre espace où gravir la paroi rocheuse, et il avait finit par le trouver. Dissimulé derrière plusieurs arbres il avait vu une pente un peu moins raide. Il avait alors pu s’aider de la végétation pour grimper puis se camoufler jusqu’à atteindre le bord. De là, il avait une vue imprenable sur le camp et une sécurité relativement certaine. C’était ce passage qu’il avait indiqué à Gahiji lorsqu’ils avaient décidé de la tactique. Il avait d’abord craint que les mercenaires ne le trouvent pas, qu’ils n’arrivent jamais pour leur porter secours… Leur plan était basé sur trop d’incertitude pour être confortable : à vrai dire, tout aurait été beaucoup plus simple s’ils avaient directement attaqué depuis la montagne, les prenant par surprise. Si Gahiji avait tenu à ce qu’ils aillent se présenter tous les deux à leur chef, c’était uniquement pour avoir confirmation de leurs soupçons. Finalement, il ne l’aurait même pas cette confirmation, que de très fortes suppositions.
Sous les pluies de flèche des rôdeurs, certains mercenaires s’étaient repliés sous l’arbre gigantesque. Certains guerriers descendaient encore du ciel bien que la plupart soient déjà en train de combattre. C’était lui ou ils étaient plus nombreux que ce qui était prévu ? Pour sa part, il se dirigeait vers l’arbre, en compagnie de Gahiji et d’un autre mercenaire l’ayant rejoint, tous deux lui dégageant en grande partie le passage. Pour la partie restante... Disons que sa magie bouillonnait toujours et que déjà plusieurs tas de cendres s’éparpillaient sous le vent, en bon sorcier qu’il était.
Il s’arrêta face à ce qui ressemblait à une entrée sous les feuillages, après avoir conjuré de nouveau son bouclier. Kyros n’était pas un clan possédant des archers, mais il n’était pas assez stupide pour rester planté devant une ouverture, sans voir à l’intérieur, et non protégé. Gahiji se plaça devant lui, lui présentant de ce fait son dos, geste qui fit fondre définitivement le sentiment de traîtrise qu’il avait ressentit. Comme toujours, il avait ses raisons, aussi tordues soient elles. Il ferma les yeux, murmura une incantation, et en réponse une boule de feu se matérialisa dans sa paume. Mais il la sentait dans sa main, il savait quelle taille elle avait, et il savait qu’elle ne serait jamais assez forte pour ce qu’il voulait faire. Alors il se concentra comme il avait appris à le faire, à force de tâtonner. La boule grossit nettement, mais il savait que ce n’était encore pas assez. Que pouvait-il faire d’autre hein ? Jamais il n’avait eu besoin d’allumer un tel bûcher auparavant... « Est-ce tout ce que ton mercenaire valait ? » Et comme tout à l’heure, l’image du corps sans vie de Eze se dessina sous ses paupières, agrémenté des paroles de feu leur chef et de la sensation de sa magie jaillissant hors de son corps pour le brûler vif. La boule dans sa main ne grossit pas plus, gardant la taille d’une pastèque bien mûre, mais elle gagna en intensité et en ardeur. Quand il l’envoya sur l’arbre, il n’y eut d’abord rien, juste le bruit des épées qui s’entrechoquaient autour de lui. Et puis il entendit un crépitement, puis un second... et une gerbe d’étincelles jaillit du feuillage. Bientôt il put apercevoir une branche entière en train de brûler, le feu se propageant le long du bois comme s’il était sec. Dès lors tout se passa très vite : les mercenaires de Gahiji ayant maîtrisé ceux se trouvant encore dehors encerclèrent l’arbre, empêchant quiconque de sortir. Il n’y eut bientôt plus que des cris et des flammes.
Il resta planté devant son bûcher incongru jusqu’à ce qu’il n’y ait plus que de la cendre et que ses yeux retrouvent leur couleur d’obsidienne. Et même à ce moment là, il ne sut pas dire s’il se sentait mieux ou pas. Quand il se détourna enfin de la scène, il remarqua que Gahiji se tenait en retrait de lui et qu’ils étaient de nouveaux seuls. « Ton clan a besoin de toi. » Il n’avait absolument aucune envie d’avoir un affrontement avec le mercenaire maintenant. Il voulait juste être seul et faire son deuil. « Tu vas convulser. » Ses yeux s’écarquillèrent le temps que le souvenir lui revienne en mémoire. Ils étaient jeunes tous les deux et leur village était en train de subir une attaque des Mercenaires du Désert. Il y avait beaucoup de cris et de bruits, et tous deux rêvaient de pouvoir aller combattre contre eux. Mais elle les avait cachés dans un placard, leur demandant de rester là et de ne pas faire de bruit jusqu’à ce que la bataille se termine. Ils avaient été sages, même quand deux mercenaires étaient entrés, brisant la porte. Il se souvenait que Gathee l’avait serré fort et empêché de regarder. Mais il se souvenait encore de ses cris déchirants, de ses pleurs quand ils s’étaient acharnés sur elle, mourant à petit feu. Il s’était dégagé avec force de son étreinte, se ruant sur le premier mercenaire. Et comme aujourd’hui, sa magie avait bondit hors de lui, embrasant ses yeux et brûlant vif les deux guerriers. Gathee ne l’avait pas regardé avec horreur, ne l’avait pas réprimandé... Il l’avait au contraire serré fort quand les convulsions étaient apparues et bercé jusqu’à ce que ça passe. Quand un autre mercenaire était apparu, il avait voulu le protéger encore, avec une épée bien trop lourde et trop grande pour lui. Si lui même s’en était tiré avec une belle ecchymose et un mal de crâne bien trempé, Gathee avait été emmené par le mercenaire. Ce jour là, il avait perdu deux êtres chers. « Ça va aller. » Il venait à peine de terminer sa phrase qu’il sentit son corps arrêter de lui répondre. Il s’écroula dans la boue mêlée de sang et de cendres, se replia sur lui même autant que possible et attendit. Il n’y eut personne pour le prendre dans ses bras aujourd’hui, pour lui murmurer que tout allait bien. Mais Gahiji était là et le veillait, il était resté pour lui, et c’était un fait autrement plus rassurant. Quand il se releva, tout courbaturé, épuisé et légèrement nauséeux, le mercenaire était encore là. Il n’aurait pas su le dire avec précision, mais il lui semblait qu’il n’avait pas bougé. Il le rejoignit en trois pas et ce fut comme s’il attendait ce signal pour se retourner et se mettre en marche. « Gathee, attend ! » Il voulait lui parler, mais maintenant que l’adrénaline avait disparue, il ressentait clairement ses blessures, mais surtout la fatigue. Pour sa part, il ne rentrerait pas à pied. Il lui attrapa le bras, l’entaille sur le dos de sa main lui rappelant que ce n’était pas un geste à avoir avec lui. Il le fit pourtant, et cette fois le mercenaire ne le blessa pas : il se dégagea, un peu sèchement certes, mais lui fit face et attendit. Il prit une grande inspiration et le fixa. « Merci, pour ce que tu as fais. Je sais que ce n’était pas pour les raisons que je voudrai croire, mais j’apprécie... Sauf le fait que tu m'assommes et me livre, ça fait un mal de worg ça. » ajouta t-il en se frottant la nuque. Le mercenaire ne cilla pas une seconde, ne fronça même pas les sourcils. « Tu es mon sang. Si quelqu’un doit te tuer pour ce genre de choses, c’est moi. » Et comme tout à l’heure, il sentit cette chaleur apaisante dans son cœur : il n’avait peut-être pas tout perdu en fin de compte. Il hocha la tête en souriant légèrement. « Alors je m’estime chanceux d’être ton frère. » Le mercenaire hocha la tête lui aussi, se détourna et reprit sa marche. « Rentrons au camp. » Peut-être qu’il allait faire l’effort de tenir le coup cette fois, parce qu’il comptait bien profiter de cette trêve momentanée. « Mais tu sais que je ne resterai pas. » ajouta t-il tout de même en le suivant. Il avait essayé d’être mercenaire, de porter fièrement leur tatouage, mais ce monde n’était pas pour lui, il ne pouvait pas, même si ça lui aurait permis de sans doute mieux s’entendre avec son frère. Ou peut-être pas. « Je sais. » lui répondit simplement Gahiji. Peut-être que cette fois il acceptait ce qu’il était, comme il était. Quoi qu’il en soit, il ne comptait pas gâcher cette opportunité. | |
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